C'est un tweet de Donald Trump himself, qui a fait l'effet d'un coup de tonnerre: "Ce soir, la Première Dame et moi avons été testés positifs au Covid-19. Nous allons immédiatement entamer une quarantaine et un processus de guérison. Nous nous en sortirons ENSEMBLE!".
Dans une posture combative dès le premier message, le président américain a ensuite été transporté par hélicoptère dans un hôpital de la banlieue de Washington malgré des symptômes qualifiés de "légers" par son équipe médicale. Sur place, il a reçu un traitement expérimental et cherché coûte que coûte à occuper le terrain malgré la maladie.
Cela s'est traduit par des dizaines de tweets en majuscules appelant à voter pour lui, une parade en voiture pour saluer celles et ceux venus prier pour lui devant les grilles de l'établissement militaire et une vidéo pour assurer à tout le monde qu'il est sur pied et que la campagne continue et avec elle, ses polémiques.
N'ayez pas peur du Covid ! Ne le laissez pas dominer votre vie ! Nous avons développé sous l'administration Trump d'excellents médicaments. Je me sens mieux qu'il y a 20 ans !
Car, même après l'avoir contracté, Donald Trump persiste et signe: il ne prend pas ce virus au sérieux. Une attitude qui passe mal auprès des familles des victimes de la pandémie qui a tué plus de 210'000 personnes en à peine plus de six mois aux Etats-Unis. Qu'importe, semble-t-il, à peine rentré à la Maison Blanche, le président américain enlève son masque, suscitant quelques crispations dans son entourage. Ses gardes du corps, notamment, lui reprochent de les mettre en danger.
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Des démocrates fair play
Quant aux démocrates, s'ils ont adressé leurs voeux de rétablissement au président, ils n'en ont pas moins poursuivi leur campagne sur le terrain. Leur candidat, Joe Biden, qui s'est engagé à éviter des morts inutiles, a cependant eu du mal à se faire entendre, alors que le monde entier avait les yeux rivés sur la santé du président.
Je ne pense pas que nous devons choisir entre la loi et l'ordre et la justice raciale en Amérique. Cette Nation est assez forte pour faire face avec honnêteté au racisme systémique et garantir la sécurité dans les rues
En Floride, l'ancien vice-président de Barack Obama a toutefois relevé: "J'ai été heureux de voir le président parler et enregistrer des vidéos pendant le week-end. Maintenant qu'il a le temps de tweeter des messages de campagne, je vais lui demander ceci: écoutez les scientifiques, soutenez le port du masque".
Sa colistière Kamala Harris a encore enfoncé le clou mercredi soir lors du débat qui l'opposait au vice-président Mike Pence: "Les Américains ont été témoins de ce qui est le plus gros échec de toute administration présidentielle dans l'histoire du pays". "Cessez de faire de la politique sur la vie des gens. Nous pensons qu'il y aura un vaccin d'ici la fin de l'année", a rétorqué son adversaire.
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Des messages supprimés
Mais face à la prolifération de fausses informations émanant du sommet de l'Etat, la résistance s'organise. Facebook a par exemple annoncé avoir suspendu mardi une publication dans laquelle Donald Trump prétendait que le Covid était moins mortel que la grippe. De même, le réseau social s'est engagé à bannir tous les groupes liés à la mouvance QAnon, regroupant les promoteurs d'une théorie du complot d'extrême droite aux Etats-Unis.
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Alors que Donald Trump est resté ambigu par rapport à de tels groupes, Joe Biden lui ne cesse d'appeler à l'unité des Américains. "Nous ne pouvons pas, et ne devons pas, permettre aux extrémistes et aux suprémacistes blancs de renverser l'Amérique de Lincoln", a-t-il déclaré dans un meeting à Gettysburg, en Pennsylvanie.
Files d'attente
Alors que quelque 4 millions d'électeurs américains ont déjà voté par correspondance ou par vote anticipé, la campagne se déroule à travers le pays et sur les réseaux sociaux. Mais entre la pandémie et la crise économique qu'elle engendre, les manifestations récentes et cette présidentielle controversée, de nombreuses personnes ont déjà décidé de s'armer, craignant des troubles sociaux au lendemain du 3 novembre.
Pour l'instant, c'est cependant plutôt dans les bureaux de vote que la guerre se joue dans cette dernière ligne droite avec - de l'Ohio à la Virginie - de longues files d'attente pour atteindre les urnes. Dans la population, les dés semblent jetés.
Juliette Galeazzi