Pour les partisans extrémistes de l'indépendance de la Flandre,
le drapeau est le symbole d'un royaume "artificiel" qu'ils espèrent
voir disparaître à l'issue de la crise politique actuelle. "Que la
Belgique crève!", "Les rats wallons, pliez vos bagages!": les
slogans contre l'unité de la Belgique et contre les francophones
ont fusé dans le centre de Rhode-Saint-Genèse.
Cette commune de la périphérie de Bruxelles fait officiellement
partie de la Flandre, la région néerlandophone du nord de la
Belgique, mais sa population est à plus de 60% francophone.
Drapeau brûlé
La marche était organisée par le Voorpost ("Avant-poste" en
néerlandais), un groupe radical qui milite pour la fin de la
Belgique au nom des "intérêts de la communauté ethnique
néerlandaise". Dix-sept parlementaires du parti d'extrême-droite
indépendantiste Vlaams Belang étaient présents dans un cortège où
flottaient de nombreux drapeaux jaunes frappés du lion noir,
symbole de la Flandre.
Un drapeau belge noir-jaune-rouge a été traîné tout au long du
parcours par les militants du Voorpost, qui l'ont abondamment
arrosé de crachats, avant de le brûler en chantant l'hymne flamand,
le "Vlaamse Leeuw".
Waterloo, un symbole
Mais les rues de la commune, située entre Bruxelles et la
Wallonie, étaient pratiquement vides et la manifestation s'est
déroulée sans incident. Les protestataires se sont ensuite rendus à
Waterloo, "symbole du succès des Hollandais et de l'Europe sur
l'impérialisme français".
Quatre mois après les législatives (voir
ci-contre), les Flamands sont toujours très remontés.
"Pour nous, c'est le moment crucial pour demander l'indépendance de
la Flandre", a expliqué dimanche le secrétaire national du
Voorpost, Michaël Debronett. "Tout le monde voit que la Belgique
est un problème en soi. La solution, c'est de séparer les Flamands
et les Wallons. A ses yeux, Rhode-Saint-Genèse, comme d'autres
communes flamandes de la périphérie de Bruxelles, "sont en danger
de francisation".
Manif pour l'unité
De l'autre côté de l'échiquier politique, une autre
manifestation a été organisée dimanche au centre de Bruxelles par
des partisans de l'unité de la Belgique. Une centaine de personnes,
dont de nombreux jeunes, se sont rassemblées, arborant les couleurs
belges et portant des autocollants "Touche pas à ma
Belgique".
Si un éclatement du royaume semble pour le moment exclu, la
Belgique devrait toutefois sortir profondément ébranlée et
transformée de la crise qu'elle traverse actuellement, a estimé
cette semaine le socialiste Charles Picqué, ministre-président de
la Région bruxelloise.
L'issue "probable" est un passage vers un système "confédéral", où
Flandre, Wallonie et Bruxelles jouiraient de plus d'autonomie, a
conclu le Wallon. Une solution qui peut être positive si la
solidarité entre Belges est préservée et si aucun camp ne sort
humilié, a-t-il assuré, sans toutefois écarter l'hypothèse d'un
"grand déballage". "Il y a du côté flamand des gens pressés, des
gens irrationnels. On verra qui va l'emporter", a conclu Charles
Picqué.
agences/boi
Crise communautaire
La Belgique est plongée dans une profonde crise politique depuis les législatives du 10 juin.
Les partis victorieux flamands réclament une nouvelle réforme de l'Etat fédéral renforçant l'autonomie des régions et donc de la Flandre.
Les partis francophones s'y sont toujours montrés réticents, dénonçant un projet d'affaiblissement du pouvoir fédéral menaçant l'existence même de la Belgique.
Sans prôner l'indépendance comme les extrémistes, les partis flamands exigent que la Flandre puisse gérer son économie et que son "caractère néerlandophone" soit renforcé.
Le principal point d'achoppement est celui de l'arrondissement électoral unique actuellement formé par Bruxelles et sa périphérie: les Flamands veulent le scinder pour protéger le caractère néerlandophone de la banlieue, où vivent de plus en plus de francophones.
La Belgique se divise en 3 régions, la Flandre au nord (60% de la population), la Wallonie francophone au sud (40%) et Bruxelles entre deux (à majorité francophone).
Un gouvernement?
Dans ce contexte, une première tentative de formation d'un gouvernement de coalition entre chrétiens-démocrates et libéraux, tant flamands que francophones, avait échoué fin août.
Le leader chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, vainqueur des législatives, avait jeté l'éponge après 5 semaines de négociations qui n'avaient réussi qu'à creuser le fossé entre les deux communautés.
Mais Yves Leterme a à nouveau été chargé par le roi Albert II de trouver une solution et de nommer un gouvernement.
Alors que les députés feront mardi leur rentrée, le populaire Flamand, mais peu apprécié en Wallonie, a repris les négociations, avec les mêmes partenaires mais dans un climat qui paraît plus constructif.