A Erevan, le ministère arménien de la Défense a indiqué que les combats n'avaient marqué aucune pause durant la nuit. A Bakou, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a rapporté que les forces arméniennes bombardaient la ville de Tartar.
Des affrontements ont éclaté dimanche entre les deux anciennes républiques soviétiques qui s'opposent depuis des décennies au sujet du Haut-Karabakh, territoire enclavé d'Azerbaïdjan peuplé majoritairement d'Arméniens et ayant proclamé son indépendance avec l'effondrement de l'URSS en 1991.
Le Haut-Karabakh a décrété dimanche la loi martiale et la mobilisation totale de sa population masculine face à la montée des tensions.
Affrontements les plus violents depuis 2016
Lundi, 28 soldats séparatistes de la région du Haut-Karabakh ont été tués dans les combats avec l'Azerbaïdjan, a annoncé le ministère de la Défense de cette province soutenue par l'Arménie. De son côté, Bakou a fait état de sept civils tués, dont les six membres d'une famille azerbaïdjanaise, et le Karabakh de deux civils ayant péri. Depuis dimanche, ce sont donc au moins 68 personnes qui ont perdu la vie.
Ces affrontements sont les plus violents depuis 2016 et ravivent l'inquiétude quant à la stabilité du Sud du Caucase, zone traversé par des oléoducs transportant du pétrole et du gaz vers les marchés mondiaux.
L'Arménie a saisi lundi d'urgence la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour demander des mesures provisoires à l'encontre de l'Azerbaïdjan.
Appels au calme
La France, médiatrice dans ce conflit dans le cadre du groupe de Minsk mis en place par l'OSCE qu'elle co-préside avec la Russie et les Etats-Unis, a appelé dimanche à une cessation immédiate des hostilités.
A Washington, Donald Trump a déclaré qu'il regardait la situation de très près. "Nous avons beaucoup de bonnes relations dans cette région. Nous allons voir si nous pouvons faire cesser cela", a-t-il dit lors d'un point de presse.
Les affrontements ont provoqué une vague de réactions diplomatiques, la Russie appelant à un cessez-le-feu immédiat et la Turquie affirmant qu'elle soutiendrait l'Azerbaïdjan.
agences/ther
Erdogan appelle à la fin de "l'occupation arménienne"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi à la fin de "l'occupation" arménienne du Haut-Karabakh pour faire cesser les combats meurtriers qui y opposent séparatistes soutenus par l'Arménie et forces azerbaïdjanaises.
"Le temps est venu pour que cette crise prenne fin. Aussitôt que l'Arménie aura quitté le territoire qu'elle occupe, la région retrouvera la paix et l'harmonie", a déclaré dans un discours Recep Erdogan, dont le pays est le principal soutien de l'Azerbaïdjan dans ce conflit.
"Toute autre demande ou proposition non seulement serait injuste et illégale, mais reviendrait à continuer à gâter l'Arménie", a-t-il ajouté.
Le Haut-Karabakh, une région sous tension
Le Haut-Karabakh ou Nagorny Karabakh est une région sécessionniste d'Azerbaïdjan qui est peuplée majoritairement d'Arméniens et qui est soutenue par l'Arménie.
La région a été le théâtre d'une guerre au début des années 1990 qui a fait 30'000 morts.
Depuis, les autorités azerbaïdjanaises veulent en reprendre le contrôle, par la force si nécessaire, alors que des pourparlers de paix sont dans l'impasse depuis de longues années.
Des combats opposent régulièrement séparatistes et Azerbaïdjanais, ainsi qu'Erevan et Bakou. En 2016, de graves heurts armés avaient failli dégénérer en guerre au Karabakh, et des combats ont également opposé en juillet 2020 Arméniens et Azerbaïdjanais à leur frontière.