Les belligérants, comme depuis le début des affrontements le 27 septembre dernier, se rejettent la responsabilité des hostilités qui ont fait plus de 600 morts, dont 73 civils, selon des bilans partiels car l'Azerbaïdjan ne communique pas les décès parmi ses troupes.
Le Comité international de la Croix-Rouge a fait part de son inquiétude de ne pas voir le cessez-le-feu respecté. "Nous estimons que des centaines de milliers de personnes sont déjà touchées, directement ou indirectement. Des civils meurent ou souffrent de blessures traumatisantes à vie. Des foyers, des entreprises, et des rues fréquentées sont réduites à l'état de gravats", a réagi son directeur pour l'Eurasie Martin Schuepp depuis le siège genevois de l'organisation.
"Nous continuons à être en contact avec les deux camps et proposons nos services en tant qu'intermédiaire neutre pour faciliter l’échange des défunts et pour procéder à la libération des prisonniers", a-t-il ajouté.
L'Azerbaïdjan progresse, mais peu
Du côté du front, les séparatistes du Haut-Karabakh ont accusé l'armée de l'Azerbaïdjan d'avoir lancé une triple offensive au sud, au nord et au nord-est de la république autoproclamée. Bakou, de son côté, affirme "respecter le cessez-le-feu", mais assure que l'adversaire arménien tire sur les districts azéris de Goranboy, Terter et Agdam.
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L'Azerbaïdjan semble avoir conquis quelques territoires supplémentaire en un peu plus de deux semaines de combats, mais sans avoir gagné un avantage significatif sur les séparatistes qui tiennent les montagnes. "Certains succès militaires ont été enregistrés, mais rien de spectaculaire. Bakou est loin d'être prêt à prendre le contrôle du Haut-Karabakh", a relevé un expert au Centre géorgien d'analyse stratégique, qui évoque une "impasse diplomatique et militaire".
Combattants syriens tués
Des deux côtés de la ligne de front, des équipes de journalistes ont été témoins de la poursuite continue des tirs et des bombarments après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu samedi dernier. Depuis, Stepanakert, la capitale de la région séparatiste, il est possible d'entendre l'artillerie qui tire sur le front sud. Les belligérants s'accusent de viser délibérément des zones civiles peuplées, de crimes de guerre et d'user de bombes à sous-munitions, une arme interdite.
La Turquie est en outre accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azéris, ce que Bakou dément. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, toutefois, 119 combattants syriens de factions pro-turques auraient été tués depuis le début des combats fin septembre, sur les quelque 1450 déployés dans le Haut-Karabakh.
L'OMS inquiète de la progression du Covid-19
Le Haut-Karabakh, territoire majoritairement peuplé d'Arméniens, est la proie de vives tensions depuis qu'il a fait sécession de l'Azerbaïdjan. Une première guerre a fait 30'000 morts dans les années 1990. Après près de 30 ans d'impasse diplomatique, le président azéri Ilham Alïev a juré de reprendre le contrôle de la région. Les hostilités en cours sont les plus graves depuis 1994.
Outre une potentielle crise humanitaire, la crainte de la communauté internationale est de voir le conflit s'internationaliser, la Turquie encourageant Bakou à l'offensive et la Russie étant liée à Erevan par un traité militaire.
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L'évolution dans la région de l'épidémie de Covid-19 inquiète désormais également l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a constaté des cas en forte augmentation. "La mobilisation de troupes, le déplacement des populations, tout cela aide le virus à s'implanter", a souligné le porte-parole de l'OMS Tarik Jasarevic.
agences/vic
Mike Pompeo appelle au respect du cessez-le-feu
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé mardi l'Arménie et l'Azerbaïdjan à appliquer dans le Haut-Karabakh le cessez-le-feu conclu samedi, mais non respecté jusqu'ici.
"Les Etats-Unis appellent l'Azerbaïdjan et l'Arménie à mettre en œuvre leur engagement comme convenu et à cesser de prendre pour cible des zones civiles, telles que Ganja et Stepanakert. Nous déplorons les pertes en vies humaines et restons attachés à un règlement pacifique", a-t-il tweeté mardi.
La Turquie appelle à des pourparlers à quatre
Ankara a appelé mardi à organiser des pourparlers "à quatre", avec la Russie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Turquie, pour résoudre le conflit au Nagorny Karabakh.
"Puisque la Russie est du côté de l'Arménie et nous la Turquie, nous soutenons l'Azerbaïdjan, rencontrons-nous à quatre pour discuter de la résolution de ces problèmes", a expliqué mardi soir Ibrahim Kalin, le directeur de communication de la présidence turque.