Cette visite se déroule alors que plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont de nouveau défilé à Minsk pour le cinquième dimanche consécutif pour réclamer le départ du chef de l'Etat au pouvoir depuis 1994, une mobilisation toujours très forte malgré l'arrestation ou l'exil des principaux opposants.
Le président Loukachenko, dont la réélection très controversée le 9 août a déclenché cette fronde inédite, est arrivé en fin de matinée à Sotchi, la station balnéaire du sud de la Russie, pour s'entretenir avec son homologue, selon les images des médias publics de son pays.
Aucune déclaration prévue
Aucune déclaration à la presse n'est prévue. Vendredi, le Kremlin avait indiqué que cette rencontre servirait à évoquer "les perspectives du processus d'intégration" entre les deux pays ex-soviétiques, un projet de longue date de Moscou.
S'il accusait la Russie avant le scrutin de vouloir "déstabiliser" son pays, Alexandre Loukachenko a depuis effectué un virage à 180 degrés pour obtenir le soutien russe face aux manifestations monstres, provoquées selon lui par les Occidentaux.
La mobilisation continue
En Biélorussie, la mobilisation contre la réélection jugée frauduleuse d'Alexandre Loukachenko continue, avec une nouvelle grande marche dimanche dans les rues de la capitale et dans d'autres villes du pays.
La police a annoncé lundi avoir procédé au total à 774 arrestations, dont plus de 500 à Minsk en marge de ce défilé baptisé "marche des héros" en référence aux victimes de la répression qui a fait au moins trois morts, des dizaines de blessés et donné lieu à des milliers d'interpellations.
Visées du Kremlin
Le Kremlin a assuré qu'aucun document ne serait signé lundi, mais pour les experts, la Russie veut depuis longtemps des abandons de souveraineté du Bélarus, pour ancrer le pays dans sa zone d'influence dans son conflit avec l'Occident. Depuis 15 ans, il a été question notamment de monnaie unique et de bases militaires russes, mais Alexandre Loukachenko a jusqu'ici résisté aux ambitions russes, louvoyant entre Est et Ouest.
Outre le soutien politique de Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko a besoin aussi d'une aide économique. Une telle assistance permettrait au Kremlin de rappeler la profonde dépendance économique de Minsk à l'égard de son grand frère. D'autant que des sanctions occidentales sont en cours d'élaboration du fait de la répression.
Les relations russo-biélorusses s'étaient considérablement tendues au printemps et au début de l'été, Alexandre Loukachenko n'ayant cessé d'accuser Moscou de chercher à le chasser du pouvoir pour vassaliser son pays. Depuis le début de la contestation, à l'inverse, il se présente comme le dernier rempart de la Russie face aux ambitions occidentales.
afp/jpr
Tikhanovskaïa regrette que Poutine rencontre "l'usurpateur" Loukachenko
La principale représentante de l'opposition biélorusse a critiqué la rencontre lundi du président russe Vladimir Poutine avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko qu'elle considère comme un "usurpateur".
"Je regrette que vous ayez décidé de mener un dialogue avec l'usurpateur et non pas avec le peuple biélorusse", a écrit Svetlana Tikhanovskaïa dans une déclaration depuis la Lituanie où elle s'est réfugiée après l'élection contestée du 9 août. "Je tiens à rappeler à Vladimir Poutine que tout sur quoi vous vous mettrez d'accord lors de la réunion de Sotchi restera sans valeur légale. Le nouveau gouvernement va revoir tous les accords signés avec l'illégitime Loukachenko", a-t-elle insisté dans ce texte.
Svetlana Tikhanovskaïa revendique la victoire lors du vote du 9 août, accusant le gouvernement d'avoir truqué le scrutin en faveur d'Alexandre Loukachenko.