>> Cas sur 14 jours pour 100'000 habitants (cliquez sur les régions pour afficher plus d'informations):
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"Vers un ensemencement général du territoire européen"
Après un été relativement calme, la deuxième vague de Covid-19 frappe l'Europe de manière inégale cet automne. Comme le montre la carte ci-dessus, réalisée à partir de données compilées par l'OMS, le virus se répand activement dans plusieurs pays, dont l'Espagne, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la France. A l'inverse, l'Italie, la Grèce et l'Allemagne semblent relativement épargnés.
Mais selon l'épidémiologiste Antoine Flahault, la pandémie n'a jamais été aussi homogène en Europe: "Il reste un fond d'hétérogénéité, mais on tend vers un ensemencement plus général du territoire européen, avec actuellement une montée des cas dans une grande partie de l'Europe de l'Ouest".
Métropoles premières victimes
D'après le directeur de l'Institut de santé globale à l'UNIGE, les foyers sont probablement partis cet été du sud de l'Europe, des zones touristiques fréquentées notamment par de nombreux jeunes. Ils se sont ensuite répandus petit à petit, surtout dans les métropoles. "Le virus aime particulièrement les milieux urbains densément peuplés comme les quartiers populaires", constate-t-il.
La région de Madrid illustre ce phénomène. Elle enregistrait jeudi près de 900 cas sur 14 jours pour 100'000 habitants. Cette incidence est 15 fois plus élevée que le seuil de 60 fixé par la Confédération pour juger une zone à risque.
L'Italie épargnée
A l'inverse, certaines régions, à l'image de l'Italie, contiennent la hausse des cas. Comment? Antoine Flahault émet des hypothèses: "En Italie, avec le souvenir de la première vague, la population adhère peut-être davantage aux mesures barrières. En Grèce, le port du masque est plus répandu et pourrait expliquer la situation."
Mais les zones épargnées se raréfient. Ces dernières semaines, le virus a gagné du terrain. Si la dynamique perdure, l'Europe se dirige vers une large deuxième vague. "Si on définit la deuxième vague comme l'association exponentielle des cas et des décès, l'Espagne semble désormais se trouver dans le démarrage d'une telle situation. La France est en train d'y entrer à son tour. D'autres pays n’ont peut-être que quelques semaines de décalage", avertit l'épidémiologiste.
Protéger les personnes âgées et télétravail
Alors que la France durcit ses mesures, que l'Espagne reconfine certaines régions de Madrid, en fait-on assez pour endiguer l'avancée du virus?
Antoine Flahault juge les réponses politiques "adaptées et proportionnées" pour que la population y adhère, mais voit trois améliorations à mettre en place. D'abord, il s'agit de mieux protéger les personnes âgées, qui représentent 90% des décès. "C'est la priorité absolue", insiste-t-il, mentionnant les EMS.
La seconde, c'est le télétravail. Il permet de réduire les infections dans les transports publics et de limiter les interactions au travail. "Trop d'entreprises sont frileuses", regrette l'épidémiologiste. "Il faut que les gouvernements prennent les devants pour inciter au télétravail sans ambiguïté. Dès que c'est possible, il faut télétravailler."
Enfin, il faudrait cesser de dire de ne porter le masque que lorsque la distance de 1,5 mètre ne peut pas être respectée. "Le discours devrait sans ambiguïté promouvoir le port du masque en lieux clos, en toutes circonstances", conclut Antoine Flahault.
Valentin Tombez