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Le gouvernement Prodi s'enfonce dans la crise

Romano Prodi a uni la Marguerite et les Démocrates de gauche
Romano Prodi souffre des dissensions au sein de sa majorité
Après dix-sept mois de gouvernement Prodi, l'Italie s'enfonce chaque jour un peu plus dans une crise politique nourrie par les dissensions de sa coalition de centre-gauche, qui se sont encore aggravées jeudi au Sénat italien.

Désormais, tous les commentateurs parient ouvertement sur la
chute prochaine du "Professore". Vendredi matin aucun quotidien de
la Péninsule ne donnait cher de la survie de l'équipe de Romano
Prodi, au lendemain d'un "jeudi noir" marqué par la débandade de sa
majorité hétéroclite au Sénat à l'occasion de l'examen d'un décret
loi relatif au projet de budget 2006. "Dire que le gouvernement est
arrivé au terminus n'est pas un jugement politique, c'est une
constatation", écrit ainsi le Corriere della Sera.

Conflit ouvert

Le texte de loi a finalement été adopté dans la nuit par le
Sénat où la majorité gouvernementale est théoriquement d'une seule
voix. Mais sept amendements présentés par elle ont été repoussés en
raison de la défection des partisans du ministre des
Infrastructures Antonio Di Pietro (Italie des Valeurs), en conflit
ouvert avec le ministre de la Justice Clemente Mastella
(Udeur).



La semaine prochaine s'annonce décisive avec la reprise de
l'examen du budget par le Parlement. Antonio Di Pietro, ancien
magistrat anti-corruption dont le parti compte quatre sénateurs,
tente de surfer sur le rejet des partis politiques traditionnels
ainsi que sur l'impatience d'une partie des électeurs de gauche
face à la lenteur des réformes de la justice.



Quant à Clemente Mastella, il s'est récemment prononcé en faveur
de nouvelles élections au printemps et a affirmé jeudi qu'il ne
ferait "plus jamais alliance" avec Di Pietro. Son petit parti issu
de la défunte Démocratie chrétienne est courtisé par la droite.

Appel de Prodi

Romano Prodi a lancé jeudi soir un ultimatum à ses alliés: "le
moment est arrivé pour les forces de la majorité de dire clairement
si elles entendent continuer à soutenir le gouvernement ou si elles
souhaitent faire prévaloir leurs intérêts particuliers sur ceux du
pays", a-t-il dit. Mais malgré son ton solennel, l'avertissement a
été jugé peu convaincant car aussi peu susceptible d'être suivi
d'effet que les précédents.



Romano Prodi s'est d'ailleurs gardé de demander la confiance au
Sénat "par peur de ne pas l'obtenir", selon l'éditorialiste
politique de la principale agence du pays. En février 2007, le chef
du gouvernement avait brièvement démissionné après avoir été mis en
minorité au Sénat, avant d'obtenir la confiance de la chambre haute
sur un programme comportant notamment une réforme de la loi
électorale, jugée responsable de la fragilité de sa majorité.



Huit mois plus tard la loi électorale est toujours en panne car
aucun consensus n'a pu se dégager. Dans l'intervalle, le climat
politique et social s'est encore dégradé: la gauche radicale
s'impatiente d'attendre les réformes sociales promises et manifeste
dans la rue, alord que des affaires de corruption mettent en cause
des membres de la majorité (le nom de Clemente Mastella est cité
dans un dossier instruit par un magistrat de Calabre).



agences/kot

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Constitution du Parti Démocratique

Dans ce contexte difficile, la mise sur orbite du Parti Démocratique, la grande formation de centre-gauche présidée par le maire de Rome Walter Veltroni qui tient son assemblée constituante samedi à Milan pour donner une ossature à la majorité, s'annonce délicate.

Dans un entretien au Corriere della Sera, l'un des chefs de file du nouveau Parti Démocratique, Piero Fassino, assure cependant que le bilan des 17 mois de gouvernement est positif.

Le responsable énumère "une politique extérieure retrouvée, l'assainissement des comptes publics, la relance de la croissance, et un accord sur les retraites et le marché du travail".

Berlusconi acquitté

La Cour de cassation italienne a acquitté définitivement vendredi l'ex-chef de gouvernement Silvio Berlusconi dans le procès sur la vente avortée de la société agro-alimentaire SME. Il était soupçonné d'avoir corrompu des magistrats pour que la justice empêche ce rachat.

Cette décision confirme le verdict rendu le 27 avril par la Cour d'appel de Milan. Celle-ci avait relaxé Silvio Berlusconi dans les deux volets de cette affaire remontant aux années 80 concernant sa holding Fininvest.

Silvio Berlusconi était soupçonné d'avoir corrompu des magistrats pour que la justice empêche le rachat de l'entreprise agroalimentaire semi-publique SME par l'industriel Carlo De Benedetti, alors propriétaire de Buitoni.