Cette annonce du gouvernement est intervenue le jour même où
tous les partis d'opposition à l'exception de celui de Benazir
Bhutto ont fait démissionner tous leurs élus (voir
ci-contre) au Parlement et aux assemblées provinciales,
chargés d'élire le futur président samedi, pour protester contre la
candidature du général Musharraf.
Exilée depuis 1999
Le gouvernement a "décidé de retirer les accusations visant
Benazir Bhutto", a déclaré le ministre des Chemins de fer, Sheikh
Rashid, un proche du général Musharraf, une des conditions posées
par Benazir Bhutto, qui négocie depuis juillet avec le chef de
l'Etat un éventuel accord de partage du pouvoir.
Benazir Bhutto, première et unique femme à diriger la République
Islamique du Pakistan, avait été Premier ministre à deux reprises,
de 1988 à 1990 et de 1993 à 1997. Elle s'était exilée en 1999 quand
elle avait été accusée par le gouvernement de Nawaz Sharif, avec
son époux et des proches, de corruption.
Bientôt Premier ministre
Depuis juillet, elle négocie avec Pervez Musharraf un accord qui
lui permettrait de redevenir Premier ministre à l'issue des
législatives prévues début 2008. Le général Musharraf, qui a pris
le pouvoir en 1999 par un coup d'Etat sans effusion de sang,
resterait président.
Mais ces négociations piétinaient jusqu'alors et Benazir Bhutto a
annoncé son retour au Pakistan le 18 octobre, quoi qu'il arrive,
pour emmener son mouvement, l'influent Parti du Peuple Pakistanais
(PPP) aux législatives.
Pervez Musharraf devrait être réélu sans difficulté samedi, le
scrutin étant au suffrage indirect du Parlement et des assemblées
provinciales qui lui sont largement acquises.
Conditions posées
En revanche, de plus en plus contesté et impopulaire, il
pourrait perdre de facto le pouvoir si son parti, la Ligue
Musulmane du Pakistan (PML), ne remporte pas la majorité aux
législatives ou ne s'allie pas avec le PPP.
Benazir Bhutto a posé plusieurs conditions à un éventuel accord de
partage du pouvoir, dont l'abandon des accusations de corruption
n'est pas celle qui posait le plus de difficultés.
Outre la promesse qu'a déjà faite Pervez Musharraf de
démissionner, s'il est élu, de son poste de chef des armées,
Benazir Bhutto lui a demandé l'abandon de certaines prérogatives,
dont celle de dissoudre le Parlement et de démettre le
gouvernement. Elle exige également le vote d'un amendement
constitutionnel, la loi fondamentale pakistanaise interdisant à une
personne d'occuper plus de deux fois le poste de Premier
ministre.
afp/tac
Successeur aux armées aussi désigné
Pervez Musharraf a désigné également mardi son futur successeur à la tête des armées, qui prendra son poste dès lundi, une fois Musharraf réélu: le général Ashfaq Kiyani, un fidèle parmi les fidèles, ancien chef des tout puissants services de renseignements, l'Inter-Services Intelligence.
Par ailleurs, 85 élus de l'opposition ont démissionné mardi de l'Assemblée nationale. Annoncée depuis plusieurs jours, cette démission collective, qui devrait être suivie de celle des élus de la même opposition dans les assemblées provinciales, ne pourra qu'entamer un peu plus la légitimité de Pervez Musharraf, mais pas l'empêcher d'être réélu.
Cette démission intervient quatre jours après que la Cour suprême eut jugé recevable la candidature de Pervez Musharraf. L'opposition et l'ordre des avocats avaient introduit des recours invoquant la Constitution qui, selon eux, interdit à Musharraf de participer à l'élection s'il ne démissionnait pas, au préalable, de ses fonctions de chef d'état-major des armées.
Mosquée rouge réouverte
La Cour suprême du Pakistan a ordonné mardi la réouverture de la Mosquée rouge d'Islamabad. L'édifice avait été fermé par les autorités après une offensive de l'armée contre des militants présumés pro-talibans qui s'y étaient retranchés en juillet. La Cour a également ordonné la construction d'un nouveau bâtiment adjacent à la Mosquée destiné à accueillir une école religieuse.