Lors de cette rencontre, les Européens ne manqueront pas d'évoquer la gestion chinoise du Covid-19, la reprise en main de Hong Kong, la dégradation des droits de l'homme et les entraves économiques auxquelles font face les entreprises européennes en Chine.
Xi Jinping devrait tenter de décrisper l'ambiance en offrant quelques gages concernant l'accord sur les investissements, un texte âprement négocié depuis plus de sept ans.
Aucune avancée concrète en 36 rounds de discussions
Trente-six rounds de discussions n'ont pour l'heure permis aucune avancée concrète dans cet épineux dossier. L'Union européenne exige de profondes réformes du système chinois, comme la fin des subventions massives aux entreprises d'Etat, du transfert forcé de technologie et des innombrables barrières imposées aux firmes étrangères.
Les demandes de Bruxelles font écho à celles de Washington. Usée face au manque d'engagement de Pékin, l'Union menace: si un accord n'est pas signé d'ici la fin de l'année, il sera considéré comme mort.
"La Chine aimerait conclure un accord avec l'UE"
Cette fermeté bouscule les Chinois, soucieux de voir l'Europe se rapprocher des Etats-Unis. "La Chine aimerait conclure un accord avec l'UE, la plus grande économie du monde. Ce serait une manière de montrer aux Etats-Unis qu'elle est capable de passer un engagement multilatéral. Le problème cependant c'est que Pékin ne semble pas être prête à faire les compromis exigés", estime Joerg Wuttke, président de la chambre européenne de commerce en Chine.
Ces compromis impliqueraient des changements structurels remettant en cause l'emprise croissante du Parti communiste sur l'économie nationale. Or le gouvernement chinois refuse de relâcher son contrôle, au contraire.
Le futur plan économique en discussion à Pékin prévoit le renforcement des entreprises publiques et l'affirmation d'un modèle économique étatiste fort difficilement compatible avec les revendications européennes. Sans engagement concret, les Européens ne se laisseront pas convaincre.
Fronts durcis
Ces derniers mois, les fronts se sont durcis. L'attitude de la Chine dans le sillage de la pandémie de Covid-19 et l'agacement suscité à l'international compliquent les négociations. "L'atmosphère était évidemment plus propice auparavant. Et la diplomatie agressive de la Chine ces derniers mois ne joue pas en faveur de l'accord", explique Joerg Wuttke.
Et de souligner la complexité du processus de ratification d'un accord avec la Chine: s'il devait être signé par la Commission européenne cette année, le texte devrait encore probablement être approuvé par le Parlement, le Conseil européen et les 27 Etats membres.
"Pékin a braqué de nombreux Etats membres comme la Pologne ou la République Tchèque. Les autorités européennes ne signeront pas un mauvais accord, parce qu'il ne survivrait pas au processus de ratification", ajoute Joerg Wuttke.
Une issue favorable reste "possible"
Les discussions s'annoncent donc compliquées, empruntes d'incertitude, mais leur issue favorable reste "possible" selon Pékin. L'échec des négociations serait un signal négatif pour les relations sino-européennes.
Dans un rapport de 2019, l'Union qualifiait la Chine de "rivale systémique" susceptible d'offrir cependant de réelles opportunités économiques. Des opportunités que Bruxelles espère maintenant voir confirmer.
Michael Peuker/ebz