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Assassinat Erignac: perpétuité pour Colonna

Le soutien corse n'a pas suffi pour Yvan Colonna
Le soutien corse n'a pas suffi pour Yvan Colonna
Le nationaliste corse Yvan Colonna a été condamné jeudi à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, en 1998. La défense, qui avait plaidé l'acquittement, a annoncé qu'elle ferait appel.

Après un mois de procès et cinq heures de délibération, les sept
magistrats de la cour d'assises spéciale de Paris n'ont pas
complètement suivi les réquisitions de l'accusation, qui avait
demandé la perpétuité assortie d'une période de sureté de 22 ans
incompressible.

Comme il y a eu appel de la défense, un nouveau procès sera
organisé dans un délai d'environ un an.

"Ne pleurez pas"

A la lecture du verdict, les membres de la famille Colonna se
sont effondrés en larmes tandis que des membres du public criaient
"liberta". Yvan Colonna a levé ses mains menottées en leur
direction et leur a dit, en corse, "ne pleurez pas".



Le verdict a été rendu en présence des principaux élus et
dirigeants nationalistes corses de toutes tendances, dont Jean-Guy
Talamoni et Edmond Simeoni, qui soutiennent le berger de
Cargèse.



Juste avant que la cour d'assises spéciale ne se retire pour
délibérer, l'accusé avait une dernière fois clamé son innocence.
"Au bout d'un mois de procès, je pense avoir répondu sincèrement à
toutes les questions qui ont été posées. Je n'ai rien d'autre à
ajouter, si ce n'est que je réaffirme avec force que je suis
innocent", avait-il dit.

L'enquête critiquée

La défense avait critiqué l'enquête, qui aurait selon elle
oublié des suspects potentiels. "Notre justice s'est vautrée dans
des pratiques que ne désavoueraient pas certaines dictatures
africaines ou asiatiques", a déclaré Maître Sollacaro.



Selon lui, le dossier procède d'un montage destiné à faire oublier
l'arrestation en 1999 de Bernard Bonnet, successeur de Claude
Erignac, qui avait ordonné l'incendie de restaurants de plage
illégaux.



"Le maître-mot de ce dossier, c'est manipulation", a-t-il dit dans
sa plaidoirie. Selon lui, Jean-Pierre Chevènement, qui était
ministre de l'intérieur en 1999, "a fait de la manipulation pour
protéger son préfet qui brûlait".



agences/boi

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Un drame remontant de 1998

Le préfet de Corse Claude Erignac avait été tué de trois balles dans la tête le 6 février 1998 à Ajaccio.

Yvan Colonna, arrêté en juillet 2003 dans le maquis corse après plus de quatre ans de fuite, s'est déclaré innocent lors du procès.

Six hommes ont déjà été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans de réclusion à la perpétuité pour leur participation au crime et à ses préparatifs.

Cinq d'entre eux, ainsi que plusieurs de leurs compagnes ou épouses, ont mis en cause Yvan Colonna avant de se rétracter.

En l'absence de preuves matérielles, c'est sur ces dépositions que l'accusation reposait contre le berger de Cargèse.

Réaction des nationalistes

A Bastia, des nationalistes ont jeté des pierres sur la façade du Palais de justice et incendié quelques poubelles à l'annonce du verdict.