"La décision de la Conférence des présidents (qui réunit le président du Parlement européen et les chefs des groupes politiques, NDLR) d'exclure formellement Aung San Suu Kyi de toutes les activités de la communauté des lauréats du Prix Sakharov sanctionne son inaction et son acceptation des crimes en cours contre la communauté Rohingya", indique le Parlement dans un communiqué.
Quelque 750'000 Rohingyas ont fui depuis août 2017 les exactions de l'armée birmane et de milices bouddhistes et s'entassent depuis dans d'immenses camps de fortune au Bangladesh voisin.
Aung San Suu Kyi, cheffe de facto du gouvernement birman, a été vivement critiquée pour son silence sur cette répression qualifiée par l'ONU de "nettoyage ethnique". L'ONU a par ailleurs déploré que la dirigeante n'ait pas utilisé son "autorité morale" dans la crise.
Prix pas retiré
La "communauté" du Prix Sakharov met en relation les eurodéputés, les lauréats et la société civile pour évoquer les violations des droits de l'homme. Le prix en revanche ne peut pas être retiré à Aung San Suu Kyi, a-t-on indiqué de source proche du dossier. "Le prix est attribué pour des actions spécifiques (...) On ne peut pas lui retirer ce qu'elle a fait dans le passé", a-t-elle expliqué.
En 1990, le Parlement européen avait décerné le Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit à Aung San Suu Kyi, alors leader de l'opposition birmane, pour avoir incarné le combat de son pays pour la démocratie.
Créé en 1988, ce prix récompense "une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'homme dans le monde" et a plusieurs fois fait office d'antichambre du prix Nobel de la Paix, qu'Aung San Suu Kyi avait elle-même obtenu en 1991. Le comité Nobel norvégien avait exclu l'an dernier de retirer le Nobel de la paix à Aung San Suu Kyi, ses statuts ne prévoyant pas une telle possibilité.
afp/kkub