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France: début du procès de l'affaire Erignac

Dominique Erignac, veuve du préfet, et son avocat Philippe Lemaire
Dominique Erignac, veuve du préfet, et son avocat Philippe Lemaire
Le procès d'Yvan Colonna, accusé de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, s'est ouvert lundi à Paris, entouré d'un dispositif de sécurité exceptionnel. L'accusé risque la réclusion à perpétuité.

Vêtu de noir, entouré de trois gendarmes, il a répondu à
l'interrogatoire d'identité. Interrogé sur sa profession, il a dit:
«berger». Ce crime politique, le plus grave en trente ans de
violence sur l'île, a déjà fait l'objet de deux autres procès. Cinq
des participants directs au crime, ainsi qu'un homme ayant
participé aux préparatifs, ont été condamnés.

Arrêté en juillet 2003 en Corse après quatre ans de fuite, Yvan
Colonna, 47 ans, est présenté par l'accusation comme celui qui a
fait feu à Ajaccio le 6 février 1998. L'accusé se dit innocent.

Pétition de soutien

Depuis l'île, où sa famille a recueilli plus de 31'000
signatures de soutien, plusieurs responsables nationalistes ont
fait le voyage en signe de solidarité, comme le docteur Edmond
Siméoni, figure historique du mouvement et conseiller territorial.
«Nous venons demander un procès équitable, le respect de la
présomption d'innocence. Nous ne sommes pas inquiets quant à
l'issue du procès», a-t-il déclaré avant l'audience, tout en
soulignant que «dans le cas corse, la justice ne s'exprime pas
sereinement».



Après les formalités d'ouverture du procès, la cour d'assises,
composée de sept magistrats professionnels, doit entendre mardi la
famille d'Yvan Colonna et ses proches. La première déclaration de
l'accusé est prévue mercredi.

Aucune preuve

L'accusation ne dispose ni de preuve matérielle ni de témoignage
oculaire contre Yvan Colonna. La défense d'Yvan Colonna, forte de
quatre avocats, entend donc plaider l'acquittement. Des dizaines de
témoins seront appelés à la barre durant le mois d'audience.



Parmi les temps forts attendus les trois juges d'instruction de ce
lourd dossier témoigneront le 28 novembre, deux jours après
l'ancien chef de la division nationale antiterroriste (DNAT), Roger
Marion, et le successeur de Claude Erignac, Bernard Bonnet, qui a
promis «d'éclairer certains faits d'un jour nouveau».



afp/sun

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Six hommes déjà condamnés

Claude Erignac a été abattu de trois balles dans la tête alors qu'il venait de garer sa voiture près du théâtre Le Kalliste, où son épouse l'attendait pour un spectacle.

Les six hommes déjà condamnés, un groupe de nationalistes dissidents de Cargèse, ont dit avoir agi pour «refonder» la cause indépendantiste.

Ce groupe avait revendiqué l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella en 1997, où a été volée l'arme qui devait servir à tuer le préfet. Yvan Colonna sera aussi jugé pour ces faits.

Les protagonistes se rebiffent

Les protagonistes du crime, tout en admettant leur propre implication, sont revenus sur leurs déclarations de 1999 où ils accusaient pour cinq d'entre eux leur ami berger.

Ils disent désormais qu'Yvan Colonna est étranger à l'affaire. Un d'entre eux, Pierre Alessandri, dit être le «vrai» tireur.