La délégation d'Albanais du Kosovo -emmenée par le président
kosovar Fatmir Sedjiu et le Premier ministre Agim Ceku- et les
ministres serbes Vuk Jeremic et Slobodan Samardzic, chargés
respectivement des Affaires étrangères et du Kosovo, se sont fait
part de leurs positions respectives pendant quatre heures au
Conseil de l'Union européenne à Bruxelles, sous l'égide de la
troïka. Il s'agissait des seconds pourparlers, les premiers s'étant
tenus fin septembre à New York.
"Belgrade a décrit plus avant sa proposition d'autonomie pour le
Kosovo au sein de la Serbie. Pristina a détaillé sa proposition
d'amitié et de coopération entre deux Etats indépendants avec
pleine mise en oeuvre de droits des minorités", ont résumé dans un
communiqué les médiateurs, qui supervisent depuis août ces
négociations de la dernière chance. "Evidemment la partie kosovare
a rejeté entièrement" le plan serbe, a indiqué le président kosovar
Sedjiu.
"La population kosovare a souffert assez longtemps, attendu assez
longtemps: mon principal souci en tant que Premier ministre est
d'accélérer pour que nous puissions conclure le processus peu après
le 10 décembre", a ajouté Agim Ceku. La délégation serbe devait
parler aux journalistes dans la soirée.
Une surprise pour personne
Les deux délégations ont simplement convenu de se revoir sous
l'égide de la troïka lundi 22 octobre à Vienne. L'absence d'avancée
n'a surpris personne. Wolfgang Ischinger, l'Européen de la troïka,
avait reconnu ne s'attendre à aucun accord.
La troïka a néanmoins assuré dimanche soir qu'elle serait active
"pour aider les parties à arriver à un accord" avant le 10
décembre, date à laquelle elle doit faire son rapport sur cette
dernière tentative de médiation au secrétaire général de l'ONU.
Le NON russe
Cette dernière tentative a été décidée car l'indépendance
surveillée préconisée pour le Kosovo par l'émissaire spécial de
l'ONU, Martti Ahtisaari- après 14 mois de négociations
infructueuses avec Serbes et Kosovars- était rejetée par la
Russie.
Alliée des Serbes, Moscou bloquait toute résolution en ce sens à
l'ONU (voir encadré). Sans résolution, vu le "non"
serbe à l'indépendance, une indépendance de ce territoire géré par
l'ONU depuis 1999, lorsque les bombardements de l'Otan obligèrent
les forces serbes à cesser leurs exactions contre les Albanais du
Kosovo, devient juridiquement extrêmement fragile.
Les Européens, très attachés à l'ONU, veulent donc appuyer cette
dernière tentative. Ischinger a confirmé que la troïka pourrait
intensifier les négociations après les élections législatives au
Kosovo le 17 novembre - avant lesquelles personne n'attend aucun
mouvement - en organisant des négociations sur 2-3 jours.
Mais vu l'improbabilité d'un compromis, "tout le monde doit
commencer à se préparer" à un échec, avait estimé vendredi le
ministre albanais des Affaires étrangères, Lulzim Basha.
Des enjeux pour l'UE
Les pays européens, divisés sur une éventuelle reconnaissance de
l'indépendance de ce petit territoire sans l'ONU, se demandent
depuis plusieurs semaines comment ils colmateront leurs divergences
si les Kosovars décident de se proclamer indépendants après le 10
décembre, comme en a encore menacé la semaine dernière Ceku. Les
Européens sont d'autant plus soucieux de rester unis que la Serbie
comme le Kosovo ont vocation à adhérer un jour à l'UE (voir
ci-contre).
agences/bri
Rencontre entre A.Merkel et V.Poutine
La chancelière allemande Angela Merkel accueille dimanche à Wiesbaden (ouest) le président russe Vladimir Poutine pour un sommet de deux jours.
Le Kremlin et la chancelière se sont engagés à accorder une place importante aux épineux dossiers du statut du Kosovo et du programme nucléaire iranien.
La rencontre devrait être néanmoins dominée par le vif différend entre Washington et Moscou sur le projet de bouclier antimissile américain en Europe centrale.
Une grande attention sera également portée aux relations économiques et commerciales qui sont la clé du partenariat stratégique russo-allemand.
Encourager la Serbie
A propos des encouragements que pourrait apporter l'Union européenne à la Serbie - à laquelle les 27 font miroiter une adhésion à terme à l'UE -, Wolgang Ischinger a plaidé pour qu'ils accélèrent la suppression des visas d'entrée dans l'UE.
«Ce serait un bon signal si nous, dans l'Union européenne, pouvions dire à nos amis en Serbie que dans un avenir assez proche, les visas seront supprimés pour le voyageur de base.», a t-il indiqué.
La Commission européenne avait indiqué en juin qu'elle engagerait un dialogue là-dessus avec Belgrade après le 1er janvier prochain, sans se fixer aucun objectif de calendrier.