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Cirques et delphinariums français: où vont aller les animaux sauvages?

Un tigre lors d'un numéro dans un cirque. (image d'illustration) [EPA/Keystone - Sergey Dolzhenko]
Un tigre lors d'un numéro dans un cirque. (image d'illustration) - [EPA/Keystone - Sergey Dolzhenko]
En France, l'avenir des fauves des cirques ambulants et des cétacés des delphinariums est très incertain après l'annonce du gouvernement de les interdire dans ces lieux. Les autorités assurent toutefois qu'elles accompagneront cette reconversion.

Le 29 septembre, le gouvernement français annonçait "la fin des animaux issus d'espèces sauvages dans les cirques itinérants". Il sera donc progressivement interdit de détenir des fauves et de les faire se reproduire. Les orques et dauphins devront quant à eux sortir à terme des delphinariums.

>>Lire aussi: La France signe la fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants

A côté des problèmes économiques que ces mesures provoqueront dans les régions concernées se pose une autre question importante: que faire des animaux sauvages des cirques itinérants et des cétacés des delphinariums? Ces mammifères ne peuvent pas retourner à l'état sauvage.

Il est donc primordial de leur trouver des lieux dans lesquels ils pourront être réhabilités à une vie sans spectacle. Dans le Figaro, l'Association de défense des cirques de famille affirme que l'État devra gérer 500 fauves, six éléphants et  deux hippopotames issus des cirques de France.

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili assure que "des solutions vont être trouvées au cas par cas, avec chaque cirque".

Les delphinariums interdits de spectacles

La question des cétacés est tout aussi délicate. "Le parc Marineland, par exemple, fait partie d'une multinationale qui a d'autres delphinariums à travers le monde. Si les parcs de France sont interdits de spectacles, les dauphins et les orques ne ramèneront plus d'argent. Les actionnaires pourraient décider de les retirer des parcs et ils pourraient les envoyer ailleurs. C'est notre plus grande inquiétude", explique Christine Grandjean, présidente de l’association C’est Assez!.

Si le spectacle est magnifique, il pose la question des conditions de détention des animaux dans les delphinariums. [KEYSTONE - Regina Kuehne]
Si le spectacle est magnifique, il pose la question des conditions de détention des animaux dans les delphinariums. [KEYSTONE - Regina Kuehne]

Les conditions de ces parcs aquatiques sont parfois pires que celles qui prévalent en France.

Pour les orques, la situation est complexe. "Le ministère nous a laissé deux ans pour sortir les orques des parcs, mais les eaux de nos mers ne leurs conviennent pas et ils pourraient malheureusement rejoindre un delphinarium à l’étranger", regrette Christine Grandjean. "Il faut que l'on trouve rapidement une solution pour ces cétacés", ajoute-t-elle.

Une nouvelle vie pour les fauves

Plusieurs sanctuaires pour les fauves existent déjà en France et ailleurs dans le monde. Ils ont tous pour but de redonner une qualité de vie qui se rapproche de la vie sauvage et donc des besoins naturels des bêtes.

Par exemple, l'association Tonga Terre d'Accueil recueille des animaux exotiques. Elle essaie de réhabiliter les bêtes et de les sociabiliser pour former des groupes ou des couples, les zoos ou refuges préférant des bandes déjà formées. Ensuite, le centre les envoie dans leur lieu d'accueil final.

"Il y a des places en Afrique et en Europe. Les fauves des cirques auront un endroit où aller", ajoute Muriel Arnal, de l'association One Voice. "Nous en avons sauvé cinq cet été, et ils ont tous trouvé une place", évoque-t-elle.

Arrivée d'une lionne au centre Tonga Terre d'Accueil, après son sauvetage par l'association One Voice [AFP - NICOLAS LIPONNE / HANS LUCAS]
Arrivée d'une lionne au centre Tonga Terre d'Accueil, après son sauvetage par l'association One Voice [AFP - NICOLAS LIPONNE / HANS LUCAS]

Un seul sanctuaire pour cétacé

De tels sanctuaires ne sont pas répandus pour les cétacés, il n'en existe qu'un seul en Europe, au large de l'Islande: le Beluga Whale Sanctuary. Il accueille en ce moment deux bélugas sauvés de 11 ans de captivité dans un delphinarium chinois. Il est l'exemple de ce que les associations, comme C'est Assez! et One Voice, espèrent réussir à créer dans les prochaines années.

Le refuge a créé un bassin fermé de 32'000 mètres carrés et de neuf mètres de profondeur, un espace suffisant pour permettre aux deux bélugas de pouvoir nager, explorer et plonger en profondeur.

Ils sont actuellement dans le premier bassin, pour les réhabituer à l'eau de la mer. Au printemps prochain, ils iront dans le grand bassin.

Inquiétude pour les orques

Il y a aussi un espace maritime en Méditerranée, le sanctuaire Pelagos, qui permet de protéger les mammifères marins sauvages qui le fréquentent.

Un lieu protégé qui ne serait pas adapté pour les dauphins ou les orques sortant des delphinariums: "il faut des endroits où les cétacés peuvent se réhabiliter. Ils doivent d'abord se muscler et se réhabituer à vivre dans une eau naturelle", explique Muriel Arnal.

L'inquiétude est forte pour les orques qui doivent trouver un nouveau lieu en deux ans. Les dauphins auront un peu plus de temps. "Le ministère a tenu compte de nos demandes en laissant 7 à 10 ans pour trouver des sanctuaires aux dauphins", explique Christine Grandjean.

Un long processus

La ministre Barbara Pompili assure que le gouvernement réfléchit à la création de lieux adaptés pour les 29 dauphins des différents delphinariums de France. "Il y a des projets à l'étude pour créer de tels endroits", précise Muriel Arnal de One Voice.

"La création de sanctuaires va prendre du temps. En plus, ils ne pourront accueillir que 7 à 8 dauphins maximum. Il faudra pas mal de sanctuaires pour placer les 29", soupire la présidente de C'est Assez!.

L'espoir de ces associations de défense des animaux est que le ministère puisse convaincre les différents parcs aquatiques de donner leur liberté aux cétacés plutôt qu'ils soient placer dans d'autres parcs à l'étranger. "Il faut que les parcs jouent le jeu et collaborent avec le ministère et les associations", ajoute Christine Grandjean.

Clotilde Loup

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