Dans un rapport de 167 pages intitulé "Cibler la vie à Idleb", HRW a documenté 46 attaques aériennes et terrestres contre des infrastructures civiles dans cette région du nord-ouest de la Syrie qui échappe encore à Damas. Ces attaques "s'apparentent à des crimes de guerre et peuvent constituer des crimes contre l'humanité", souligne l'ONG.
Au moins 224 morts
Elles ont été menées par l'armée syrienne et son allié russe entre avril 2019 et mars 2020, tuant au moins 224 civils, ajoute l'ONG basée à New York. Elle précise que ces attaques ne représentent qu'une fraction de l'ensemble des attaques menées contre la population civile pendant cette période.
"Les frappes de l'alliance syro-russe contre les hôpitaux, les écoles et les marchés d'Idleb témoignent d'un mépris impitoyable pour la vie civile", a déclaré Kenneth Roth, directeur de HRW.
"Chaque fois, nous avons examiné ces attaques illégales récurrentes pour voir s'il y avait des cibles militaires à ces endroits. Il n'y en avait aucune. Notre conclusion c'est qu'il ne s'agit pas de bavures militaires. C'était une stratégie militaire délibérée. L'alliance voulait frapper ces infrastructures civiles pour que les habitants réalisent qu'ils ne pouvaient pas envoyer leurs enfants dans les écoles, aller dans les hôpitaux, acheter de la nourriture, sans être bombardés", a précisé Kenneth Roth à la RTS.
L'opération militaire contre Idleb, dernier bastion hostile au régime de Bachar al-Assad qui abrite trois millions d'habitants, a contraint environ un million de personnes à fuir la région. Une trêve conclue début mars a permis, dans une large mesure, de mettre fin aux hostilités.
Dix responsables visés
HRW s'est basée dans son rapport sur des entretiens avec plus de 100 victimes et témoins, ainsi que sur l'analyse d'images satellitaires et de centaines de photographies et vidéos prises sur les sites des attaques. L'organisation de défense des droits humains a appelé à une résolution des Nations unies, exhortant les Etats membres à imposer des sanctions ciblées contre les responsables de ces attaques meurtrières contre la population civile.
L'ONG a nommé dix responsables civils et militaires syriens et russes au sommet de la chaîne de commandement, comme responsables des attaques contre les hôpitaux, les écoles et autres infrastructures civiles.
"Des efforts internationaux concertés sont nécessaires pour démontrer qu'il y a des conséquences aux attaques illégales, pour dissuader contre d'autres atrocités à l'avenir et pour montrer que personne ne peut échapper, quel que soit son rang ou sa position, à l'obligation de rendre des comptes pour des crimes graves", a conclu Kenneth Roth.
jfe avec ats