L'exécutif promet de mener une "guerre contre des ennemis de l'intérieur". Depuis lundi matin, des opérations de police ont été lancées contre "des dizaines d'individus" évoluant dans la mouvance islamiste et se poursuivront dans les prochains jours, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Ces opérations concernent des individus qui n'ont pas un "lien forcément avec l'enquête mais à qui nous avons manifestement envie de faire passer un message: (...) pas une minute de répit pour les ennemis de la République", a dit le ministre sur Europe 1. Selon une source proche du dossier, il s agit de personnes connues des services de renseignement pour des prêches radicaux et des messages de haine sur les réseaux sociaux.
"La peur va changer de camp"
Lors d'un Conseil de défense dimanche soir, le président de la République l'avait martelé: "La peur va changer de camp" et "les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays", avait rapporté l'Elysée. A l'issue de 2h30 de réunion avec Jean Castex, cinq ministres et le procureur anti-terroriste Jean-François Richard, le président avait annoncé un "plan d'action" contre "les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés" et qui propagent des appels à la haine.
Premières traductions concrètes, selon Gérald Darmanin: 51 structures associatives "verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l'Etat et plusieurs d'entre elles (...) se verront dissoudre en Conseil des ministres", a annoncé le ministre, ciblant particulièrement le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et l'association humanitaire Baraka City.
15 personnes en garde à vue, 80 enquêtes ouvertes
Lundi après-midi, quinze personnes étaient en garde à vue. Parmi les nouveaux individus, quatre collégiens. Selon une source proche du dossier, l'enseignant d'histoire-géographie du collège de Conflans-Sainte-Honorine a été "désigné" à l'assaillant "par un ou plusieurs collégiens, a priori contre une rémunération". Les gardes à vue visent donc à déterminer les responsabilités éventuelles des collégiens en la matière, selon la même source.
"Plus de 80 enquêtes" ont par ailleurs été ouvertes contre "tous ceux qui de façon apologique ont expliqué d'une manière ou d'une autre que ce professeur l'avait bien cherché", a indiqué Gérald Darmanin.
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a de son côté convoqué en urgence les procureurs généraux lundi matin, afin notamment, selon son entourage, qu'ils s'assurent "une parfaite collaboration avec les préfets et les forces de sécurité intérieure dans la mise en oeuvre et le suivi des mesures nécessitées par la situation".
Une fatwa lancée
Gérald Darmanin a par ailleurs accusé le père d'une collégienne de Conflans Saint-Honorine et le militant islamiste radical Abdelhakim Sefrioui d'avoir "manifestement lancé une fatwa" contre le professeur assassiné pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.
Les deux hommes, qui avaient entamé une campagne de mobilisation pour dénoncer l'initiative du professeur, font partie des onze personnes gardées à vue dans l'enquête sur cet attentat perpétré vendredi par un Russe tchétchène de 18 ans, qui a soulevé une vague d'émotion et de mobilisation dans le pays. Les enquêteurs cherchent à savoir si l'assaillant a été "piloté" ou s'il a décidé lui-même de s'en prendre au professeur.
Le professeur a été décapité vendredi près du collège où il enseignait l'histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans né à Moscou, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche partout en France pour lui rendre hommage, notamment place de la République à Paris.
afp/jpr
Fermeture d'une mosquée ordonnée
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé lundi soir avoir ordonné la fermeture d'une mosquée de la région parisienne, qui avait notamment relayé sur sa page Facebook une vidéo dénonçant le cours sur les caricatures de Mahomet de Samuel Paty, le professeur assassiné vendredi.
"J'ai demandé au préfet de Seine-Saint-Denis de faire fermer la mosquée de Pantin", a déclaré le ministre sur la chaîne de télévision TF1, précisant que le préfet devait "signer ce lundi soir son interdiction".