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Tchad : 9 Français arrêtés avec 103 enfants

La secrétaire d'Etat française Rama Yade qualifie cette action d'illégale
La secrétaire d'Etat française Rama Yade qualifie cette action d'illégale
La police tchadienne a arrêté jeudi neuf Français qui s'apprêtaient à quitter le Tchad par avion en compagnie de 103 enfants africains, dans le but de les faire adopter, ont rapporté le gouvernement de N'Djamena et des diplomates français.

Parmi les personnes arrêtées figure le président d'une ONG
appelée Arche de Zoé, qui avait déclaré cette année que son
organisation avait l'intention de ramener en France des orphelins
de la région soudanaise du Darfour, afin qu'ils soient adoptés,
a-t-on déclaré à Paris de source diplomatique.

Le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir, a
précisé que les neuf ressortissants français avaient été arrêtés à
l'aéroport d'Abéché, dans l'est du Tchad, près de la frontière avec
le Soudan, et qu'ils étaient sous la garde des policiers de la
ville.

Pas tous orphelins

"Ils n'avaient aucune autorisation officielle. Nous avons ouvert
une enquête", a dit Bachir à Reuters par téléphone.







Selon le ministre tchadien de l'Intérieur, des petits Tchadiens
sont au nombre des 103 enfants, qui ont de trois à huit ans. Tous
ne sont pas orphelins, a ajouté Bachir.

Risque de trafic d'enfants

Dans un entretien à paraître vendredi dans le quotidien Le
Parisien/Aujourd'hui en France, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères et aux Droits de l'homme du gouvernement
français, souligne qu'"on ne sait rien des conditions du
regroupement de ces enfants". "On ne connaît rien de leurs
origines, de leur nationalité et de la réalité de leur situation
familiale et communautaire", ajoute-t-elle.



"Les enlever comme ça est - de mon point de vue - illégal et
irresponsable", poursuit-elle. Priée de dire s'il est possible de
parler de trafics d'enfants, elle répond: "Nous n'avons pas encore
assez d'éléments pour le dire, mais il y a des risques." De source
diplomatique, on déclarait jeudi à Paris que les enfants venaient
sans doute de la région d'Adré, à la frontière tchado-soudanaise.
"Certains pourraient peut-être venir du Darfour, d'autres du
Tchad", ajoutait-on de même source.

L'ONG savait l'illégalité de sa démarche

"Le moins qu'on puisse dire c'est que les gens d'Arche de Zoé
étaient très loin de ne pas savoir que ce qu'ils envisageaient
était (...) d'abord fortement déconseillé, et éventuellement, s'il
s'agissait d'adoption, illégal", ajoute-t-on de même source. Dans
Le Parisien, Rama Yade dit avoir appelé l'association "à la plus
grande vigilance" dès le 3 août dernier.



Dans un communiqué, le ministre français des Affaires étrangères a
condamné "avec fermeté" jeudi l'opération que comptait mener à bien
Arche de Zoé. "Le Tchad comme le Soudan, dont ces enfants
pourraient être originaires, sont des Etats souverains qui
n'autorisent pas l'adoption. Il est aujourd'hui impossible pour une
famille française de lancer une procédure d'adoption d'un enfant
tchadien ou soudanais", a déclaré le Quai d'Orsay.

L'ONG pourrait avoir encaissé plus d'un million d'euros

Des familles de France et de Belgique ont payé pour que les
enfants soient acheminés vers un aérodrome situé à Vatry, près de
Reims, à 120 km à l'est de Paris, a-t-on indiqué de source
diplomatique à Paris, en disant penser qu'"elles auraient payé
entre 2800 et 6000 euros (chacune) pour recevoir un enfant".



"Il y a environ 300 familles qui auraient contribué et quand vous
faites la multiplication, si on ne s'est pas trompés, ça fait un
peu plus d'un million d'euros", a-t-on ajouté.



agences/fm

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Le point de vue de l'ONG

Sur son site internet, l'association ne parle pas d'adoption, mais d'une "opération d'évacuation des enfants orphelins du Darfour" et de demande de droit d'asile par l'intermédiaire d'un tuteur légal.

Dans un communiqué publié le 28 avril dernier, où elle annonçait son opération, l'Arche de Zoé proposait à des "familles d'accueil qui le souhaitent de venir en aide et de prendre en charge dans leur foyer un enfant orphelin de moins de cinq ans, réfugié de la guerre au Darfour".

"L'Arche de Zoé s'exposera certainement aux foudres de Khartoum, de certains politiciens, de quelques philosophes ou autres 'grands penseurs' qui vont crier au scandale en parlant d'éthique, d'illégalité ou de traumatisme psychologique des enfants déracinés... Mais l'extermination en cours au Darfour, n'est-elle pas déjà scandaleuse, illégale et traumatisante ?", poursuit l'ONG.

Dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi, l'ONG déclare elle que ces 103 enfants, "orphelins de père, de mère et de famille", lui ont été confiés sur le territoire du Darfour par des chefs de village.

L'Arche de Zoé ajoute que ces enfants ont été "rapatriés sur le territoire tchadien avec l'autorisation du gouvernement tchadien".

Elle explique avoir "[omis] de recueillir l'autorisation du gouvernement tchadien d'évacuer ces enfants".