L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights
Watch (HRW), a demandé dimanche aux autorités kényanes de
«désamorcer la tension en levant immédiatement l'interdiction sur
les rassemblements publics et en autorisant les manifestations
prévues» les 16, 17 et 18 janvier.
Vendredi, l'opposition a annoncé trois jours de manifestations
dans trente villes du pays, mais les autorités les ont
immédiatement déclarées illégales, laissant planer des craintes de
nouvelles violences. Jusqu'à présent, la police a réprimé par la
force tous les rassemblements convoqués par l'opposition.
700 tués
S'adressant à plusieurs centaines de partisans dimanche dans une
église pentecôtiste de Nairobi, l'opposant Raila Odinga a assuré
que son parti était prêt à dialoguer, mais à la seule condition que
les discussions rétablissent la justice. «Les Kényans ont parlé,
les Kényans ont voulu le changement et les Kényans obtiendront ce
changement», a-t-il lancé. «Je peux voir la lumière au bout du
tunnel.
Depuis l'annonce officielle, le 30 décembre, de la victoire du
chef de l'Etat sortant Mwai Kibaki à l'élection présidentielle, le
Kenya est plongé dans une crise majeure. «Plus de 700 personnes»
ont été tuées, selon un dernier bilan fourni par un haut
responsable de la police qui a requis l'anonymat.
Ces affrontements, qui opposent partisans de l'opposition et du
pouvoir mais aussi manifestants et police, ont culminé les 30 et 31
décembre et la première semaine de janvier. Depuis, la situation
est beaucoup plus calme, mais elle reste extrêmement tendue.
En prévision d'éventuels nouveaux troubles et d'une nouvelle
fermeture des commerces cette semaine, la population faisait des
provisions ce week-end. Dans les jours prochains aussi, l'ancien
secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, nommé médiateur
dans la crise kényane, est attendu au Kenya.
ats/tac
Vaines pressions
Jusqu'à présent, les interventions de plusieurs présidents et ex-présidents africains, de la secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, ainsi que du prix Nobel de la paix et archevêque sud-africain Desmond Tutu n'ont pas permis de débloquer la situation.
Semblant inflexible, le président kényan réélu a nommé cette semaine un gouvernement partiel, immédiatement rejeté par Raila Odinga, qui est arrivé deuxième lors de la présidentielle.
Les deux hommes ne se sont toujours pas rencontrés, malgré les pressions intenses de la communauté internationale.
La crise kényane actuelle a provoqué le déplacement de plus de 255'000 personnes, dont les maisons ont été pour la plupart brûlées ou pillées.
Des supermarchés de Nairobi organisaient ce week-end des collectes de vêtements, de nourriture et de couvertures, au profit de la Croix-Rouge.