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Un autre opposant biélorusse emmené par des hommes masqués

Maxime Znak,l'un des sept membres de la direction du Conseil de coordination  pour obtenir une transition au pouvoir en Biélorussie et négocier le départ du président Alexandre Loukachenko [KEYSTONE]
Un opposant biélorusse détenu, déjà un mois de contestation / Le Journal horaire / 32 sec. / le 9 septembre 2020
Des hommes masqués ont emmené mercredi une des dernières figures de l'opposition biélorusse à ne pas avoir été arrêtée ou exilée, un mois après le début d'un mouvement de contestation inédit visant le président Alexandre Loukachenko.

Maxime Znak, avocat de 39 ans, est l'un des sept membres de la direction du Conseil de coordination, formé pour obtenir une transition au pouvoir en Biélorussie et négocier le départ du président Alexandre Loukachenko. "Maxime Znak est venu au bureau pour participer à une visioconférence, mais il ne l'a jamais rejointe, il a juste pu envoyer un mot, +masques+", a indiqué le service de presse de son groupe d'opposition sur son canal de la messagerie Telegram, publiant aussi une photo de l'avocat conduit par des hommes masqués et en civil.

Un mois de protestation

Maxime Znak et la prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch étaient les derniers dirigeants de ce présidium encore en liberté et en Biélorussie, les autres ayant été soit arrêtés, soit contraints à l'exil.

L'interpellation de l'avocat intervient un mois jour pour jour après la présidentielle qui a déclenché un mouvement de contestation sans précédent dans le pays dénonçant la réélection jugée frauduleuse d'Alexandre Loukachenko, aux commandes depuis 26 ans, face à l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa, novice en politique.

Malgré la répression, d'abord violente, des manifestations, et les pressions contre les opposants les plus en vue, la rue continue de se mobiliser, réunissant tous les dimanches depuis quatre semaines plus de 100'000 personnes dans les seules rues de Minsk.

Arrestations suspectes

Svetlana Tikhanovskaïa, qui s'est exilée sous la menace en Lituanie dans la foulée du scrutin du 9 août, a dénoncé "l'enlèvement" de Maxime Znak et réclamé sa "libération sans délai". Le président "Loukachenko a peur des négociations et essaie (en arrêtant ou exilant ses membres) de paralyser le travail du Conseil de coordination (...) Il n'y a pas d'alternative aux négociations, et Loukachenko va devoir l'accepter", a-t-elle estimé dans un communiqué.

Si la police et les services spéciaux (KGB) n'ont pas confirmé l'arrestation de Maxime Znak, le scénario de sa disparition correspond à celui vécu par d'autres opposants, interpellés par des hommes non identifiés. Un jour ou deux plus tard, leur incarcération ou exil était annoncé.

Mardi, l'opposition a ainsi fait état du rocambolesque enlèvement par les autorités de l'opposante Maria Kolesnikova, qui s'est échappée d'une voiture la transportant, avec deux autres opposants, et a déchiré son passeport pour empêcher un exil forcé en Ukraine. Finalement, Minsk a reconnu son arrestation, mais affirmé qu'elle avait été jetée dans les mains des forces de l'ordre par ses camarades.

>>Lire aussi: L'opposante biélorusse Maria Kolesnikova arrêtée à la frontière ukrainienne

Appel au peuple russe

Par ailleurs, Svetlana Tikhanovskaïa a lancé mercredi un appel aux Russes à soutenir dans sa "lutte pour la liberté" le peuple biélorusse, et à ne pas croire à la "propagande" prétendant que les adversaires d'Alexandre Loukachenko sont anti-russes.

"A aucune étape, cela n'a été une lutte contre la Russie", a-t-elle dit, alors que le président biélorusse a accusé ses détracteurs d'être pilotés par l'Occident et d'user de la Biélorussie comme tremplin pour déstabiliser Moscou.

>>Lire aussi: Svetlana Tikhanovskaïa décrit une "révolution pacifique" en Biélorussie

afp/clo

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Déclarations du président Alexandre Loukachenko

"Si la Biélorussie tombe, la prochaine sera la Russie", a proclamé Alexandre Loukachenko mercredi dans un entretien accordé à plusieurs médias russes.

Après avoir accusé Moscou pendant la campagne électorale de chercher à l'écarter, le président Loukachenko a effectué un virage à 180 degrés, plaidant pour le soutien russe face à la mobilisation de foules jamais vues depuis son arrivée au pouvoir en 1994.

Il s'est entretenu à plusieurs reprises à ce sujet avec le président russe Vladimir Poutine, qui a promis d'envoyer des troupes si la contestation devait dégénérer en violences. Un sommet entre les deux hommes est prévu dans les jours ou semaines à venir.

La Russie, échaudée par les révolutions des années 2000 et 2010 (Géorgie, Ukraine, Kirghizstan) dans plusieurs pays d'ex-URSS, sa zone d'influence traditionnelle, voit d'un mauvais oeil toute forme de protestation contre la légitimité électorale des pouvoirs souvent autoritaires qui y sont établis.