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Bhutto exige la démission de Musharraf

L'état d'urgence n'a pas été levé, déplore le Commonwealth
Un millier de policiers surveille la maison de Benazir Bhutto
L'ex-Premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto, à nouveau assignée à résidence, a réclamé mardi pour la première fois la démission du président Pervez Musharraf. Lundi, elle avait annoncé ne plus vouloir partager le pouvoir.

"Nous affirmons que Musharraf doit partir. L'époque de la
dictature est révolue", a lancé Benazir Bhutto au téléphone sur la
chaîne britannique "Sky News TV". "Je demande à la communauté
internationale de cesser de le soutenir, de cesser de soutenir
l'homme dont la dictature menace d'enfoncer cette puissance
nucléaire dans le chaos", a-t-elle poursuivi.

Un mandat d'arrêt à domicile de sept jours a été délivré à
Benazir Bhutto dans la nuit dans une maison de Lahore (est), pour
l'empêcher de lancer une "longue marche" contre l'état d'urgence
maintenu au Pakistan malgré des législatives dans deux mois.

Résidence scellée

La résidence d'un haut responsable de son parti dans laquelle
Bhutto se trouvait à Lahore, la mégalopole de l'est (10 millions
d'habitants), a été encerclée dès lundi soir par des centaines de
policiers. "Cette maison est désormais considérée comme une
prison", a annoncé le chef de la police de Lahore, Ayaz
Salim.



Des officiers de l'administration pénitentiaire se sont installés
à l'extérieur pour veiller à l'application du mandat d'arrêt. Et
plus de 1100 policiers ont littéralement scellé tous les accès à la
résidence, encerclée par deux cordons de barbelés, puis un de
barrières de bois. Des conteneurs barrent enfin les deux accès à la
rue qui mène à la maison.

"Longue marche" impossible

Des partisans de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto ont quand
même entamé mardi à Lahore (est) une manifestation pour protester
contre l'état d'urgence et réclamer la démission du président
Pervez Musharraf.



La "longue marche" de Lahore à Islamabad (275 km) avait pour but
de réclamer la levée de l'état d'urgence instauré il y a dix jours
par le général Musharraf qui prévoit de le maintenir pour les
législatives prévues avant le 9 janvier, ce que rejette
catégoriquement B.Bhutto. La manifestation a été interdite par la
police qui invoque l'interdiction des rassemblements par les
dispositions de l'état d'urgence mais surtout la sécurité de
Benazir Bhutto et ses partisans.



Lundi, la police l'a avertie qu'elle était une nouvelle fois sous
la menace grave d'un attentat. L'ancienne Premier ministre avait
déjà été la cible, le 18 octobre jour de son retour au Pakistan
après huit ans d'exil volontaire, de l'attentat le plus meurtrier
de l'histoire du pays, qui avait tué 139 personnes. Les autorités
avaient déjà empêché vendredi la tenue d'un meeting du Parti du
peuple pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto dans la banlieue
d'Islamabad et assigné sa dirigeante à résidence pour la
journée.



afp/bri

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Malaise grandissant dans l'armée

L'armée pakistanaise soutient le général Musharraf depuis son coup d'Etat, mais la crise politique et l'activisme islamiste inquiètent manifestement les troupes.

Si personne n'évoque sérieusement un renversement du général-président par ses pairs, tous conviennent qu'un malaise s'est installé dans les rangs. "Nous n'avons observé aucune faille apparente; mais l'inquiétude et l'appréhension grandissent", avertit I.Sehgal ancien officier supérieur et rédacteur en chef d'un mensuel.

D'insistantes rumeurs de putsch à son égard sont apparues dans la foulée de l'instauration de l'état d'urgence. Le gouvernement avait dénoncé un "canular malveillant", mais le démenti officiel n'en a pas moins livré une indication intéressante sur l'acuité de la crise.

Cette allégeance est d'autant plus ancrée que l'armée partage avec Musharraf une méfiance viscérale à l'égard du pouvoir judiciaire et une hostilité envers l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto. La force de mobilisation populaire de celle-ci dérange les militaires.

Néanmoins, les militaires sont démoralisés dans leur lutte contre l'insurrection islamiste et ses combattants qui n'hésitent pas à décapiter les soldats. Depuis juillet, le Pakistan a été ensanglanté par une vingtaine d'attentats suicide, ayant tué 420 personnes.

Fin de l'état d'urgence exigée

Mardi, le président américain George W.Bush, dont P.Musharraf est l'"allié-clé" dans sa "guerre contre le terrorisme", a également appelé à la levée de l'état d'urgence pour que les élections soient "libres et équitables".

Le Commonwealth a annoncé lundi soir qu'il suspendra le Pakistan lors de sa prochaine réunion le 22 novembre si le président Pervez Musharraf n'aura pas d'ici là levé l'état d'urgence et les diverses restrictions aux libertés civiques.