Barack Obama, sénateur depuis 2005 seulement, a battu deux
candidats parmi les plus expérimentés du camp démocrate: il
l'emporte avec 37,6% devant John Edwards (29,75%) et Hillary
Clinton (29,47%), reléguée en troisième position, selon les
résultats officiels.
Après sa victoire, le jeune parlementaire a salué ce choix de
"l'unité plutôt que la division et l'envoi d'un puissant signal de
changement pour l'Amérique". Barack Obama qui pourrait devenir le
premier Noir à occuper la Maison Blanche a gagné dans un Etat
composé de 95% de Blancs.
Hillary Clinton "confiante"
Pendant longtemps, Hillary Clinton, qui demeure la favorite
démocrate au niveau national, avait fait la course en tête dans
l'Iowa avant d'être irrésistiblement rattrapée par ses rivaux. La
sénatrice de New York a promis de continuer à se battre, et s'est
dit "optimiste" et "confiante" avant les primaires du New Hamsphire
(nord-est) mardi.
De son côté, Mike Huckabee, ex-gouverneur de l'Arkansas et ancien
pasteur baptiste quasi inconnu il y a quelques semaines, a remporté
haut la main les caucus républicains. Mike Huckabee, qui a fait
campagne sur les valeurs traditionnelles de la droite chrétienne
(défense de la famille, opposition à l'avortement) a devancé
l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, un richissime
homme d'affaires mormon qui a dépensé des millions de dollars dans
l'Iowa où il a longtemps fait figure de favori.
Pique contre son adversaire vaincu, Mike Huckabee a affirmé sur
MSNBC que cette victoire démontrait "que les gens sont vraiment
plus importants que le porte-monnaie". Mitt Romney a rapidement
reconnu sa défaite. "Félicitations à Mike et nous allons maintenant
nous battre dans le New Hampshire", a-t-il déclaré sur la chaîne
Fox News. Il a ajouté être satisfait de sa deuxième place dans
l'Iowa.
Rien n'est joué
Malgré cette victoire dans l'Iowa, rien n'est joué pour Barack
Obama ou Mike Huckabee (voir ci-contre). Des
sondages publiés jeudi dans le New Hampshire placent ainsi Hillary
Clinton en tête chez les démocrates, et John McCain chez les
républicains. Les prochaines étapes importantes de la désignation
des candidats sont, outre les primaires dans le New Hampshire, une
vaste consultation le 5 février dans une vingtaine d'Etats, dont la
Californie et New York.
L'ancien maire de New York Rudy Giuliani, candidat républicain,
avait choisi quant à lui de snober l'Iowa et son froid hivernal
pour se rendre sous le ciel clément de Floride. "On va aller de
l'avant dans les autres (Etats), il y en a encore 28 à venir",
a-t-il dit sur MSNBC.
Les sénateurs démocrates Joe Biden et Chris Dodd ont annoncé leur
abandon de la course, après avoir été crédités de très faibles
scores, environ 1% pour Joe Biden et près de 0% pour Chris
Dodd.
afp/cab
Coup de semonce pour Hillary Clinton
La défaite d'Hillary Clinton dans l'Iowa, alors qu'elle est donnée favorite chez les démocrates, est un coup de semonce, selon les analystes.
Il faut pourtant se garder d'enterrer trop vite sa candidature, même si ce revers révèle le malaise que la sénatrice de New York inspire aux démocrates.
Son positionnement centriste et son vote en 2002 en faveur de la guerre en Irak lui portent préjudice, estiment les politologues. Mais la "machine Clinton" pourrait encore renverser la vapeur.
Barack Obama a tout juste "écorné le halo d'invincibilité" d'Hillary Clinton, sans pour autant devenir favori, selon les experts. Le prochain causus dans le New Hampshire sera ainsi très révélateur.
Côté républicain, plusieurs analystes relèvent que la victoire de Mike Huckabee (34,3%) dans l'Iowa pourrait faire long feu. Le candidat ne trouvera pas d'autre Etat comptant une telle proportion d'évangélistes, sensibles à sa personnalité de pasteur baptiste.
En revanche, le caucus a fait un gros perdant, l'ex-gouverneur mormon du Massachusetts Mitt Romney (25,3%), qui n'a pas réussi à s'imposer en dépit d'un énorme investissement en argent et en temps.
De quoi donner des espoirs à un revenant, l'influent sénateur John McCain(13,1%), qui espère fortement s'imposer dans le New Hampshire. Cela relancerait définitivement sa campagne, qui avait frôlé la débandade cet été.
Un Etat souvent déterminant
Un échec dans l'Iowa peut être fatal et un succès peut constituer un formidable tremplin. Ce sont sur ces champs de maïs à perte de vue que sont sortis de l'ombre Jimmy Carter en 1976, Walter Mondale en 1984 et John Kerry en 2004.
Cinq des sept derniers vainqueurs des caucus de l'Iowa ont ensuite remporté l'investiture de leur parti. Mais cela n'est pas une règle.
En 1988, les candidats qui ont remporté la nomination de leur parti (Michael Dukakis et George H.Bush) étaient arrivés en troisième position dans l'Iowa.