"Le virus est partout en France", a souligné Emmanuel Macron en estimant que "nous en avons jusqu'à l'été 2021 au moins avec ce virus". Il a également précisé que les soignants étaient "très fatigués" et qu'il n'y avait "pas de lits en réserve". "Nous n'avons pas perdu le contrôle", a-t-il répété à deux reprises .
Face à une situation épidémique qu'il juge "préoccupante", le chef de l'Etat français, égrénant les derniers chiffres d'entrées en réanimation ou d'hospitalisations, a appelé les Français à "réagir" et promis des aides économiques supplémentaires.
Après une première vague qui a fait 30'000 morts au printemps, la France fait face à une forte recrudescence de la pandémie. Un tiers des places en réanimation du pays sont occupées par des patients ayant une forme grave du Covid-19.
Couvre-feu durant six semaines
Un couvre-feu – un "confinement nocturne", comme le qualifient certains – sera imposé dès samedi de 21h à 6h dans les zones les plus touchées: concrètement, restaurants, bars, théâtres et cinémas devront donc fermer à 21h.
La mesure sera mise en place pour six semaines, selon le président de la République française, s'exprimant mercredi soir sur les chaînes télévisées France2 et TF1: "Le couvre-feu durera quatre semaines et nous irons devant le Parlement pour le prolonger jusqu'au 1er décembre. Six semaines, c'est le temps qui nous paraît utile", a insisté Emmanuel Macron.
Sont concernées, les métropoles – ville et banlieue – de Paris, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Rouen, Montpellier ce qui représente environ vingt millions d'habitants, sur une population d'environ 67 millions.
Emmanuel Macron a promis un "accompagnement économique" aux secteurs, notamment les restaurateurs, affectés par le couvre-feu: "Le chômage partiel à plein, c'est-à-dire 100% pour l'employeur, va être réactivé pour tous ces secteurs: hôtellerie, cafés, restaurants, tourisme, événementiel, culture, sport", a-t-il précisé.
Des amendes
"Sortir au restaurant, aller faire la fête chez des amis... on ne le fera plus après 21h", a bien insisté le président, "car on sait que c'est là qu'on se contamine le plus". Des pénalités sont prévues pour ceux qui ne respecteraient pas les consignes: "Il y aura une amende de 135 euros, a-t-il annoncé. "En cas de récidive, ce sera 1500 euros, car cela doit être dissuasif, a-t-il précisé.
Il n'y aura pas de restriction des transports: les déplacements entre les régions ne seront pas réduits. A quelques jours de la Toussaint, "les départs en vacances seront possibles", a affirmé Emmanuel Macron. L'idée étant de laisser aussi les gens "prendre l'air".
Le masque, le gel hydroalcoolique, l'aération...
"Mais même dans le cadre familial, quand on est à moins d'un mètre, il faut mettre le masque. Se laver les mains souvent", a-t-il insisté à plusieurs reprises. "Il faut aussi aérer régulièrement: trois minutes trois fois par jour, nous disent les spécialistes". Il a aussi demandé à ses concitoyens de ne pas se réunir à plus de six personnes... que cela soit à table ou en groupe dans la rue.
Le télétravail est pour Emmanuel Macron un outil: "Cela ne peut être une règle nationale: on a besoin de bon sens. Les services publics doivent être ouverts. Les professeurs en classe. Il faut négocier au plus près du terrain, en faisant par exemple deux ou trois jours de télétravail par semaine", remarque-t-il.
La stratégie "tester, alerter, protéger"
Le président de la République affirme que la France est l'un des pays qui teste le plus en Europe: entre 1,2 et 1,4 million de tests, avance-t-il: "J'assume d'avoir rendu le test gratuit". Mais il veut implémenter une nouvelle stratégie de tests afin de "pouvoir réduire drastiquement les délais".
"Il faut que nous descendions entre 3000 à 5000 cas par jour et non pas les 20'000 d'aujourd'hui", souligne-t-il.
Le chef de l'Etat français annonce la création d'une nouvelle application de traçage, "Tous anti-Covid", qui sera disponible le 22 octobre, élaborée sur le modèle britannique. StopCovid, la première mouture de l'application française de traçage des malades, avait connu un échec: elle "n'a pas marché", comme l'a reconnu Emmanuel Macron.
Aider les milieux modestes
Le virus frappe plus les milieux modestes, car les personnes vivent dans de plus petits logements, à plusieurs. "Les CDD et les intérims ont aussi plus souffert", remarque le président français: "Nous devons avoir une réponse pour les plus précaires". Une aide exceptionnelle sera allouée entre 150 et 400 euros, "ce qui est plus qu'une revalorisation", a-t-il annoncé: "Tous les minimas sociaux devront être augmentés".
"Nous sommes en train de réapprendre à être une nation. Nous ne pouvons pas nous en sortir si chacun ne joue pas son rôle. Nous avons besoin les uns des autres, en respectant les règles", a insisté Emmanuel Macron.
Stéphanie Jaquet
afp/jor
"Catastrophe sanitaire"
L'état d'urgence sanitaire, qui avait été levé le 10 juillet, offre un cadre juridique permettant d'encadrer certaines restrictions allant jusqu'au confinement.
L'aggravation de l'épidémie, qualifiée de "catastrophe sanitaire", "justifie que l'état d'urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus puissent être prises", indique le compte-rendu du Conseil des ministres. L'épidémie a fait plus de 32'000 morts en France.
afp/jor
Dérogations pour les sportifs professionnels
Les sportifs professionnels bénéficieront d'une dérogation en Ile-de-France et dans les huit villes où a été décrété un couvre-feu à partir de 21h, à compter de samedi, mais les compétitions seront à huis clos si elles se déroulent après 21h, a annoncé le ministère des Sports mercredi.
"Il y aura une possibilité de dérogation, avec ou sans public selon l'heure", a-t-on précisé au ministère, après l'annonce d'Emmanuel Macron de l'instauration d'un couvre-feu pour endiguer la pandémie de coronavirus.
afp