"Ils se sont mis d'accord sur un projet qui sera présenté par le
président demain (vendredi). Benazir Bhutto a donné son accord", a
indiqué une source proche du président Musharraf.
Accord confirmé
Le décret de réconciliation nationale prévoit une amnistie pour
les responsables politiques, dont Benazir Bhutto, sous le coup
d'accusations de corruption lorsqu'elle a dirigé le pays. Benazir
Bhutto a été Premier ministre à deux reprises (1988-1990 et
1993-1996).
A Islamabad, un membre important du parti de Benazir Bhutto, le
Parti du Peuple Pakistanais (PPP), a confirmé l'accord. "L'accord a
été conclu avec le gouvernement et nous pensons que le gouvernement
le publiera demain (vendredi). Nous lui avons donné notre feu vert"
a déclaré Farooq Naik.
Benazir Bhutto et le camp du président Musharraf avaient fait part
dans la journée de leur "optimisme" quant à un futur partage du
pouvoir, à deux jours de l'élection présidentielle. "Nous sommes
optimistes aujourd'hui, mais je ne peux pas dire que tout soit
finalisé", avait déclaré Benazir Bhutto à Londres.
Menaces
La veille, elle avait menacé de faire démissionner les élus de
son mouvement, l'influent Parti du Peuple Pakistanais (PPP), du
Parlement et des Assemblées provinciales, comme l'a fait le reste
de l'opposition mardi.
"Nous pensons qu'on peut obtenir des accords, mais pour l'instant
rien n'est définitif", avait-elle ajouté, après que son
porte-parole eut indiqué que le camp Bhutto devait recevoir en fin
de journée une copie du projet de décret d'amnistie du
gouvernement.
Le gouvernement pakistanais a promis de lever rapidement les
poursuites judiciaires pour corruption contre Benazir Bhutto, une
des conditions qu'elle posait.
Retour d'exil le 18 octobre
Son parti avait également rappelé mercredi qu'elle exigeait une
répartition des pouvoirs plus équitable entre le chef de l'Etat et
le Premier ministre, ainsi qu'un amendement constitutionnel
autorisant une personne à occuper une troisième fois le poste de
Premier ministre, la Constitution l'interdisant pour l'heure.
Une chose est sûre: l'unique femme jamais Premier ministre de la
République Islamique du Pakistan, une puissance nucléaire de 160
millions d'habitants, a annoncé son retour au pays pour le 18
octobre.
afp/tac
Incertitude sur la présidentielle
Une légère incertitude demeure sur la date du scrutin de la présidentielle. La Cour suprême doit une nouvelle fois se prononcer vendredi sur la validité de la candidature du général Musharraf, contestée par ses deux seuls concurrents, dont un candidat de Benazir Bhutto.
Il ne fait aucun doute que le général Musharraf, qui a pris le pouvoir il y a 8 ans par un coup d'Etat sans effusion de sang, sera réélu, car l'élection se déroule au suffrage indirect, avec un vote du Parlement et des assemblées provinciales qui lui sont largement acquis.
En revanche, la situation sera infiniment plus délicate pour lui aux législatives prévues pour début 2008 : de plus en plus contesté, il n'est pas certain de remporter la majorité nécessaire pour continuer de gouverner et une alliance avec le PPP de Benazir Bhutto, qui deviendrait alors Premier ministre en cas de victoire, peut être une planche de salut.