"Nous sommes dans une situation où nous avons plus de 210'000 morts et qu'est-ce qu'il fait? Rien", a dit le candidat démocrate Joe Biden sur ABC d'un ton calme, se posant en rassembleur d'une Amérique divisée.
"Nous avons fait un travail fantastique (...). Les vaccins arrivent et les traitements arrivent", a lancé presque au même moment de son côté le locataire de la Maison Blanche sur NBC.
Tendu, agressif, s'agaçant des questions qui lui étaient posées en particulier sur les raisons pour lesquelles il portait si peu le masque, Donald Trump a refusé tout mea culpa. "Je suis président, je dois voir des gens (...). Je ne peux être enfermé dans une magnifique pièce quelque part dans la Maison Blanche", a-t-il ironisé.
Le président républicain s'est par ailleurs refusé à condamner explicitement la mouvance conspirationniste "QAnon". "Je ne connais rien de QAnon", a-t-il affirmé avant d'assurer qu'il était d'accord avec leurs positions "contre la pédophilie".
"Ecouter l'autre"
Le contraste était saisissant avec son adversaire démocrate, qui fait la course en tête dans les sondages et répondait aux questions de l'audience dans un registre nettement plus calme.
Une fois l'émission terminée, Joe Biden est même resté une trentaine de minutes de plus sur le plateau pour répondre, hors micro, aux spectateurs, sans doute conscient que les images seraient diffusées sur la chaîne.
Il faut "écouter l'autre", a-t-il confié à un électeur qui lui demandait comment il comptait restaurer "la courtoisie et l'honneur" dans la politique américaine.
"Ce que je ferai, si je suis élu président, en premier, et je ne plaisante pas (...) je vais les appeler", les républicains, a-t-il déclaré en rappelant sa réputation lorsqu'il était sénateur, pendant plus de 35 ans, d'homme capable de franchir les barrières partisanes.
En évoquant les plaies du racisme, il s'est présenté à l'opposé de Donald Trump que Joe Biden accuse d'aiguiser les tensions entre Américains: "Si je suis élu président, vous ne m'entendrez pas (...) diviser. Je tenterai de rassembler."
Audiences très attendues
Les deux candidats s'exprimaient en même temps, sur deux chaînes différentes depuis la Floride et la Pennsylvanie. Deux Etats-clés remportés par le milliardaire en 2016 mais où Joe Biden apparaît en mesure de disputer la victoire. Les audiences de ces deux rendez-vous seront particulièrement attendues avant d'être comparées.
Quelques heures avant son entrée en scène, Donald Trump avait donné le ton: "J'aimerais pouvoir le regarder pour voir s'il pourra aller jusqu'au bout", a lancé le président de 74 ans, évoquant son adversaire de 77 ans qu'il affuble du surnom "Sleepy Joe".
ats/fgn
Sondages inquiétants pour Donald Trump
Les sondages sont inquiétants pour Donald Trump dans cette campagne à rebondissements, pour laquelle plus de 17,5 millions d'Américains ont déjà voté de façon anticipée.
L'ancien vice-président démocrate mène de près de dix points de pourcentage dans la moyenne nationale des enquêtes d'opinion pour la présidentielle du 3 novembre. Mais surtout, bien qu'avec une marge plus étroite, dans les Etats-clés qui font les élections aux Etats-Unis en basculant d'un parti à l'autre.
La campagne a de nouveau été chamboulée jeudi par le coronavirus. La candidate démocrate à la vice-présidence, Kamala Harris, a suspendu ses déplacements jusqu'à dimanche "dans un souci de prudence" en raison de cas de Covid-19 dans son entourage.
Le président, désormais rétabli du Covid-19, se disant même "immunisé", intensifie lui sa campagne depuis lundi, entouré tous les soirs de milliers de partisans à la casquette rouge dans les Etats-clés.
Prochain débat
Un troisième débat est toujours prévu le 22 octobre à Nashville, dans le Tennessee. Le candidat démocrate a déclaré jeudi qu'il aimerait que Donald Trump se fasse tester avant ce nouveau duel, "par décence". Mais il a ajouté qu'il suivrait les consignes des organisateurs indépendants.