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L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing est mort à 94 ans

L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing s'est éteint à l'âge de 94 ans
L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing s'est éteint à l'âge de 94 ans / 19h30 / 3 min. / le 3 décembre 2020
L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing est décédé des suites du Covid, a annoncé sa famille mercredi soir. L'ensemble de la classe politique française a dans la foulée salué l'héritage de celui fut le plus jeune président de la République à son élection en 1974.

"Valéry Giscard d'Estaing s'est éteint mercredi 2 décembre dans sa maison familiale du Loir-et-Cher. Son état de santé s'était dégradé et il est décédé des suites du Covid 19", a écrit sa famille dans un communiqué. "Conformément à sa volonté, ses obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité familiale". L'Assemblée nationale et le Sénat, qui siégeaient au moment de l'annonce de son décès, ont observé une minute de silence.

L'ancien chef d'Etat avait été admis quelques jours dans le service de cardiologie de l'hôpital de Tours du 15 au 20 novembre pour une "insuffisance cardiaque". Il avait auparavant été hospitalisé quelques jours mi-septembre à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris pour une légère infection aux poumons.

Plus jeune président de la République lorsqu'il est élu en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait fait l'une de ses dernières apparitions publiques le 30 septembre 2019 lors des obsèques à Paris d'un autre président de la République, Jacques Chirac, qui fut son Premier ministre de 1974 à 1976.

>> L'analyse de Jean-Philippe Schaller dans le 19h30 :

Jean-Philippe Schaller: "Valéry Giscard d'Estaing a fait sortir la France de l’immobilisme gaulliste".
Jean-Philippe Schaller: "Valéry Giscard d'Estaing a fait sortir la France de l’immobilisme gaulliste". / 19h30 / 1 min. / le 3 décembre 2020

Un seul mandat

Rompant avec le style solennel de ses prédécesseurs, Valéry Giscard d'Estaing avait adopté des postures modernes et voulait s'afficher proche des gens, au risque de s'exposer aux procès en démagogie comme lorsqu'il s'invitait à dîner chez les Français ou jouait de l'accordéon.

>> Les précisions de La Matinale :

Valéry Giscard d'Estaing sur un plateau télévisé en 1973. [afp - Jean-Baptiste Servant]afp - Jean-Baptiste Servant
L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing est mort à 94 ans / La Matinale / 3 min. / le 3 décembre 2020

Figure de la vie politique française, incarnation du centre droit et tombeur du gaullisme, "VGE" n'avait effectué qu'un seul septennat, battu par le socialiste François Mitterrand en 1981 après une seconde partie de mandat marquée par la crise économique et des affaires, comme celle des "diamants de Bokassa".

>> Lire aussi : Valéry Giscard d'Estaing et l'affaire des diamants de Bokassa

Né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne, l'homme qui voulait "regarder la France au fond des yeux" avait une sorte de prédestination au pouvoir, due à sa lignée de hauts fonctionnaires et de parlementaires, à sa formation - polytechnique et l'ENA - et à son esprit, décrit comme brillant par ses contemporains.

"Le monopole du coeur"

Valéry Giscard d'Estaing n'a pas encore 30 ans, en 1956, lorsqu'il est élu pour la première fois député du Puy-de-Dôme, terre d'élection de son aïeul, puis devient secrétaire d'Etat aux Finances en 1959, dans les premiers mois de la Ve République.

A l'exception d'une brève traversée du désert, de 1966 à 1969, sa carrière se déroule selon un plan parfaitement exécuté, qui l'emmène à l'Elysée en 1974 après un débat réussi face à François Mitterrand. "Vous n'avez pas le monopole du coeur", lance-t-il à son adversaire socialiste lors du débat télévisé d'entre-deux-tours, premier du genre.

Valéry Giscard d'Estaing avec son Premier ministre Jacques Chirac en 1974. [afp]
Valéry Giscard d'Estaing avec son Premier ministre Jacques Chirac en 1974. [afp]

Il inscrit son septennat sous le signe de la modernité, autorisant le divorce par consentement mutuel, dépénalisant l'avortement et abaissant de 21 ans à 18 ans l'âge de la majorité.

Après des débuts prometteurs, Valéry Giscard d'Estaing connaît une première crise avec la démission de son Premier ministre, Jacques Chirac, en 1976. Initiateur du G7, le club des dirigeants des pays les plus riches, il donne une impulsion décisive à l'axe franco-allemand aux côtés du chancelier Helmut Schmidt.

Après son départ resté dans les mémoires - il laisse une chaise vide lors d'une ultime allocution télévisée- Valéry Giscard d'Estaing, traverse une profonde dépression, mais il reviendra ensuite aux affaires, mais dans la discrétion.

lan/boi avec agences

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Les hommages appuyés en France

À l'annonce de sa mort, les successeurs de Valéry Giscard d'Estaing lui ont rapidement rendu hommage.

Parfois vu comme son héritier politique, le président Emmanuel Macron a salué les orientations données par "VGE", estimant qu'elles "guident encore nos pas". Serviteur de l'État, homme politique de progrès et de liberté, sa mort est un deuil pour la nation française", a assuré le chef de l'Etat dans un long message de condoléances communiqué par l'Elysée.

Nicolas Sarkozy a pour sa part salué "un homme qui a fait honneur à la France, un homme pour qui j'ai éprouvé de l'admiration et avec qui j'ai toujours eu plaisir à débattre".

Quant à François Hollande, il a regretté que la France "perde un homme d'État qui a fait le choix de l'ouverture au monde et qui pensait que l'Europe était la condition pour que la France soit plus grande".

L'actuel Premier ministre Jean Castex a de son côté salué "un homme de progrès" et "de liberté", dont "les réformes de société restent d'une profonde actualité" notamment "pour les femmes et les plus jeunes".

Dans l'ensemble, toute la classe politique française a rendu un hommage appuyé à l'ancien président, que ce soit les ex-Premier ministre Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, le négociateur européen Michel Barnier ou la leader du Rassemblement national Marine Le Pen.

"Pour des générations entières, notamment pour ceux qui se sont engagés auprès de lui dans leur jeunesse, il a fait souffler un grand vent de modernité sur la société française et fait naître un immense espoir de dépassement et de rassemblement", a pour sa part réagi François Bayrou, qui fit avec lui ses premiers pas en politique et qui fut son successeur à la tête du parti UDF.

"Nous avons perdu un grand Européen"

"Avec Valéry Giscard d'Estaing, la France a perdu un homme d'État, l'Allemagne un ami et nous avons tous perdu un grand Européen", a regretté la chancelière allemande Angela Merkel.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a de son côté rendu hommage au président défunt, qu'il qualifie de "grand modernisateur de la France, dont le travail a marqué les générations suivantes". "Lors de sa présidence, il fut aussi l'architecte de ce qui est devenu le G7", a-t-il ajouté.

Les dirigeants des institutions européennes ont salué "un grand Européen qui continuera de nous inspirer", selon les termes de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le président du Consel européen Charles Michel a rappelé qu'avec Helmut Schmidt, l'ancien président a concrétisé le "rêve d'une Europe plus intégrée". "Il a créé le Conseil européen, lequel a posé les fondements de l'union monétaire, donc de l'euro", a-t-il ajouté.

"Nous lui devons beaucoup", a renchéri le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Pendant toute sa vie il a oeuvré en faveur du renforcement de la construction européenne."