Les belligérants ont fait état de plusieurs victimes militaires et civiles. Seize soldats séparatistes arméniens auraient notamment perdu la vie dans les combats, d'après les autorités séparatistes.
Un conflit majeur impliquant l'Azerbaïdjan et l'Arménie pourrait entraîner l'intervention des puissances en concurrence dans la région du Caucase, la Russie et la Turquie. Le conflit autour du Nagorny Karabakh, qui a fait sécession de l'Azerbaïdjan avec le soutien arménien, nourrit les tensions régionales depuis 30 ans (voir encadré).
Un porte-parole du ministère azerbaïdjanais de la Défense a affirmé que Bakou avait conquis une demi-douzaine de villages sous contrôle arménien lors de ces affrontements. L'Arménie a démenti ces affirmations, selon l'agence russe Interfax.
L'Arménie décrète la loi martiale
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a appelé sa population à "être prête à défendre la patrie sacrée". L'Azerbaïdjan a pour sa part affirmé avoir lancé une "contre-offensive" après une attaque des séparatistes, et fait état d'un seul appareil abattu.
Les autorités arméniennes ont dans la foulée décrété la mobilisation générale et la loi martiale. "La loi martiale et la mobilisation générale sont décrétées en Arménie. J'exhorte tout le personnel à se présenter aux commissariats militaires", a déclaré Nikol Pachinian.
La présidence de la région séparatiste du Nagorny Karabakh, soutenue par l'Arménie, a également décrété "la mobilisation générale" en réponse à l'offensive de l'Azerbaïdjan."
L'Azerbaïdjan a "déclaré la guerre" au peuple arménien
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé dimanche que l'Azerbaïdjan avait "déclaré la guerre" au peuple arménien.
"Le régime autoritaire (azerbaïdjanais) a de nouveau déclaré la guerre au peuple arménien", a dit Nikol Pachinian, lors d'un discours retransmis à la télévision arménienne, estimant que Bakou et Erevan étaient au bord d'une "guerre d'envergure" qui pourrait avoir "des conséquences imprévisibles" et s'étendre au-delà du Caucase.
Ankara promet de soutenir l'Azerbaïdjan
Le ministre turc de la Défense a affirmé qu'Ankara allait soutenir l'Azerbaïdjan "avec tous ses moyens" et a appelé l'Arménie à "cesser son agression", à la suite des violents combats au Nagorny Karabakh.
"Nous allons soutenir nos frères azerbaïdjanais avec tous nos moyens dans leur lutte pour protéger leur intégrité territoriale", a déclaré Hulusi Akar.
"La plus grave menace à la paix et à la stabilité dans le Caucase est l'agression menée par l'Arménie, et elle doit cesser cette agression qui risque de mettre le feu à la région", a-t-il ajouté.
Erevan a mis en garde contre l'ingérence "agressive" de la Turquie.
Téhéran prêt à jouer les médiateurs
L'Iran qui entretient de bonnes relations avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan a appelé dimanche les deux pays à cesser immédiatement leurs hostilités, et s'est déclaré prêt à lancer des pourparlers entre les deux pays voisins.
La République islamique "suit de près" et "avec préoccupation" les hostilités entre les deux parties, a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Elle invite les parties à "faire preuve de retenue", les appelant à une "cessation immédiate des hostilités et à l'ouverture de pourparlers entre les deux pays".
Téhéran est "prêt à utiliser toutes ses capacités pour établir un cessez-le-feu et lancer des pourparlers entre les deux parties", assurent les Affaires étrangères iraniennes.
L'UE, la Russie et les USA appellent à un cessez-le-feu
L'Union européenne a appelé à la cessation des combats meurtriers et à un "retour immédiat aux négociations". "L'action militaire doit cesser, de toute urgence, pour éviter une escalade supplémentaire", a indiqué sur Twitter Charles Michel, le président du Conseil européen.
La Russie a aussi appelé à un "cessez-le-feu immédiat". "Nous appelons les parties à cesser immédiatement le feu et à entamer des négociations afin de stabiliser la situation", a déclaré le ministère des Affaires étrangères russe, précisant que "des bombardements intenses se produisent le long de la ligne de contact des deux côtés".
La France s'est dite "vivement préoccupée par les affrontements d'ampleur en cours", appelant les belligérants à "cesser immédiatement les hostilités et à reprendre le dialogue".
Les Etats-Unis ont exhorté l'Azerbaïdjan et les forces séparatistes du Nagorny Karabakh, soutenues par l'Arménie, à "cesser immédiatement les hostilités".
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a exhorté dimanche l'Azerbaïdjan et les forces séparatistes du Nagorny Karabakh soutenues par l'Arménie à "cesser immédiatement les combats" dans la région disputée.
agences/asch
Le Nagorny Karabakh, une région sous tension
Le Nagorny Karabakh est une région sécessionniste d'Azerbaïdjan qui est peuplée majoritairement d'Arméniens et qui est soutenue par l'Arménie.
La région a été le théâtre d'une guerre au début des années 1990 qui a fait 30'000 morts.
Depuis, les autorités azerbaïdjanaises veulent en reprendre le contrôle, par la force si nécessaire, alors que des pourparlers de paix sont dans l'impasse depuis de longues années.
Des combats opposent régulièrement séparatistes et Azerbaïdjanais, ainsi qu'Erevan et Bakou. En 2016, de graves heurts armés avaient failli dégénérer en guerre au Karabakh, et des combats ont également opposé en juillet 2020 Arméniens et Azerbaïdjanais à leur frontière.