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Birmanie: Suu Kyi reçoit la visite de l'ONU

Gambari et Suu Kyi s'étaient rencontrés en novembre 2006
Gambari et Suu Kyi s'étaient rencontrés en novembre 2006
En mission en Birmanie, l'émissaire spécial de l'ONU Ibrahim Gambari s'est entretenu avec l'opposante Aung San Suu Kyi pendant plus d'une heure. Il attendait désormais de rencontrer le chef de la junte militaire au pouvoir.

«Il attend avec impatience de rencontrer le général Than Shwe,
président du Conseil d'Etat pour la paix et le développement, avant
la fin de sa mission», a indiqué dimanche l'ONU.

Rencontre rare pour Suu Kyi

En début de journée, Ibrahim Gambari a pu s'entretenir avec
l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, assignée à
résidence à Rangoun. La rencontre a duré une heure et quinze
minutes. Aung San Suu Kyi, 62 ans, a passé 12 des 18 dernières
années en détention dans une villa gouvernementale, où elle ne
dispose pas du téléphone et doit demander une autorisation -
rarement accordée - pour recevoir des visiteurs.



L'émissaire des Nations unies l'a rencontrée après être revenu de
Naypyidaw - la nouvelle capitale du pays créée de toutes pièces par
la junte dans la jungle à 400 km au nord de Rangoun - où il s'était
entretenu avec le premier ministre Thein Sein, le ministre de la
Culture Khin Aung Nyint et le ministre de l'Information Kyaw Hsan,
tous des généraux.



Ibrahim Gambari a remis un message du secrétaire général de l'ONU
Ban Ki-moon aux généraux birmans. La teneur n'a pas été précisée.
Rien n'a filtré sinon sur le contenu et l'issue de ces entretiens,
dont la communauté internationale espère qu'ils permettront de
mettre un terme à la vigoureuse répression déclenchée mercredi
contre les manifestations d'opposants.

Rangoun quadrillée

Dimanche, les rues de Rangoun étaient vides et aucun
attroupement ne s'est formé. Les forces de sécurité quadrillaient
la ville, interdisant l'accès aux deux pagodes servant de points de
ralliement et encerclant les monastères dont les moines bouddhistes
avaient animé les manifestations gouvernementales des derniers
jours.



Selon la Commission asiatique des droits de l'homme, au moins 1200
personnes, dont 700 moines, ont été incarcérées dans l'ensemble du
pays à la suite des manifestations. Le recours aux armes, les
arrestations et l'occupation des monastères par les forces de
sécurité ont entraîné une tempête de protestations à travers le
monde (lire ci-contre).



ats/kot/ant

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Le bilan officiel reste à 13 morts

Après trois jours d'interventions policières et militaires extrêmement musclées contre les manifestants, le bilan officiel demeurait ce week-end à treize morts, dont un vidéo-journaliste japonais.

Les gouvernements occidentaux craignent cependant que les pertes en vies humaines ne soient bien plus élevées.

Un émissaire japonais est d'ailleurs parti dimanche pour la Birmanie afin de tenter d'obtenir de la junte militaire une enquête complète sur la mort du journaliste.

Tokyo envisage de rappeler son ambassadeur et de réduire, voire de suspendre, son assistance technique au pays. La réaction de la junte aux demandes de l'émissaire déterminera l'attitude japonaise, selon l'agence de presse Kyodo.

Manifs en Europe

En Europe, le sort de la Birmanie ne laisse pas indifférent. Environ 250 personnes se sont réunies par exemple à Genève pour soutenir le mouvement de protestation dans le pays, à l'instar d'autres rassemblements tenus à Paris, Londres, Berlin et Bruxelles.

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey s'est pour sa part dite bouleversée par la situation en Birmanie, lors du journal de la Télévision Suisse alémanique de samedi. Il est effrayant de voir des gens se faire tuer alors qu'ils se battent pour leur liberté, a dit en substance la conseillère fédérale.

Le pape Benoît XVI a lui demandé une issue pacifique aux événements «extrêmement graves», faisant part de sa solidarité avec les habitants birmans dans leur «douloureuse épreuve».