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L'état d'urgence a été levé au Pakistan

Pervez Musharraf a prêté serment en civil il y a deux semaines
Pervez Musharraf a prêté serment en civil il y a deux semaines
Le président du Pakistan Pervez Musharraf a levé samedi l'état d'urgence décrété il y a un mois et demi, comme il avait promis de le faire, avant les élections législatives et provinciales du 8 janvier, a annoncé son gouvernement.

Pervez Musharraf, qui a pris le pouvoir il y a plus de huit ans
par un coup d'Etat militaire sans effusion de sang, a signé le
décret permettant la levée de l'état d'urgence.

Le chef de l'Etat avait décrété cette loi d'exception le 3
novembre dans cette République islamique et puissance nucléaire de
160 millions d'habitants. Mais il avait promis, trois semaines plus
tard, de la lever avant le 16 décembre, début de la campagne
officielle des élections.

Fin du pouvoir total

Sous ce régime d'exception, les autorités avaient donc pu, hors
du contrôle de la justice, arrêter plus de 5000 opposants (libérés
il y a quelques semaines à l'exception d'une trentaine), évincer
les plus hauts magistrats du pays qui contestaient le pouvoir de
Musharraf et la légalité de sa réélection du 6 octobre, et imposer
aux médias une certaine censure même si celle-ci ne s'est
finalement pas vraiment révélée contraignante et efficace.



Ces pouvoirs exorbitants conférés à la police et l'armée sont
désormais caducs avec la levée de l'état d'urgence qui rétablit la
suprématie de la Constitution, assure le gouvernement.

L'opposition dubitative

Mais l'opposition, une frange importante de la communauté
internationale ainsi que les organisations de défense des Droits de
l'Homme estiment que la levée de l'état d'urgence ne changera rien
puisque le gouvernement a, au préalable, rendu impossible tout
recours en justice contre les mesures et les amendements à la loi
qui ont été promulgués sous ce régime d'exception. En particulier
l'éviction des hauts magistrats hostiles au régime.



Pervez Musharraf a installé, à la faveur de l'état d'urgence, un
ordre judiciaire plus docile, un gouvernement intérimaire fidèle,
qui remettent fortement en cause la sincérité des élections à
venir, estiment l'opposition et les défenseurs des droits de
l'Homme.



"Tous les droits fondamentaux seront rétablis" avec la levée de la
loi d'exception, a pourtant assuré samedi le ministre de la
Justice. "La levée de l'état d'urgence permettra d'assurer des
élections libres et équitables", a-t-il promis.



afp/boi

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Une condition imposée

La levée de l'état d'urgence imposé le 3 novembre est l'une des conditions posées par l'opposition pour la participation de Pervez Musharraf aux élections législatives du 8 janvier.

Ses deux principaux rivaux seront les anciens Premiers ministres Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, récemment rentrés d'exil.

Pervez Musharraf les a récemment appelés à ne pas boycotter le scrutin législatif du 8 janvier.

Le 29 novembre, après avoir quitté la veille son poste de chef des armées, le chef de l'Etat pakistanais a prêté serment pour un nouveau mandat présidentiel de cinq ans, purement civil.

Human Rights Watch pas convaincu

La levée prévue de l'état d'urgence ne conduira pas à la restauration de l'état de droit, selon Human Rights Watch.

"La soi-disant restauration de la Constitution promise par Musharraf prévoit aussi de légaliser à posteriori les mesures qui ont permis de museler la presse et les avocats et octroyé à l'armée la possibilité d'abuser de ses pouvoirs en toute impunité", indique un communiqué de l'organisation.

"Le véritable retour à l'ordre constitutionnel serait de restaurer la loi fondamentale et l'ordre judiciaire tels qu'ils existaient avant le 3 novembre", conclut HRW.