"Le Parti communiste chinois a démontré qu'il avait les moyens et l'intention d'utiliser ces applications pour menacer la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis", explique le ministère américain dans un communiqué.
Les Etats-Unis mettent ainsi à exécution la menace brandie par le président Donald Trump contre ces deux applications chinoises, dans un contexte de grandes tensions entre les deux géants économiques.
De lourdes conséquences pour la communauté chinoise
L'application Wechat, vue à ses débuts comme le simple pendant chinois de l'américain Whatsapp, s'est considérablement développée au fil des années, jusqu'à acquérir une importance capitale dans la vie sociale des citoyens. Wechat ne sert en effet pas seulement à discuter avec des amis ou sa famille: ses fonctionnalités sont multiples et permettent aussi d'effectuer très facilement des virements bancaires, de s'identifier, de réserver une chambre d'hôtel ou même d'investir en bourse.
En interdisant les téléchargements et les mises à jour de l'app mais aussi les services de transferts d'argent ou les paiements mobiles qu'elle propose, cette décision promet d'avoir de lourdes conséquences pour la communauté chinoise aux Etats-Unis et pour tous les individus qui ont un lien étroit avec la Chine. Chercheurs, sinologues, entrepreneurs, journalistes: avec cette décision, tous devraient perdre un canal d'informations et de partage inégalé avec l'Empire du milieu.
Les répercussions devraient aussi être économiques. A titre d'exemple, pensons aux flux d'étudiants chinois dans les universités américaines: s'ils avaient déjà été passablement ralentis par la pandémie et par les tensions croissantes entre Pékin et Washington, il apparaît désormais encore plus difficile de penser à un retour à la normale dans ces conditions.
Une porte ouverte pour TikTok
Pour TikTok, les enjeux apparaissent très différents. L'application n'a pas le même nombre de fonctionnalités que Wechat et est, par essence, beaucoup moins utile dans la vie de tous les jours.
Mais avec son service permettant de produire de courtes vidéos, elle reste extrêmement populaire auprès des jeunes. En lui interdisant d'opérer sur le sol des Etats-Unis, l'administration Trump risque surtout de froisser toute une génération d'Américains.
Le département du Commerce américain a d'ailleurs laissé ici une porte ouverte, en permettant à la société propriétaire ByteDance de "résoudre les problèmes de sécurité nationale posés par TikTok" jusqu'au 12 novembre.
Un rachat de la branche américaine possible
Donald Trump, qui accuse l'application d'espionnage pour le compte des autorités chinoises, avait signé un décret pour exiger la vente de ses activités américaines d'ici le 20 septembre, sous peine d'interdiction dans le pays.
Les géants américains Microsoft et Walmart avaient fait une offre de rachat des activités américaines de TikTok, mais Bytedance l'a refusée dimanche. Un accord qui ferait du groupe californien de logiciels Oracle le "partenaire technologique de confiance" de TikTok semble depuis se dessiner, mais aucun détail n'a été dévoilé.
Tristan Hertig avec l'afp
La Chine réplique
Au lendemain de l'annonce par Washington de l'interdiction de télécharger les applications chinoises TikTok et WeChat, Pékin a instauré samedi un mécanisme lui permettant de restreindre les activités de plusieurs entreprises.
Des sociétés étrangères, dont les noms n'ont pas été rendus publics, ont été placées sur une liste "d'entités non fiables". Elles encourent des sanctions potentielles allant d'amendes à la restriction d'activité ou d'entrée de matériel et de personnel en Chine. Son entrée en vigueur est vue comme une réponse à la liste similaire instaurée par Washington pour exclure le géant chinois des télécoms Huawei du marché américain, puis pour s'en prendre à TikTok et WeChat.
Le ministère chinois du Commerce avait qualifié la décision américaine d'"intimidation" et prévenu que "si les Etats-Unis persistent dans leurs actions unilatérales, la Chine prendra les mesures nécessaires pour protéger de façon résolue les droits et les intérêts des entreprises chinoises".
afp/vic