Lors de ce vote, les électeurs doivent répondre à deux questions: l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, à savoir la mise en place d'une "Convention mixte" composée à parts égales de citoyens élus et de parlementaires en exercice, ou d'une "Convention constituante" intégralement composée de citoyens élus.
Initialement prévu le 26 avril, le scrutin avait été finalement repoussé à fin octobre en raison de l'épidémie de Covid-19 qui a durement frappé le pays de 18 millions d'habitants, mais qui se stabilise désormais.
Selon un dernier sondage de l'Institut national Cadem, le changement de Constitution l'emporterait à 74%.
Les partisans pour des réformes sociales
Pour les partisans du "Apruebo" (je suis d'accord), essentiellement dans l'opposition de gauche, une nouvelle Constitution lèverait un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales, dans un des pays parmi les plus inégalitaires d'Amérique latine.
Pour ses partisans, il s'agirait également de se débarrasser des derniers stigmates de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), le texte fondamental en vigueur ayant été approuvé le 11 septembre 1980 lors d'un référendum controversé.
Les défenseurs du "Rechazo" (je rejette), qui rassemblent les partis les plus conservateurs, estiment de leur côté qu'il est possible d'introduire des changements dans le texte fondamental, garant selon eux ces dernières décennies de la stabilité du Chili, sans avoir besoin de le remplacer.
Un mois de contestation qui a fait 30 morts
Le changement de Constitution figurait en bonne place dans les revendications des manifestations qui ont éclaté à partir du 18 octobre 2019 pour se transformer en une vague de contestation sociale sans précédent depuis le retour de la démocratie en 1990.
C'est l'augmentation de 30 pesos (3 centimes d'euros) du prix du ticket de métro qui avait subitement déclenché cette crise, mettant au jour un profond malaise dans la société chilienne où l'eau, l'électricité, le gaz, ainsi que l'éducation, la santé et les retraites relèvent essentiellement du secteur privé.
L'action de l'Etat étant limitée dans ces domaines par la Constitution, il s'agissait dès lors pour les manifestants d'en changer.
Le 15 novembre, après un mois de violentes manifestations, des pillages et une répression qui a fait une trentaine de morts, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition parvenaient à un accord historique sur l'organisation de ce référendum. La contestation reste toutefois présente depuis un an avec de fréquentes manifestations, avec notamment de nouveaux heurts ce vendredi.
Le président Piñera, qui n'a pas déclaré publiquement s'il était "Apruebo" ou "Rechazo", a appelé les Chiliens à voter massivement et espère ainsi une "réconciliation nationale".
boi avec afp