Dans sa troisième lettre encyclique, le pape argentin reprend des commentaires distillés au fil de sept ans et demi de pontificat pour "contribuer à la réflexion" sur un "nouveau rêve de fraternité et d'amitié sociale" jugé indispensable au temps de la pandémie. "On peut aspirer à une planète qui assure terre, toit et travail à tous", écrit-il.
François constate amèrement que "l'individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre" dans une société malade "tournant le dos à la souffrance".
"Tout ne se résout pas avec la liberté de marché"
Sans surprise, le chef des 1,3 milliard de catholiques s'en prend au "dogme de foi néolibéral", "une pensée pauvre, répétitive". "La spéculation financière, qui poursuit comme objectif principal le gain facile, continue à faire des ravages", déplore-t-il, alors même que "la fragilité des systèmes mondiaux face aux pandémies a mis en évidence que tout ne se résout pas avec la liberté de marché".
"Nous ne devons pas tout attendre de nos gouvernants; ce serait puérile", reconnaît-il. Mais le pape demande à la politique de se réhabiliter auprès de l'opinion publique en "visant le bien commun". Et tant pis si "investir en faveur des personnes fragiles ne peut pas être rentable".
Cette vision comprend la défense du droit au travail et à l'alimentation (car "la faim est un crime") ou encore l'égalité pour les femmes. Elle implique aussi une réflexion sur la dette des pays pauvres.
Les populistes jugés
Le pape, né en Argentine dans une famille de migrants italiens, lance un nouvel appel à l'accueil des migrants, en dénonçant "les nationalismes fondés sur le repli sur soi". "Les groupes populistes fermés défigurent le terme 'peuple'", juge-t-il encore, en dénigrant des dirigeants "qui répondent à des exigences populaires afin de garantir des voix".
ats/cab