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"Donald Trump est un autocrate contrarié"

Géopolitis: Qui roule pour Trump? [AP Photo - Alex Brandon]
Qui roule pour Trump? / Geopolitis / 25 min. / le 25 octobre 2020
Le président américain n'a jamais caché une certaine admiration pour les hommes politiques forts, comme Vladimir Poutine, Kim Jong-un ou encore Mohammed Ben Salman. Des dirigeants qui auraient tout intérêt à le voir réélu le 3 novembre prochain.

Donald Trump et Kim Jong-Un, côte à côte en juin 2019, sur la ligne de démarcation qui sépare les deux Corées. C'est l'une des images fortes du mandat présidentiel qui s'achève. Donald Trump affiche ses préférences pour les leaders "durs et méchants", dit-il. On a pu le voir faire affaires en Arabie saoudite. "Tomber amoureux" du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un. Sous le charme de Vladimir Poutine en Russie et d’Erdogan en Turquie. Au détriment de certaines relations avec les plus grands alliés historiques des États-Unis, notamment européens.

Donald Trump apprécie le "type de leadership qu'incarne Vladimir Poutine", analyse Alain Frachon, éditorialiste au journal Le Monde et invité de Géopolitis. "C'est un leadership qui n'est pas embarrassé par les formes de la démocratie telle qu'elle fonctionne ici, avec des pouvoirs, des contre-pouvoirs, des agences ou des services publics indépendants de la couleur de l'exécutif." Cet ancien correspondant aux États-Unis va même plus loin en soutenant que "Donald Trump est un autocrate contrarié, alors que Vladimir Poutine est un autocrate au plein sens du terme".

Une démocratie "abîmée"

La présidence de Donald Trump laissera probablement des traces, estime Alain Frachon. "On peut penser que ces quatre ans ont abîmé les institutions de la démocratie américaine, soutient l'éditorialiste, ou qu'ils en ont montré des points faibles, voire carrément obsolètes."

Quatre ans de Donald Trump ont abîmé les institutions de la démocratie américaine.

Alain Frachon

"Angela Merkel a été la première à s'opposer à la conception qu'avait Donald Trump des relations internationales, c'est-à-dire se moquer des alliés et ne croire qu'aux rapports de force", souligne Alain Frachon. Mais le président américain peut aussi compter sur des alliés en Europe. C'est le cas de Boris Johnson que Donald Trump a soutenu dans sa volonté de faire sortir le Royaume-Uni de l'Union. Viktor Orban verrait aussi probablement d'un bon oeil sa réélection, le 3 novembre prochain. Le premier ministre hongrois partage avec le président américain une certaine proximité idéologique, analyse Alain Frachon.

Les amis de Donald Trump

Ailleurs dans le monde, Donald Trump a aussi de fidèles soutiens. En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’État juif et en y déménageant l’ambassade américaine, le président s’est assuré du soutien indéfectible d'Israël et de son premier ministre, Benyamin Nétanyahou.

L'Arabie saoudite aurait aussi tout intérêt à voir Donald Trump réélu. Son rival dans la présidentielle, Joe Biden, a déjà annoncé qu'il allait réévaluer les relations avec le royaume s'il est élu. Il pourrait se montrer plus critique envers la guerre menée par Riyad au Yémen. Donald Trump veut aussi resserrer ses liens avec l'Inde, un allié stratégique dans sa politique de confrontation avec Pékin.

Quel meilleur scénario pour la Chine?

Malgré l'intensification des tensions entre la Chine et les États-Unis, certains analystes estiment que Pékin pourrait s'accommoder d'un deuxième mandat de Donald Trump. "Il affaiblit l'Amérique", analyse Alain Frachon. "Il n'a cessé d'affaiblir les alliances conclues par les États-Unis, avec des pays d'Asie, comme le Japon, les Philippines ou la Corée du Sud, (...) et de même il a voulu affaiblir l'OTAN, au moins dans le discours, sinon dans les faits."

Mais l'élection de Joe Biden pourrait comporter des avantages pour Pékin. "On sait qu'il mènera aussi une politique d'antagonisme à l'égard de la Chine sur plein de sujets, mais il le dira, il n'y aura pas de surprise et il y aura un dialogue possible", souligne Alain Frachon.

Elsa Anghinolfi

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Une campagne sous influence?

Mi-octobre, Twitter a fermé plusieurs faux comptes dont les initiateurs se faisaient passer pour des supporters afro-américains de Donald Trump. Tout comme en 2016, une partie importante de la campagne présidentielle se déroule sur les réseaux sociaux. Et la Russie est à nouveau pointée du doigt. "Le concenssus de la communauté des renseignements est que la Russie continue à essayer d'influencer les élections, majoritairement à travers ce que nous pouvons appeler une influence étrangère diffamatoire", a affirmé le directeur du FBI, Christopher Wray, en septembre dernier. Le rôle des usines à trolls russes lors de la campagne de 2016 avait créé un immense scandale. Elles auraient servi à propager des rumeurs et propagandes contre la candidate démocrate, Hillary Clinton.

Mais des actions iraniennes sont aussi dénoncées. Les renseignements américains accuse l'Iran de tenter d'influencer l'élection. Des mails visant à nuire à Donald Trump ou à inciter aux troubles sociaux auraient été envoyés à des électeurs américains. Les États-Unis viennent d'annoncer des sanctions envers l'Iran, face à ce qui est vu comme une "tentative d'ingérence".

Donald Trump et Wall Street

Donald Trump a su rallier une bonne partie du monde des affaires aux États-Unis, en mettant en place toute une série d'allègements fiscaux. Mais pour autant, l'élection éventuelle de son rival, Joe Biden, qu'il a accusé d'être la marionnette de la "gauche radicale", n'effraie pas forcément les acteurs économiques. "Au moment où les sondages donnent plutôt un avantage à Joe Biden, même s'il faut rester prudent, Wall Street se porte bien", explique Alain Frachon. "Autrement dit, c'est un peu comme si Wall Street investissait dans Biden et qu'au moins une partie du milieu des affaires américain souhaitait la victoire du démocrate."

Au niveau international, la position isolationniste de Donald Trump n'est pas appréciée par les défenseurs de la mondialisation néolibérale, devant lesquels ils s'est exprimé à plusieurs reprises, au Forum économique de Davos. "Donald Trump n'est pas un libre-échangiste. Il est protectionniste dans l'âme. Il est en contradiction avec une bonne partie du public du Forum de Davos, qu'il s'agisse du monde des affaires occidental - Européens, Canadiens, voire Américains même - et encore plus du monde des affaires asiatique, notamment chinois et indien."