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Kenya: Mwai Kibaki réélu dans la violence

Le scénario du génocide du Rwanda ne peut s'appliquer au Kenya
Des élections marquées par des scènes de violence dans tout le pays
Mwai Kibaki a été réélu dimanche président du Kenya pour un second mandat selon les résultats définitifs de la commission électorale kényane. Ce scrutin a été marqué par plusieurs jours de violences qui ont fait 18 victimes.

Après de longues tergiversations, Mwai Kibaki a finalement battu
son principal rival et chef de l'opposition Raila Odinga, pourtant
nettement en tête dans les sondages. Au final, Mwai Kibaki totalise
4'584'721 voix contre 4'352'993 voix à son opposant.

Avec un écart définitif de 231'728 voix, cette élection
présidentielle est la plus serrée de l'histoire du pays et aussi
l'une des plus meurtrières. Le gouvernement a même ordonné la
suspension de la diffusion en direct par les radios et télévisions
des reportages sur les émeutes.

Fraudes?

Raila Odinga avait appelé le chef d'Etat sortant à reconnaître
sa défaite, l'accusant de fraude. Avant la publication des
résultats, il a accusé Kibaki d'avoir fraudé de "300'000 voix" le
scrutin. De nombreux partisans du vaincu sont rapidement descendus
dans les rues, notamment dans la capitale Nairobi, pour protester
contre ces résultats.



"Nous avons des preuves qui confirment que les chiffres que la
commission électorale kényane s'apprête à annoncer sont faux",
avait aussi affirmé Raila Odinga. "Les Kényans ne sont pas prêts à
accepter une élection truquée", a-t-il conclu. Le chef de
l'opposition a donc appelé à rejeter ces résultats.



Pour sa part, la mission d'observation de l'UE a estimé que la
commission électorale avait échoué à assurer la crédibilité de
l'élection présidentielle. Constatant diverses irrégularités, elle
a annoncé que des doutes subsistent sur la justesse du résultat.
Londres a aussi fait part de "réelles inquiétudes" sur des
irrégularités.

Appel au calme

De son côté, Mwai Kibaki a déclaré lors de sa prestation de
serment en direct à la télévision que le temps de la réconciliation
nationale était venu. "J'appelle tous les candidats, tous les
Kényans à accepter le verdict populaire. Cette élection étant
passée, le temps de la guérison est venu", a-t-il tonné.



Lors de la campagne pour le scrutin du 27 décembre, il avait
promis un gouvernement "propre" en cas de réélection alors que ses
détracteurs l'accusent d'avoir échoué jusqu'ici dans la lutte
contre la corruption, dont il avait fait l'une de ses priorités, et
dans la réforme des institutions.



La croissance enregistrée ces dernières années lui vaut de solides
appuis dans les milieux d'affaires kényans.



agences/boi

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18 morts dans des émeutes

Après l'annonce des résultats, des émeutes ont à nouveau éclaté dimanche à travers le pays, notamment dans les quartiers défavorisés de Nairobi et dans l'ouest du pays, où Raila Odinga compte de nombreux supporters.

La police s'est heurtée à des émeutiers qui protestaient contre la lenteur du dépouillement de l'élection présidentielle et contre les rumeurs de fraude.

Sept hommes ont été tués par balles dimanche à Kisumu (ouest), fief de Raila Odinga, et cinq autres ont été abattus par la police alors qu'ils manifestaient à Nairobi.

Des heurts avaient déjà eu lieu depuis jeudi, faisant au total 18 morts.

Des dizaines de personnes ont aussi été arrêtées.

Actif depuis 1963

Le président kényan Mwai Kibaki, 76 ans, est un économiste chevronné et respecté des milieux d'affaires de son pays.

Après avoir participé à la rédaction de la Constitution, il est devenu parlementaire dès l'accession à l'indépendance en 1963 et n'a plus cessé d'être actif sur la scène politique.

Elu en 2002, après deux échecs successifs à la présidentielle en 1992 et 1997 face à Daniel arap Moi qui ne se représentait pas, Mwai Kibaki est le troisième président kényan, après arap Moi et Jomo Kenyatta.

Il est aussi un représentant de l'ethnie Kikuyu, la plus grande du pays.

Exploitant agricole aisé, plusieurs fois grand-père, Kibaki est également un golfeur assidu.