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Début du processus d'échange d'un millier de prisonniers au Yémen

Des Houthis libérés grâce à un échange de prisonniers arrivent à l'aéroport de Sanaa, au Yémen, le 15 octobre 2020. [Reuters - Khaled Abdullah]
Début du processus d'échange d'un millier de prisonniers au Yémen / Le Journal horaire / 30 sec. / le 15 octobre 2020
Rebelles et gouvernement au Yémen ont commencé jeudi à échanger un millier de prisonniers, dans le cadre d'un accord parrainé par l'ONU et perçu comme un premier signe de progrès dans le processus de paix pour mettre fin à six ans de conflit sanglant.

Cet échange de prisonniers est "le plus vaste depuis le début du conflit", a souligné le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui organise l'opération.

Pour le début de cet échange, plusieurs vols sont partis de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les Houthis, de la ville de Seyoun (sud-est) contrôlée par le gouvernement et de la ville saoudienne d'Abha, selon des responsables rebelles.

Un avion a décollé de Sanaa avec à bord quinze soldats saoudiens et quatre soudanais libérés par les Houthis.

Ces soldats sont arrivés sur une base aérienne de Ryad, a indiqué la télévision d'Etat saoudienne Al-Ekhbariya, citant la coalition militaire qui intervient au Yémen. Les rebelles Houthis avaient auparavant indiqué que l'avion devait attiré à Abha, dans le sud de l'Arabie saoudite.

La coalition a remercié le CICR pour avoir facilité leur libération et insisté sur l'"aspect humanitaire" du dossier des prisonniers (lire encadré), selon la chaîne Al-Ekhbariya.

Accueillis comme des héros

Le Soudan fait partie de la coalition militaire sous commandement saoudien qui intervient depuis 2015 au Yémen en soutien au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi.

A Sanaa, les autorités rebelles ont fêté le retour de leurs prisonniers libérés, qui ont été accueillis comme des héros, selon des images de la télévision Al-Massirah contrôlée par les insurgés.

Ces anciens prisonniers doivent défiler dans la ville à bord d'autocars flambant neuf et assister à un rassemblement organisé en leur honneur.

Un prisonnier de la coalition menée par l'Arabie Saoudite serre dans ses bras une proche, après sa libération, à l'aéroport de Seyoun. Yémen, le 15 octobre 2020. [Reuters - Ali Owidha]
Un prisonnier de la coalition menée par l'Arabie Saoudite serre dans ses bras une proche, après sa libération, à l'aéroport de Seyoun. Yémen, le 15 octobre 2020. [Reuters - Ali Owidha]

Des négociations tenues en Suisse

L'échange, portant sur un total de 1081 prisonniers, est étalé sur deux jours, jeudi et vendredi, a expliqué sur Twitter le responsable côté rebelles du dossier des prisonniers, Abdel Kader al-Mortadha.

L'émissaire de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, a salué le début de l'opération: "Je me félicite du début de la libération des prisonniers convenue par les parties en septembre en Suisse conformément aux engagements pris à Stockholm", a-t-il écrit dans un communiqué.

"L'opération (...) montre une fois de plus que le dialogue pacifique peut donner des résultats", a ajouté le responsable onusien, dont l'organisation a parrainé les accords de Suède et de Suisse.

Une avancée en vue du règlement du conflit

"J'espère que les parties se réuniront bientôt sous les auspices de l'ONU pour discuter de la libération de tous les prisonniers et détenus liés au conflit et apporter un soulagement aux milliers de familles qui attendent d'être réunies avec leurs proches", a encore dit Martin Giffiths.

L'accord d'échange conclu en septembre est perçu comme une avancée dans le processus politique en vue d'un règlement au Yémen, où s'affrontent le gouvernement, appuyé par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, et les Houthis, soutenus par l'Iran.

La guerre du Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils, et entraîné ce que l'ONU décrit comme étant la pire crise humanitaire dans le monde.

afp/sjaq

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Le premier échange à grande échelle

L'échange intervient au lendemain de la libération de deux ressortissants américains détenus par les Houthis, qui ont également remis la dépouille d'un troisième Américain fait prisonnier.

Les rebelles ont pour leur part obtenu le retour de quelque 240 membres de leur groupe longtemps retenus à Oman.

Lors de négociations de paix en Suède en 2018, le gouvernement et les rebelles étaient tombés d'accord pour échanger 15'000 détenus au total.

Depuis, des échanges de prisonniers entre les deux parties ont eu lieu de manière sporadique.

Mais la libération de plus de 1000 loyalistes et d'insurgés représente le premier échange à grande échelle depuis le début de la guerre.

L'accord négocié en Suisse porte sur la libération de "681 rebelles et de 400 membres des forces gouvernementales (et alliées)", avait déclaré en septembre un membre de la délégation gouvernementale.

Selon lui, la libération par les rebelles du frère du président Hadi, le général Nasser Mansour Hadi, a été reportée.