En tant que dirigeants des trois pays du "groupe de Minsk" sur ce dossier, les trois présidents appellent aussi "les dirigeants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan à s'engager sans délai à reprendre les négociations de fond" sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), indiquent-ils dans un communiqué.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est le principal allié de l'Azerbaïdjan, a pour sa part affirmé qu'un cessez-le-feu passait par un retrait des forces arméniennes de cette enclave séparatiste.
Le président turc a accusé les Etats-Unis, la France et la Russie d'avoir "ignoré durant 30 ans" le problème du Haut-Karabakh. "Leur quête à présent d'un cessez-le-feu est inacceptable", a-t-il ajouté.
Les combats s'intensifient
De leur côté, Arméniens et Azéris restent sourds à de nouveaux appels à la trêve, continuant d'échanger des tirs et affirmant s'infliger des dégâts humains et matériels considérables dans ce territoire azéri soutenu par Erevan.
A Stepanakert, capitale de cette république autoproclamée, la situation est toutefois calme, malgré une importante présence policière. Deux explosions ont retenti dans la nuit, alors que la ville était plongée dans le noir pour se rendre aussi invisible que possible aux drones azéris ayant frappé la ville dimanche. Les habitants vivent toutefois dans une anxiété extrême (voir encadré ci-dessous).
Au cinquième jour des affrontements, aucun camp ne semble avoir gagné un avantage décisif sur l'autre mais "les combats se sont intensifiés dans la matinée", a assuré le porte-parole du ministère arménien de la Défense, affirmant que "l'ennemi a subi "des pertes énormes".
Bilans partiels
Les forces azéries, qui disent depuis plusieurs jours avoir pris des positions arméniennes tenues depuis plus de 30 ans, ont émis des revendications similaires et assuré que les combattants séparatistes ont dû "se retirer de positions qu'ils tenaient sur toute la ligne de front".
Le Haut-Karabakh, en majorité peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30'000 morts. Le front est quasi-gelé depuis malgré des heurts réguliers, notamment en 2016.
Depuis le début des hostilités dimanche, seuls des bilans partiels sont communiqués, faisant état au total de 128 morts. Du côté arménien, 104 soldats et 8 civils ont été annoncés tués. Bakou se refuse de son côté à communiquer des bilans militaires mais a annoncé la mort de 16 civils.
afp/gma
Deux journalistes du Monde blessés
Un journaliste et un photographe qui couvraient pour le journal français Le Monde le conflit au Haut-Karabakh ont été blessés, a indiqué le directeur des rédactions du Monde, sans donner plus de détails.
Sur Twitter, le ministère arménien des Affaires étrangères a précisé que "deux reporters français du Monde ont été blessés à Martuni dans la région de Artsakh par un bombardement azéri. Ils sont transportés à l'hôpital".
Emmanuel Macron a annoncé que la France préparait un avion pour rapatrier les deux journalistes.
Les habitants de Stepanakert dans l'attente
Depuis dimanche, la sirène retentit plusieurs fois par jour dans les rues de Stepanakert, petite capitale du Haut-Karabakh. C’est sans doute qu’un drone d’attaque azerbaïdjanais rode dans le ciel de la ville. Cette dernière n'avait pas reçu d'obus depuis 1994.
Ses 55'000 habitants sont terrés chez eux. Les écoles et magasins, sauf ceux de première nécessité, sont fermés.
Dans sa boulangerie, Camilla, la soixantaine, pétrit sa pâte avec rage: "Les gens vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Certains quittent leurs maisons. Les enfants ont peur. On ne sait pas comment comment s’adapter à cette situation."
Camilla supplie: "Je fait appel au monde entier. Nous ne voulons pas de guerre. Nous ne voulons que la paix. Arrêtez en urgence cette guerre ! Combien de soldats disparus... et nous nous sommes des mères. Ces soldats ne sont pas seulement les enfants de leurs mères, ce sont aussi les nôtres."