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Le Liban se réveille sans chef de l'Etat

Emile Lahoud a quitté son poste, laissant le Liban sans président
Emile Lahoud a quitté son poste, laissant le Liban sans président
Les magasins ont ouvert comme si de rien n'était samedi à Beyrouth, alors que le Liban s'éveillait sans président, après une journée marquée par le départ du président pro-syrien Emile Lahoud à minuit.

"Une République sans président", titrait le quotidien proche de
l'opposition, Al-Balad, après le départ à minuit du prosyrien Emile
Lahoud, au terme de son mandat, sans que le parlement ne soit
parvenu à lui trouver un successeur. Le journal a choisi de mettre
à sa une un encart blanc "en guise de photo du nouveau chef de
l'Etat".

Plusieurs journaux estiment que le Liban est entré dans une
période de "vide organisé" et redoutent que cette étape ne se
prolonge indéfiniment. "Il y a désormais un statu quo, les deux
camps ayant peur l'un de l'autre", déclare à l'AFP un diplomate
arabe à Beyrouth. "Il y a des craintes que la situation ne dégénére
en un conflit entre sunnites et chiites ou entre chrétiens, c'est
pour cela que tout le monde va faire preuve de retenue".

Sécurité renforcée

La majorité des sunnites soutient la coalition antisyrienne au
pouvoir, tandis que les chiites appuient pour la plupart
l'opposition, menée par le puissant Hezbollah, allié de Damas. Les
chrétiens, et notamment la communauté maronite dont est
traditionnellement issu le président de la République, sont divisés
entre les deux blocs.



En quittant le palais présidentiel, Emile Lahoud, un des
présidents les plus controversés de l'histoire du Liban, a confié à
l'armée la sécurité du pays. Cette initiative a immédiatement été
rejetée par le gouvernement qui, conformément à la Constitution,
est investi dès samedi de tous les pouvoirs exécutifs du fait du
vide présidentiel.



L'armée, régulièrement chargée du maintien de l'ordre, a été
déployée sur les principaux axes de la capitale. Inquiets de la
vacance présidentielle, les Etats-Unis, l'ONU et l'Union européenne
ont exhorté toutes les parties libanaises à faire preuve de retenue
et à s'efforcer de trouver un compromis le plus tôt possible.



"La Syrie et les Etats-Unis organisent le vide dans le calme",
titre le quotidien al-Akhbar, en estimant que les deux pays veulent
mettre une sourdine au dossier libanais avant la conférence de paix
au Proche-Orient d'Annapolis, près de Washington, la semaine
prochaine. En raison de la tension politique, les mesures de
sécurité ont été renforcées, notamment à Beyrouth et ses
environs.



ap/afp/hof

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Vide présidentiel

Faute de consensus entre majorité et opposition, la séance du Parlement, qui élit le président, a été reportée vendredi - pour la cinquième fois en deux mois - au 30 novembre. La vacance au sommet de l'Etat suscite l'inquiétude des Libanais et de la communauté internationale sur l'avenir du pays et relance les craintes sur une possible dégradation de la sécurité.

Le Liban, qui s'est donc réveillé samedi sans chef de l'Etat, fait face désormais à un vide présidentiel qui fait redouter une aggravation des tensions provoquées par le bras-de-fer persistant entre un gouvernement soutenu par l'Occident et l'opposition proche de Damas et Téhéran.

Le gouvernement a assuré vendredi soir qu'il continuerait "d'assumer ses responsabilités et d'exercer toutes ses prérogatives" après le départ du président. Or ce même gouvernement est considéré par l'opposition, comme par l'ex-président, comme "illégitime", depuis la démission il y a un an des ministres chiites de l'opposition.

Suite à ce départ qui a plongé le pays dans une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-90), la majorité accuse l'opposition de suivre les instructions de Damas et de Téhéran pour permettre à la Syrie, ancienne puissance de tutelle, de regagner son influence. L'opposition accuse quant à elle le pouvoir d'être inféodé à l'Occident, et notamment aux Etats-Unis, et de vouloir imposer un président soumis au bon vouloir de Washington.