Il s'agit d'un exercice délicat pour Paris, qui veut montrer
qu'il "n'abandonne" pas ses compatriotes, comme le lui a reproché
l'opposition de gauche, et qui, parallèlement, entend tout faire
pour éviter de froisser N'Djamena, allié de la France dans la
région. "C'est un travail de discussion et non pas de revendication
qui pourrait crisper, et cela se discute finement", a indiqué
mercredi à Paris une source diplomatique proche du dossier.
Ne pas perdre la face
"On essaye de trouver un équilibre entre la souveraineté
tchadienne, la justice tchadienne et le fait qu'il s'agit de
Français", a affirmé cette source. Selon ce responsable, cette
affaire, comme N'Djamena l'a encore assuré mardi soir, n'aura aucun
impact sur le déploiement prochain de l'Eufor, force européenne à
forte composante française, dans l'est du Tchad.
Mardi, le président Nicolas Sarkozy avait indiqué que le
gouvernement français allait "essayer de trouver des accords pour
que dans cette affaire, personne ne perde la face". A cet égard, la
Libye a proposé "d'aider à un règlement de cette affaire", a
indiqué mercredi le ministère des Affaires étrangères. La France
l'en a "remercié", tout en ajoutant que Paris était déjà en
"contact direct" avec N'Djamena.
Procès au Tchad ou en France?
Concernant un procès, le président français a laissé entendre
qu'il préférait qu'il ait lieu en France, comme le demandent les
avocats des bénévoles de l'Arche de Zoé et plusieurs députés.
"Comme l'instruction (judiciaire) a été ouverte en France, vous
comprendrez que je ne souhaite pas m'exprimer plus longuement pour
ménager la susceptibilité des uns et des autres, mais vous voyez à
peu près où irait ma préférence", a déclaré Nicolas Sarkozy.
A ce sujet, Mahamat Hissène, directeur de cabinet du président
Deby, a indiqué que son pays n'avait pas, pour l'heure, de
"position arrêtée" sur le lieu où les Français devaient être jugés.
"On peut imaginer qu'un dialogue s'institue entre les deux justices
(tchadiennes et françaises) pour déterminer quelle est la justice
qui finalement traite leur cas", a dit le secrétaire général de la
présidence à Paris, Claude Guéant.
afp/kot
Objectif numéro un: libérer les journalistes
L'objectif immédiat de Paris est d'obtenir que les journalistes arrêtés aux côtés des membres de l'Arche de Zoé, association qui a tenté jeudi de transporter par avion vers la France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, bénéficient d'un traitement spécial.
Nicolas Sarkozy a clairement demandé mercredi soir par téléphone à son homologue tchadien "la libération dans les meilleurs délais des journalistes français détenus à Abéché". "Le président Deby lui a indiqué qu'il ferait tout son possible pour les libérer", selon la présidence française.
Dans la journée, Mahamat Hissène, directeur de cabinet du président Deby, s'était montré ouvert quant au sort des journalistes, sous-entendant que les journalistes pourraient être élargis s'ils prouvaient qu'ils agissaient dans le cadre de leur activité professionnelle.
Les journalistes arrêtés sont Marc Garmirian, de l'agence Capa, et Jean-Daniel Guillou, photographe de l'agence Synchro X. Le cas de Marie-Agnès Peleran est plus complexe, car la journaliste de la télévision France 3 Méditerranée était en "congé humanitaire de solidarité" au moment de son arrestation.
Pilote belge inculpé
Un 17e Européen, un pilote belge, a été inculpé mercredi à N'Djamena de "complicité d'enlèvement de mineurs" et écroué à la maison d'arrêt de la capitale tchadienne, dans l'enquête sur la tentative de transport d'enfants vers la France par l'association française Arche de Zoé.
Dix-neuf personnes (neuf Français, sept Espagnols, deux Tchadiens et un Belge) sont désormais inculpées et écrouées au Tchad dans cette affaire.