«Le bilan atteint 3000 morts confirmés», a déclaré Abdur Rab,
président de la société du Croissant-Rouge bangladais. «Il pourrait
dépasser les 5000, mais cela restera sous les 10'000», a-t-il
affirmé, trois jours après le pire cyclone survenu en près de vingt
ans au Bangladesh. Le gouvernement s'en tenait dimanche à «2217
morts».
Pour l'ensemble des régions méridionales ravagées jeudi, la
Croix-Rouge bangladaise a calculé que "900'000 familles étaient
dans le besoin", soit sept millions de personnes. "Des millions de
gens sont sans abri et moins de 1% de cette population a été
secourue", a évalué Hariprasad Pal, administrateur du district de
Jhalokati, l'un des plus meurtris avec celui de Barguna, à une
centaine de km au sud de Dacca, la capitale.
Pire tempête des dernières années
Le cyclone Sidr a balayé le pays avec des vents de 250 km/h les
districts côtiers, près de la frontière avec l'Etat indien du
Bengale occidental. Il a provoqué une hausse de cinq mètres du
niveau des eaux qui ont dévasté trois villes côtières, Patuakhali,
Barguna et Jhalakathi, emportant les habitations, détruisant les
récoltes et le bétail et conduisant à l'évacuation de 3,2 millions
d'habitants.
Des responsables ont parlé de la pire tempête de ces dernières
années dans un pays ravagé par un ouragan en 1970, qui avait fait
un demi-million de morts, et par un terrible raz-de-marée
cyclonique en 1991, qui avait tué 138'000 personnes. Les blessés
devraient aussi se compter par centaines, voire par milliers, ont
averti des sources officielles et des médias locaux.
.
Même si le bilan humain est bien moins élevé qu'en 1970 et en
1991, le ministère de la Gestion des catastrophes naturelles craint
d'"énormes dégâts" dans ce pays musulman laïc de 144 millions
d'habitants, dont 40% vivent avec moins d'un dollar par jour, ce
qui en fait l'un des plus pauvres au monde.
La capitale dans le noir
Pour tenter d'éviter un bilan aussi tragique, les autorités
avaient pris les devants en évacuant 250'000 personnes, lesquelles
ont dormi dans des abris anticycloniques construits sur la côte. La
plupart des gens ont été tués par des chutes d'arbres sur leurs
habitations de fortune en pisé, en bambou ou en paille.
La capitale Dacca était samedi matin encore partiellement plongée
dans l'obscurité, en raison de la mise hors service de la plupart
des centrales électriques. Le rétablissement du courant pourrait
prendre trois jours, ont déclaré les autorités.
agences/tac/bri
La Confédération débloque 200'000 fr.
L'aide humanitaire de la Confédération et l'Entraide protestante suisse (EPER) ont débloqué chacun 200'000 francs. Dès dimanche (demain), le coordinateur régional de la Direction du développement et de la coopération (DDC) basé à Bangkok soutiendra le bureau de Dacca.
L'aide permettra d'acheminer des paquets alimentaires, de l'eau potable, du matériel hygiénique et des médicaments vers les populations sinistrées par le passage du cyclone.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a annoncé de son côté vendredi avoir débloqué 200'000 francs. Caritas et la Chaîne du Bonhneur verseront eux 100'000 francs.
La marine a dépêché de son côté cinq navires remplis de vivres et de médicaments. L'UE a débloqué 1,5 million d'euros d'aide et les Etats-Unis ont proposé leur assistance.
Le gouvernement espagnol octroie une aide d'urgence de 750'000 euros. L'Agence espagnole de Coopération internationale (AECI) a elle débloqué 500'000 euros auprès du Programme alimentaire mondial (PAM) pour permettre l'envoi de 1600 tonnes d'aliments dans le pays.
Désastre écologique
Le cyclone a dévasté la plus grande mangrove du monde inscrite au patrimoine mondial de l'humanité et classée biosphère depuis 2001, a annoncé samedi une organisation de protection de la nature.
Le site naturel des Sunderbans, qui forme une multitude d'îles et une frontière naturelle avec l'Inde, abrite une réserve exceptionnelle d'espèces d'animaux rares: tigre royal du Bengale, dauphin gangétique, crocodile estuarien ou tortue marine. Les vents ont ravagé la mangrove en abattant des milliers d'arbres. Des milliers de daims et tigres ont probablement été emportés dans les rivières en crue.
D'après des experts, la mangrove forme un bouclier naturel contre les tempêtes et raz-de-marée qui menacent régulièrement les côtes méridionales du Bangladesh. Les Sunderbans abritent encore quelque 500 tigres royaux du Bengale et 5000 à 6000 espèces en voie de disparition dans le monde, contre 100'000 il y a un siècle.