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Les bombes à sous-munitions dans le viseur

Les bombes à sous-munitions font nombre de victimes civiles.
Les bombes à sous-munitions font nombre de victimes civiles.
Ban Ki-moon a appelé les représentants de 109 pays, dont la Suisse, à se montrer "visionnaires" pour finaliser un accord sur un traité interdisant les bombes à sous-munitions (BASM). Une conférence cruciale à débuté lundi à Dublin.

Dans un message vidéo, Ban Ki-moon a appelé les participants à
se montrer "audacieux et visionnaires" pour conclure d'ici le 30
mai un texte qui doit garantir l'interdiction de l'usage, de la
production et du commerce des BASM. Ban Ki-moon a dit espérer en
finir avec les "horreurs cachées" causées par les BASM, ces armes
par essence "déficientes", qui "frappent sans distinction" et ne
sont "pas fiables".

Cette conférence, à laquelle les 109 Etats (et 19 pays
observateurs) sont représentés, n'est pas organisée sous le couvert
de l'ONU, afin d'éviter le risque de veto. Elle suit en cela le
modèle adopté par la Convention d'Ottawa, qui avait banni les mines
antipersonnel en 1997, et dont elle aurait la même portée
historique si un texte sans ambiguïté était adopté. Le document
final sera soumis à la signature de tous les Etats, même ceux
n'ayant pas participé au processus d'élaboration, les 2 et 3
décembre prochains à Oslo.

Victimes civiles

Le nouveau ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal
Martin, a lui aussi plaidé, lors d'une conférence de presse au
stade de Croke Park, où a lieu la conférence, pour un texte
ambitieux. "Ensemble, nous devons aux survivants des bombes à
sous-munitions d'adoucir leurs peines et de leur donner de
l'espoir", a-t-il déclaré.



"Nous devons à l'humanité de nous assurer qu'il n'y aura plus
aucun civil innocent victime des bombes à sous-munitions."
"L'héritage que nous espérons tirer de cette conférence sera de
savoir qu'ensemble nous avons créé un futur survivant, une personne
symbolique qui, grâce à la nouvelle convention, ne tombera pas
victime des bombes à sous-munitions", a-t-il ajouté.



Les civils représentent 85% des victimes d'accidents par mine ou
munition non explosée et les enfants 23%, selon l'ONG Handicap
International. L'avant-projet discuté à Dublin proscrit l'usage, la
production et le commerce des BASM, et établit une date-butoir de
six ans pour la destruction des stocks existants. Il réclame
également la décontamination des zones "polluées" et envisage
l'aide à apporter aux victimes.

Le Royaume-Uni sous pression

La Coalition contre les sous-munitions (Cluster Munition
Coalition, CMC), l'organisation qui chapeaute quelque 250
associations militant pour l'interdiction de ces armes, craint
cependant que plusieurs Etats ne cherchent à en atténuer la teneur.
Ces pays, en premier lieu le Royaume-Uni, réclament des exemptions
pour les sous-munitions disposant d'un dispositif
d'auto-destruction et une période de transition avant la mise en
application du traité.



"La pression politique va être très forte sur le Royaume-Uni", a
déclaré Thomas Nash, le coordinateur de la CMC. "Si des alliés tels
que la France, l'Allemagne, l'Australie, le Canada et les autres
signent, nous pensons qu'il sera très difficile pour le Royaume-Uni
de ne pas suivre."

Nombreuses absences

De grands pays producteurs -les Etats-Unis, la Chine, la Russie,
l'Inde, le Pakistan et Israël- sont absents de la conférence. Ils
s'opposent toujours à l'interdiction de ces armes encore récemment
utilisées en Irak, ou en 2006 au Liban, et dont entre 5% et 30%
n'explosent pas à l'impact, menaçant les populations des pays
"pollués".



Mais le traité "aura une signification énorme", même sans eux, a
assuré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal
Martin. "Etant donné son ampleur, il va créer une dynamique, il n'y
a aucun doute là-dessus."



agences/kot

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200'000 unités pour l'armée suisse

L'armée suisse posséderait environ 200'000 bombes à sous-munition de type M85. Ce chiffre avancé par les ONG n'est ni confirmé ni démenti par le Département fédéral de la défense (DDPS), qui indique pourtant avoir investi 600 millions de francs dans cet armement ces dernières années.

"Nous ne confirmons ni ne ne démentons ce chiffre. Il s'agit d'une information classifiée car cette munition fait partie des réserves de guerre", a déclaré lundi Matthias Halter, de la Direction de la politique de sécurité au DDPS.

Ces bombes à sous-munitions, utilisées essentiellement par l'artillerie, ont été fabriquées par l'entreprise Ruag sous licence israélienne. Elles ont été mises au point par le groupe Israel Military Industries, qui en aurait produit au total quelque 60 millions d'unités de M85.

Pour Matthias Halter, l'armée suisse ne s'en est plus procuré depuis 2004. Il affirme que Ruag "helvétise" cette munition en y ajoutant un système de double-détonateur, qui la rend plus "efficace" en faisant tomber le taux de ratés à quelques pour mille.

Une affirmation qui fait bondir Paul Vermeulen, de Handicap International: toutes les M85 ont un système de double-détonateur, y compris celles utilisées par l'armée israélienne lors du conflit au Liban à l'été 2006, affirme-t-il. Et dans ce contexte-là, pourtant "favorable" (terrain sec, tirs "sans stress" depuis le territoire de l'Etat hébreu), le taux de ratés a dépassé les 10%, ajoute-t-il.