Le président Jaïr Bolsonaro permet désormais à chaque Brésilien de posséder jusqu'à quatre armes, au lieu de deux auparavant. Une politique qui ravit les amateurs d'armes, mais qui effraie les défenseurs des droits de l'homme.
Sur la question des armes, il y a d'abord ceux qui en vivent comme Ron Nelly. Cet ancien militaire importe des armes, dirige un club de tir et préside la Confédération de tir du Brésil. Il défend activement la politique du président Bolsonaro qui, selon lui, améliore la sécurité publique.
"Les Brésiliens ont toujours été intéressés par les armes, le problème était la difficulté d'y avoir accès. Ce que Jaïr Bolsonaro a fait, c'est de rendre cet accès possible. Pourquoi voit-on une augmentation du nombre d'armes? Parce que les gens ne croient pas à la sécurité publique du Brésil. Les gens veulent se défendre", avance cet importateur d'armes.
Détourné vers le marché criminel
Une opinion que ne partagent pas bon nombre d'ONG, à l'instar de l'Institut Sou da Paz, actif dans la recherche de solutions pacifiques. Pour sa directrice Carolina Ricardo, davantage d'armes en circulation a toujours signifié davantage de violence, au Brésil comme ailleurs.
"Depuis l'entrée en fonction de Jaïr Bolsonaro, au moins 20 décrets ont été publiés pour faciliter l'accès aux armes", déplore-t-elle. "Tout cet agenda visant à flexibiliser l'accès aux armes est basé sur l'idée d'autodéfense, qui de notre point de vue est un mythe: l'arme ne garanti nullement la défense. Au contraire, elle augmente le risque et elle finit par être volée et détournée vers le marché illégal des criminels."
Violences en hausse
Et les répercussions concrètes de l'augmentation d'armes se font déjà sentir, selon Caroline Ricardo. "Nous commençons à constater une augmentation des accidents domestiques, une augmentation des morts banales comme les histoires de voisins qui se disputent et finissent par se tuer, et une augmentation de la violence domestique. On voit donc clairement une augmentation des meurtres facilitée par la présence de l'arme", souligne-t-elle.
Selon les données officielles brésiliennes, entre 30 à 40% des armes saisies l'an dernier par la police avaient été achetées légalement à l'origine.
Anne Vigna/kkub