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Une loi pour les victimes du franquisme

Le Premier ministre Zapatero tenanit à la loi sur le franquisme
Le Premier ministre Zapatero tenanit à la loi sur le franquisme
Le Parlement espagnol a approuvé mercredi un projet de loi très controversé condamnant la dictature franquiste et réhabilitant les victimes de la guerre civile et du régime du "Caudillo" Francisco Franco (1936-75).

Voulue par le chef du gouvernement socialiste, José Luis
Rodriguez Zapatero, petit-fils d'un capitaine républicain fusillé
par les troupes de Franco, cette loi a eu une gestation longue et
douloureuse, symptomatique des plaies encore vives laissées par la
Guerre civile (1936-39) et la dictature qui a suivi jusqu'à la mort
de Franco en 1975.

Large soutien

La loi dite de "Mémoire historique" a reçu le soutien de tous
les autres groupes parlementaires à l'exception du principal parti
d'opposition, le Parti Populaire (PP, droite), et des nationalistes
catalans de gauche ERC. Le PP a voté globalement contre la loi mais
a toutefois approuvé plusieurs de ses articles, notamment celui
visant à interdire toute manifestation de nostalgiques
d'extrême-droite dans le mausolée du franquisme, la Basilique du
"Valle de los Caidos" où Franco est enterré.



Ce texte qui a suscité beaucoup de controverse en Espagne, a pour
objet de "reconnaître et accroître les droits" de ceux "qui ont
souffert de persécutions ou violences (...) durant la Guerre civile
et la Dictature". Le projet avait commencé par être rejeté par
pratiquement tous les partis, en dehors du parti socialiste (PSOE),
et aussi par les associations des victimes, pour des raisons
souvent diamétralement opposées.



Le principal parti d'opposition, le Parti Populaire (PP, droite)
le dénonçait comme un texte "dangereux" et "inutile", estimant
qu'il ne faisait que "rouvrir les plaies du passé" et "diviser les
Espagnols". Au contraire, les associations de victimes
républicaines et les petits partis de gauche le trouvaient souvent
trop neutre et n'allant pas assez loin dans la condamnation du
franquisme.

Compromis

Le point crucial de la loi concerne la déclaration
"d'illégitimité" des procès franquistes qui ont abouti à
l'exécution de 50'000 Républicains après la Guerre civile et à
l'incarcération de dizaines de milliers d'autres, sans pour autant
les annuler. Cette déclaration d'illégitimité pourrait ouvrir la
porte à des procès en révision. Jusqu'à présent la justice
espagnole a toujours rejeté les demandes de révision.



Autre élément majeur, qui a lui aussi été ajouté au projet
socialiste: l'obligation d'enlever tous les symboles restants du
franquisme sur les édifices publics. Cependant, sur ce point, un
changement de dernière minute a été introduit pour permettre aux
églises d'invoquer des raisons "artistico-religieuses" pour
conserver les plaques ou autres écussons datant de la dictature. Le
texte contraint par ailleurs les administrations locales à financer
l'exhumation des fosses communes.



Cette loi phare de la législature socialiste doit encore être
approuvée par le Sénat. En cas d'amendement, elle reviendra pour
une ultime approbation par les députés. Cela devra être fait avant
la fin de l'année, les deux chambres du Parlement devant être
dissoutes à cette échéance en prévision des législatives de mars
2008.



agences/cab/kot

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Bref historique de la dictature

Le général Francisco Franco a été, jusqu'à sa mort en 1975, le dernier dictateur d'extrême droite en Europe, donnant son nom au régime autoritaire et réactionnaire qu'il instaura, le franquisme, après sa victoire en 1939 sur les républicains.

Général à l'âge de 33 ans, Franco prend en juillet 1936 la tête d'un soulèvement militaire au Maroc espagnol contre le gouvernement républicain. En mars 1939, après trois ans de guerre civile, ses troupes occupent toute l'Espagne.

C'est le début d'un régime qui survit pendant 39 ans à tous les changements internationaux. Nommé chef de l'Etat par la junte militaire, appelé "Caudillo", Franco dote l'Espagne d'un régime catholique autoritaire et corporatiste, et étouffe toute velléité d'opposition.

La répression frappe - 500'000 détenus en 1940, 50'000 républicains exécutés -, l'exil est massif.

Les dernières années du franquisme sont mouvementées. En 1973, les indépendantistes basques de l'ETA assassinent à Madrid le numéro deux du régime, l'amiral Luis Carrero Blanco.

Dans la rue, les manifestations d'étudiants hostiles à la dictature se succèdent. Elles sont durement réprimées. Franco meurt le 20 novembre 1975 à l'issue d'une interminable agonie.

Juan Carlos, successeur désigné depuis 1969, est proclamé roi deux jours plus tard. La dictature est officiellement abolie en 1978, avec l'adoption de l'actuelle constitution démocratique.