Le vote est intervenu en début d'après-midi, juste après que les
députés francophones eurent quitté les lieux en signe de
protestation, selon les images retransmises en direct sur plusieurs
chaînes de télévision belges.
Déclaration de guerre
Les Flamands avaient amplement prévenu de leur intention de
procéder à ce vote, tout comme les francophones avaient prévenu
qu'ils le considéreraient comme un acte "très grave", voire une
"déclaration de guerre" qui pourrait torpiller cinq mois d'efforts
pour tenter de former un gouvernement fédéral.
Le texte a été adopté par la commission de l'Intérieur du
Parlement belge, où les Flamands sont majoritaires puisqu'ils
représentent 60% de la population belge. Le problème réside dans le
fait que le projet de loi prévoit la scission de l'arrondissement
électoral de Bruxelles Hal Vilvorde (voir
ci-contre).
Crise de régime
"On ne peut évidemment pas accepter qu'une communauté belge
agresse de manière aussi brutale une autre communauté. Aujourd'hui,
les Flamands rompent cet équilibre de manière brutale. Nous sommes
dans quelque chose qui s'apparente à une crise de régime", a
déclaré Yvan Mayeur, député francophone socialiste, membre de cette
commission.
Plusieurs responsables politiques, francophones et flamands, ont
cependant semblé dédramatiser les conséquences de ce vote, qui
relance les spéculations sur les risques d'une scission de la
Belgique.
Le leader libéral francophone Didier Reynders a semblé souhaiter
la poursuite des négociations pour tenter de former un gouvernement
de coalition réunissant flamands et francophones. Mais il a évoqué
des changements possibles.
En outre, la question se pose d'une intervention du roi des Belges
Albert II, qui dispose d'importantes prérogatives dans des moments
de crise pareils.
afp/boi/sun
Arrondissement problématique
Les tensions entre Flamands et francophones se cristallisent sur l'arrondissement électoral de Bruxelles Hal Vilvorde (BHV).
Cette circonscription bilingue, la seule du pays, réunit les 19 communes de l'agglomération de Bruxelles, majoritairement francophone (à 85%), et 35 communes flamandes de la périphérie de la capitale.
Si l'arrondissement est effectivement scindé, ce que les francophones ont toujours refusé, les 120'000 francophones vivant en périphérie flamande perdraient la possibilité de voter pour des candidats francophones aux élections législatives.
Les francophones peuvent aussi bénéficier de procédures dans leurs langues devant les tribunaux de la circonscription.
De plus, parmi ces 35 communes flamandes de l'arrondissement de "BHV", les francophones jouissent de droits supplémentaires dans six d'entre elles parce qu'ils y sont majoritaires ou très fortement représentés.
Ils ont droit en particulier à des écoles francophones et les documents administratifs y sont établis en néerlandais et en français.
Les francophones disposent toutefois de plusieurs mécanismes légaux pour bloquer pendant plusieurs mois la scission effective de BHV.
Cinq mois de crise
Depuis les législatives du 10 juin, les négociations butent sur les dissensions entre francophones et Flamands.
Ces derniers réclament non seulement la scission de BHV mais aussi une réforme de l'Etat belge augmentant l'autonomie des régions, dont la Flandre est la plus importante.