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Beyrouth: un général tué dans un attentat

Une voiture piégée serait la cause de l'explosion meurtrière
Une voiture piégée serait la cause de l'explosion meurtrière
Un général de l'armée libanaise, François el-Hajj, et son garde du corps ont été tués mercredi dans un attentat perpétré à Beyrouth, près du palais présidentiel. Un événement qui déstabilise encore plus ce pays déjà en crise politique.

François el-Hajj, 54 ans, était
le chef des opérations l'été dernier lors des combats entre l'armée
libanaise et les islamistes du Fatah al Islam dans le camp de
réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared. C'est un proche du candidat
favori à la présidence, le chef de l'armée Michel Souleimane. Selon
plusieurs sources, il était pressenti pour le remplacer à la tête
de l'armée après son éventuelle élection.

Le bilan de l'attentat a été revu à la baisse à deux morts et
huit blessés, selon l'armée et la Croix Rouge libanaises. L'attaque
n'a pour l'heure pas été revendiquée, mais elle touche l'armée, une
institution solide au Liban, renforçant encore la pire crise
politique que connaît le pays depuis la fin de la guerre civile
(1975-1990).

Première tête militaire tuée

Un responsable de la sécurité a déclaré qu'une voiture piégée
avait explosé au passage de la voiture de la victime au moment où
"le général se dirigeait vers son lieu de travail", le ministère de
la Défense. La déflagration, qui s'est produite à 7h locales (6h
suisses), a projeté la voiture du général à plusieurs mètres et
d'autres véhicules ont pris feu alentour. Plusieurs bâtiments ont
été endommagés. Des scènes de panique ont immédiatement
suivi.



Inspectant les lieux de l'attentat, le chef de l'armée a appelé à
ne pas instrumentaliser cet assassinat, assurant que le terrorisme
n'entamerait pas la détermination de l'armée. "L'armée aujourd'hui
est plus forte que jamais car François Hajj le martyr nous a laissé
son sang en héritage".



Depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en
février 2005, sept autres personnalités anti-syriennes ont été
tuées dans des attentats imputés par la majorité parlementaire à la
Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban. Le général François
el-Hajj est la première personnalité militaire assassinée.



afp/bri/boi

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Crise politique

Cette explosion se produit alors que le Liban est plongé dans une grave crise politique, illustrée par l'incapacité des partis à s'entendre pour élire un président de la République.

Le président du Parlement Nabih Berri a annoncé lundi soir que la séance prévue mardi pour l'élection du président avait été reportée, pour la 8e fois, au lundi 17 décembre.

Les milieux politiques évoquent désormais l'impossibilité d'organiser un vote du Parlement avant la fin de l'année, voire mars prochain, début de la prochaine session ordinaire du Parlement.

Le président Emile Lahoud a quitté ses fonctions au terme de son mandat le 23 novembre sans qu'un successeur ne lui ait été trouvé.

Attentat condamné

"Cette action lâche, commise contre l'un des principaux responsables de l'institution militaire libanaise participe d'une volonté évidente de déstabilisation", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

"La seule réponse doit consister à faire preuve d'esprit de responsabilité en procédant sans délai à l'élection du nouveau Président et en assurant un fonctionnement du pays de nature à garantir sa sécurité, sa liberté et sa souveraineté", a ajouté le ministre.

"Cette attaque odieuse est une nouvelle tentative ciblée pour tenter de déstabiliser le Liban, dans le cadre des efforts du pays d'élire un nouveau président", a commenté la présidence portugaise de l'UE.

"L'institution militaire libanaise jouit d'un grand respect de la part de la Syrie qui présente ses sincères condoléances à l'armée libanaise, à ses dirigeants et à la famille de François el-Hajj", a indiqué un responsable syrien qui a requis l'anonymat. "L'assassinat vise l'armée et ses convictions anti-israéliennes", a-t-il souligné.