A première vue, les annonces de mardi n'ont l'air de rien: les
deux parties sont tombées d'accord pour négocier, et ce pendant
encore près de deux mois.
Si tout se passe bien, ce n'est qu'au terme de nouvelles
discussions que ce conflit au long cours sera véritablement résolu
fin janvier. Pourtant, l'avancée de mardi est considérable: les
deux protagonistes principaux de la bataille qui oppose les
conducteurs de train et leur employeur, le président de GDL Manfred
Schell et le patron de la compagnie Hartmut Mehdorn, sont apparus
ensemble en public, et se sont serrés la main devant les caméras,
ce qui n'était pas arrivé depuis des mois.
Compromis en vue
En outre, GDL a promis de ne pas faire grève tout le temps que
dureront les négociations, c'est-à-dire jusqu'à février, ce qui est
loin d'être négligeable à l'approche des fêtes de fin d'année et de
leurs chassés-croisés de voyageurs. Un compromis est clairement en
vue sur le fond. "Nous avons trouvé aujourd'hui une base solide", a
affirmé Manfred Schell lors d'un point de presse à Berlin.
GDL réclame pour les quelque 20'000 conducteurs de la Deutsche
Bahn une convention collective propre, arguant de la dureté de leur
travail. Pour cette année, le syndicat voulait notamment des
augmentations de salaires pouvant aller jusqu'à 31%, bien plus que
les 4,5% obtenus par les autres salariés de la Deutsche Bahn au
printemps. La compagnie publique a catégoriquement refusé de céder
sur ce point, invoquant «l'unité tarifaire» entre ses employés.
Convention de base
La Deutsche Bahn, qui négocie sa convention collective avec deux
organisations principales, Transnet et GBDA, craignait que
l'exemple des conducteurs ne fasse école. Dans la solution trouvée,
la compagnie aura toujours une seule convention collective, une
"convention collective de base", à renégocier, et en son sein des
dispositions particulières règleront le sort des différents corps
de métier.
La formulation permet aux deux parties de sauver la face. La
Deutsche Bahn peut continuer à affirmer qu'elle aura "une nouvelle
convention valable pour tous", selon les mots de son patron, tandis
que GDL a obtenu gain de cause sur des dispositions séparées. Il
faut néanmoins que les autres syndicats, Transnet et GBDA,
approuvent le principe.
"Ce dont nous avons parlé aujourd'hui est compatible avec ce que
nous avons l'intention de négocier avec les autres", a assuré
Hartmut Mehdorn. "Nous avons beaucoup de travail devant nous", a
déclaré Manfred Schell. Mais le plus important, pour beaucoup en
Allemagne, c'est que de nouvelles grèves sont écartées, après six
arrêts de travail en six semaines.
agences/hof
En France, menace de grève chez EDF et GDF
Alors qu'en Allemagne une solution se dessine quant au conflit salarial qui oppose le syndicat GDL, qui a fait pression en lançant des grèves, et la Deutsche Bahn, en France, c'est au tour des fédérations syndicales d'EDF et de GDF de monter au créneau.
Les fédérations syndicales françaises de l'énergie (électricité et gaz) ont en effet appelé mardi soir à la grève et à des manifestations pour jeudi, après l'échec d'une réunion avec le patronat sur les salaires, a-t-on appris de sources syndicales.
Les syndicats avaient menacé fin novembre d'une "journée d'action" si le patronat ne faisait pas de nouvelles propositions sur la question des salaires, dans le cadre d'une négociation entamée le 16 novembre en amont de celle sur le régime spécial de retraite.
"Il y a un appel à la grève et à des manifestations", a expliqué Max Royer, de Force ouvrière (FO), à l'issue d'une réunion interfédérale.
"On ira à la grève, car les propositions des organisations patronales sont loin du niveau qu'on demande, même s'il y a des avancées significatives", a précisé Jacques Mouton (CFDT). "Le compte n'y est pas il faut faire des efforts supplémentaires".
Le projet de réforme des régimes spéciaux de retraite avait entraîné des grèves dans les transports durant neuf jours en novembre, mais également chez Gaz de France (GDF) et Electricité de France (EDF).