Ces débats ont souvent marqué les esprits et même, parfois, l’histoire. Ce rendez-vous à un mois du scrutin n’est pas toujours décisif. Mais il est scruté. Car c’est souvent là que la personnalité d’un candidat se révèle. Ou se ternit.
Certains moments-clés de ces débats montrent à quel point l’exercice est complexe, car il mélange image, connaissance des dossiers, assurance, empathie et répartie. En 1960, pour une première télévisuelle, Kennedy affronte Nixon. Le candidat républicain sort de maladie, il est pâle, peu habitué au format, et c’est le jeune Kennedy qui prend l’ascendant, et remporte la présidentielle.
"Nixon transpirait, il avait perdu du poids. C’est la première leçon des débats télévisés: vous devez penser au visuel", a expliqué mardi Alan Schroeder, professeur à la Northeastern University, dans le 19:30. Et Kennedy comprend très bien que c’est une nouvelle donne: il s’adresse à la caméra, pas au modérateur comme Nixon. Kennedy crève l’écran, Nixon, lui, s’éponge le front… L'image restera, la démocratie cathodique est née.
Evacuer les questions qui fâchent
Le charisme, désormais, compte beaucoup. Et la répartie aussi. Faire bonne figure, et évacuer les questions qui fâchent. En 1984, le président Ronald Reagan est interrogé sur son âge, et il tourne le problème en dérision: "Je ne vais pas exploiter, à des fins politiques, l’âge et l’inexpérience de mon opposant".
S'agissant de l'âge, Alan Schroeder fait le lien avec le débat Trump-Biden: "Cette année, nous avons une situation intéressante: on a les deux plus vieux candidats de l’histoire en débat. C’est un exercice vraiment épuisant physiquement: 90 minutes de direct regardées par 100 millions de personnes, la pression sur ces hommes est énorme".
Eviter les gaffes
Il faut éviter les gaffes, parfois fatales. En 2000, le démocrate Al Gore veut jouer au dur avec sa carrure. Il s’approche de George W. Bush, qui ne se laisse pas impressionner. "C’est un moment très humiliant pour Gore, il pense faire le macho et prendre la situation en main, mais il passe pour un idiot", commente Alan Schroeder.
Pendant longtemps, les candidats se comportaient en gentlemen, ils ne se coupaient pas la parole. Mais avec les réseaux sociaux, les performances sont devenues plus brutales, à la recherche de la petite phrase. A l'image d'Hillary Cliton s'adressant à Donald Trump à propos de ses relations avec la Russie: "Poutine veut une marionnette à la Maison Blanche". Et Trump, furieux, de répliquer: "Non, non, pas une marionnette, pas de marionnette, c’est vous la marionnette".
Expérience de la télévision
"Trump n’observe pas les règles normales de la politique, mais il connaît la télévision, il en connaît les règles", explique le professeur. Joe Biden a l'expérience des débats télévisés, comme le montre son duel face à Sarah Palin en 2008. Mais c’est un autre genre d’animal politique qu’il s’apprête à affronter, imprévisible et sûr de lui.
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Sujets radio et TV: Céline Tzaud et Gaspard Kühn
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz