Jeudi soir, la télévision d'Etat birmane a créé la surprise en
annonçant que le chef de la junte, le généralissime Than Shwe,
pourrait s'entretenir personnellement avec Aung San Suu Kyi si elle
abandonnait sa politique de «confrontation» et de soutien à la
politique occidentale de «sanctions».
Vendredi, un porte-parole de la Ligue nationale pour la
démocratie (LND, opposition) a indiqué qu'Aung San Suu Kyi,
maintenue en isolement depuis 2003, pourrait examiner l'offre de
face-à-face avec Than Shwe «sous un jour positif». Un autre
porte-parole de la LND, a lui précisé que les généraux «lui
demandent d'avouer des fautes qu'elle n'a pas commises».
Appel américain
La proposition très inhabituelle de rencontre, même si elle est
assortie de conditions, a été annoncée par le régime alors que
l'envoyé spécial de l'ONU en Birmanie, Ibrahim Gambari, qui a
rencontré séparément Than Shwe et Aung San Suu Kyi ces derniers
jours, a rendu compte de sa mission aux membres du Conseil de
sécurité, lors d'une séance publique à New York. Ibrahim Gambari a
déclaré qu'il existait un consensus au sein du Conseil pour
considérer que le statu quo était «inacceptable».
L'ambassadeur américain à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a dit que les
Etats-Unis étaient prêts à proposer une résolution instaurant des
sanctions contre la Birmanie, en cas d'échec de la mission
d'Ibrahim Gambari. «Nous devons envisager des mesures, telles qu'un
embargo sur les armes», a-t-il confié, invitant les voisins de la
Birmanie à faire pression sur la junte pour qu'elle collabore avec
l'envoyé de l'ONU.
Au cours d'un point de presse, Ibrahim Gambari a ajouté qu'il se
rendrait peut-être à nouveau en Birmanie avant la date prévue de la
mi-novembre. La Maison Blanche avait auparavant exhorté le Conseil
de sécurité à renvoyer «le plus vite possible» en Birmanie
l'émissaire.
De son côté, le département d'Etat a affirmé qu'une rencontre
vendredi entre la junte birmane et la chargée d'affaires américaine
dans ce pays, Shari Villarosa, s'était révélée non productive.
109 moines toujours en prison
Sur le terrain, bien que la présence des forces de sécurité
continue à être moins visible vendredi à Rangoun, un couvre-feu est
toujours en vigueur et des habitants signalent toujours des
arrestations ciblées. La junte a reconnu que 109 moines étaient
toujours détenus.
ats/tac
Mise en garde de la Birmanie
L'ambassadeur birman a lui mis en garde contre les conséquences négatives d'éventuelles sanctions pour la mission de l'ONU. L'attention est maintenant à l'activité diplomatique.
Tout en saluant les «efforts» d'Ibrahim Gambari et des autorités birmanes en vue de désamorcer la crise, le représentant chinois à l'ONU a réaffirmé de son côté l'opposition de Pékin à des sanctions.
L'Inde, critiquée pour sa discrétion jusqu'ici, a affirmé avoir demandé au régime birman de libérer Aung San Suu Kyi afin de «favoriser le processus de démocratisation».
Internet fonctionne à nouveau
Les liaisons Internet en Birmanie fonctionnent à nouveau depuis vendredi soir, ont indiqué des utilisateurs. Elles ont été rétablies une semaine après que la junte eut coupé les lignes pour empêcher la diffusion, hors du pays, d'informations, de photos et de vidéos du mouvement de protestation.