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Indépendance du Kosovo: signes de tension

Drapeau indépendantiste
L'indépendance du Kosovo peut mettre le feu à la poudrière.
Alors que le premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi a refusé vendredi de confirmer que l'indépendance de la province serbe serait proclamée dimanche, le président serbe Boris Tadic a menacé les pays qui la soutiendraient.

La tension politique est à son comble dans la région avec la
possibilité d'une sécession des Serbes de la province.

Hashim Thaçi avait convoqué la presse en début d'après-midi. Un
responsable de son bureau avait déclaré qu'à cette occasion il
"devrait annoncer la date de l'indépendance" de la province du sud
de la Serbie à majorité albanaise. Mais interrogé sur ce point,
Hashim Thaçi a répondu: "Continuons de parler de ce pourquoi nous
sommes rassemblés", avant de promettre la "sécurité" à la minorité
serbe du Kosovo.



Pristina s'attend à ce que les autorités kosovares proclament
l'indépendance dimanche, à la veille d'une réunion des ministres
des affaires étrangères de l'Union européenne, qui s'apprête à
envoyer sans l'aval de l'ONU une mission dans la province,
administrée depuis 1999 par la Mission des Nations unies au Kosovo
(Minuk).

En coordination

Soucieux d'obtenir une reconnaissance rapide, Hashim Thaçi a
indiqué à plusieurs reprises que le processus menant à la
déclaration d'indépendance était géré "en coordination" avec
Washington et Bruxelles.



Belgrade, Moscou et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de
la population) ont répété avec force ces dernières 24 heures qu'ils
rejetteraient la proclamation d'indépendance qu'ils jugent
"illégale" (voir ci-contre). La Serbie a déjà "annulé" jeudi toute
décision en ce sens.

Tout est prêt

A Pristina tout est prêt pour l'indépendance. Le Parlement a
approuvé vendredi une procédure d'adoption rapide des lois prévues
par le plan de l'envoyé spécial de l'ONU Martti Ahtisaari qui
préconise une indépendance sous "supervision internationale" et une
large autonomie pour les minorités.



Dans les rues des affiches disent "Merci" aux Américains ou à
l'UE, dont la mission doit accompagner les premiers pas du Kosovo
vers l'indépendance. Mais pendant ce temps la possibilité augmente
d'une sécession du Nord, limitrophe de la frontière administrative
de la Serbie où vivent 40'000 des 120'000 Serbes présents dans la
province.

Feu aux poudres

A Kosovska Mitrovica, ville divisée de cette région, les Serbes
ont décidé de constituer leur propre Parlement, en accord avec
Belgrade, aux municipales serbes prévues en mai. "L'assemblée des
municipalités et localités serbes (au Kosovo) a décidé d'organiser,
en coordination avec Belgrade, le 11 mai des élections locales et
régionales afin d'élire le Parlement du Kosovo", selon les
conclusions d'une réunion de cette assemblée à Mitrovica.



Les forces de l'ordre craignent en outre que des incidents isolés
entre communautés serbe et albanaise ne mettent le feu aux poudres
dans le reste du Kosovo. Une explosion d'origine indéterminée s'est
produite, sans faire de blessés, dans la nuit de jeudi à vendredi
près d'un bâtiment de l'UE à Mitrovica.



agences/het

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Menaces serbes

Le président serbe Boris Tadic a annoncé vendredi que Belgrade pourrait réduire ses liens diplomatiques avec les pays qui reconnaîtront l'indépendance du Kosovo.

"Les relations bilatérales (avec les pays qui reconnaissent le Kosovo) ne seront très certainement pas de la qualité et du niveau actuels", a souligné Boris Tadic. "Mais, si la Serbie décide de rappeler ses ambassadeurs, cela ne veut pas dire qu'elle cessera de communiquer avec ces pays ou de couper les liens avec ces pays".

Prêtant serment vendredi, Boris Tadic, réélu début février, a également "juré solennellement de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale" de la Serbie.

La veille au Conseil de sécurité de l'ONU, la Serbie et la Russie ont averti qu'elles n'accepteraient jamais l'indépendance du territoire.

Mise en garde russe

Le président russe Vladimir Poutine, indéfectible allié de la Serbie, a qualifié d'"immoral et illégal" tout soutien à une indépendance "unilatérale".

"Nous avons déjà des réponses toutes prêtes et nous savons ce que nous ferons", a-t-il mis en garde.