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Primaires américaines: the final countdown

Scène ordinaire dans l'Iowa: B.Obama au chevet de la population
Scène ordinaire dans l'Iowa: B.Obama au chevet de la population
A moins d'une semaine du début des premières consultations en vue de désigner les candidats à la Maison Blanche, les prétendants démocrates et républicaines se livrent à une guerre sans merci dans le petit Etat rural de l'Iowa.

Cette guerre a lieu notamment sur les ondes. Vendredi soir, le
journal télévisé local de la chaîne ABC, un des plus regardés, a
été interrompu plus d'une dizaine de fois par des spots
publicitaires vantant les mérites de l'un ou l'autre des quinze
candidats qui se disputent les faveurs des électeurs. La plupart
des messages publicitaires émanaient de candidats démocrates.

Selon des médias locaux, la favorite du camp démocrate Hillary
Rodham Clinton aurait d'ores et déjà réservé pour le 2 janvier, à
la veille des caucus (assemblées d'électeurs) de l'Iowa, un espace
publicitaire sur toutes les chaînes de télévision de cet Etat du
Midwest pour diffuser un message de deux minutes à l'heure de
grande écoute de tous les journaux télévisés du soir. Elle pourrait
ainsi toucher plus de 500'000 personnes sur les quelque 600'000 en
âge de voter dans l'Iowa.

Dépenses sans compter

Les trois principaux candidats démocrates, Hillary Clinton,
Barack Obama et John Edwards, ont dépensé au total 17,5 millions de
dollars pour diffuser leurs messages publicitaires à la télévision
dans le seul Etat de l'Iowa. Selon des sondages, ces trois
candidats sont au coude à coude dans les intentions de vote.



Plutôt que de parler de l'Irak ou du Pakistan, les trois
principaux candidats démocrates insistent dans leurs messages sur
des sujets économiques et sociaux. Seuls Bill Richardson, ancien
ambassadeur américain à l'ONU, et Joe Biden, président de la
Commission des affaires étrangères du Sénat, ont évoqué l'Irak et
la situation tendue au Pakistan.



Dans un clip d'une trentaine de secondes, intitulé «le bureau» et
qui montre une image du bureau ovale à la Maison Blanche, une voix
off affirme sur fond d'images de guerre: «depuis 35 ans, Joe Biden
a été mis à l'épreuve et a pris des décisions courageuses qui ont
protégé notre pays et sauvé des vies. N'est-ce pas ce dont nous
avons besoin dans ce bureau» ovale?

Des clips inédits

Mettant en valeur son image de «diplomate», Bill Richardson
n'hésite pas à apparaître dans son clip de campagne avec
l'ex-dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko, des soldats nord-coréens
ou en train de serrer la main de l'ancien dictateur irakien Saddam
Hussein avant de plaider pour un retrait de tous les soldats
américains d'Irak d'ici 2013 et une conférence régionale incluant
la Syrie et l'Iran.



Du côté républicain, Mitt Romney, qui a déjà dépensé 6,5 millions
de dollars et fait diffuser plus de 8000 clips publicitaires dans
l'Iowa depuis le début sa campagne, a choisi dans un nouveau
message de critiquer son principal rival, l'ancien gouverneur de
l'Arkansas Mike Huckabee, qu'il accuse d'être «faible en ce qui
concerne les dépenses publiques» et sans expérience en politique
étrangère.



Favori du camp républicain dans l'Iowa, Mike Huckabee a réagi avec
humour. «Après avoir vu certains des clips de Mitt Romney sur moi,
je ne suis pas sûr d'avoir envie de voter en ma faveur», a dit
l'ancien pasteur baptiste lors d'une réunion électorale vendredi à
Ottumwa, au sud-est de Des Moines. «Si tout ce que nous savons
faire au parti républicain est de s'attaquer les uns les autres,
peut être que nous rendrons cela simplement plus facile pour ceux
de l'autre parti», a-t-il ajouté.



afp/sun

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L'Iowa, un état privilégié

«Pour qui allez-vous voter?», demande un journaliste à un fermier de l'Iowa. «Je ne sais pas encore», répond le fermier «il y a certains candidats que je n'ai vus que trois fois».

Cette blague qui circule beaucoup dans l'Iowa est assez révélatrice. Les électeurs de petit Etat rural du centre des Etats-Unis sont les enfants gâtés de la démocratie américaine.

Depuis des mois, les candidats démocrates et républicains sillonnent sans relâche les 99 comtés de l'Iowa.

Un échec dans l'Iowa peut être fatal. Un succès peut constituer un formidable tremplin. Ce sont sur ces champs de maïs à perte de vue que sont sortis de l'ombre Jimmy Carter en 1976, Walter Mondale en 1984 et John Kerry en 2004.

Cinq des sept derniers vainqueurs des caucus de l'Iowa ont ensuite remporté l'investiture de leur parti. Mais cela n'est pas une règle. En 1988, les candidats qui ont remporté la nomination de leur parti (Michael Dukakis et George H. Bush) étaient arrivés en troisième position dans l'Iowa.

Face à cette glorieuse incertitude, les candidats ne mégotent ni sur leur temps, ni sur leurs effets.

Où ailleurs que dans l'Iowa pouvait-on espérer voir le richissime ancien gouverneur républicain du Massachusetts, Mitt Romney faire griller des saucisses dans une foire agricole ou le démocrate John Edwards participer à une course cycliste au côté de Lance Armstrong?

Des électeurs durs à cuire

Fin octobre, on estimait que 25% des quelque trois millions d'habitants de l'Iowa avaient serré la main d'au moins un candidat.

Dans les réunions, les gens viennent en famille, parfois avec des bébés. Les habitants de l'Iowa, pour un tiers des fermiers d'origine allemande, ont la réputation d'être des durs à convaincre.

Chaque électeur estime avoir son mot à dire et, selon les règles implicites de l'Iowa, c'est la moindre des choses que les candidats viennent leur répondre personnellement.