Mauritanie: l'ambassade d'Israël attaquée
Au moins un homme armé a ouvert le feu sur l'ambassade d'Israël en Mauritanie très tôt vendredi matin, déclenchant, avant de s'enfuir aux cris de "Allah Akbar", un échange de tirs avec les gardes qui a fait trois blessés, tous français.
L'ambassadeur Boaz Bismut a déclaré à la radio israélienne que
cette attaque survient après des manifestations de colère cette
semaine contre la politique israélienne dans la Bande de Gaza.
Aucune victime n'est à déplorer parmi le personnel de
l'ambassade d'Israël, a déclaré l'ambassadeur. Mais trois
ressortissants français se trouvant près d'un
restaurant-discothèque, le VIP, situé à quelques dizaines de mètres
de l'ambassade, ont en revanche été blessés.
Le propriétaire du restaurant a été touché par une balle perdue
lors de l'attaque. Un autre s'est fracturé le fémur lors du
mouvement de panique qui a suivi les tirs. Une Française se
trouvant dans la rue a également été touchée par une balle perdue.
Elle a été rapatriée à Paris. Agée d'une trentaine d'années, la
jeune femme travaille en Mauritanie pour une organisation non
gouvernementale (ONG).
Groupe de six hommes
Une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères
a déclaré qu'une équipe d'enquêteurs allait se rendre en Mauritanie
dès ce vendredi. Selon les premiers éléments, deux témoins avaient
rapporté à l'Associated Press que cette attaque avait été perpétrée
par un groupe de six hommes.
Ce groupe était arrivé en voiture et a pris position devant une
discothèque qui se trouve juste à côté de l'ambassade, a déclaré
Hamza Ould Bilal, un chauffeur de taxi qui était garé devant
l'établissement nocturne, le "VIP". Il a précisé les avoir vus
sortir leurs armes automatiques et hurler "Dieu est grand!" en
arabe, avant de tirer sur l'ambassade.
Riposte des gardes
Les gardes de l'ambassade ont répondu aux tirs, repoussant les
assaillants. Les hommes ont fui à pied, avant de s'engouffrer dans
une voiture, a précisé Bilal. Le quartier a été bouclé par l'armée
mauritanienne qui empêchait les journalistes et les curieux de
s'approcher.
"La Mauritanie condamne avec force cet acte criminel et fera tout
pour arrêter les auteurs et les traduire en justice", a indiqué le
ministre de la Communication Mohamed Vall Ould Cheikh. Israël
entretient des relations diplomatiques depuis 1999 avec la
Mauritanie, un pays à majorité musulmane et membre de la Ligue
arabe.
A la veille de Noël, quatre touristes français ont été tués par
des hommes armés tandis qu'ils pique-niquaient sur le bord d'une
route en Mauritanie, un crime que le gouvernement a attribué à une
cellule terroriste dormante affiliée à Al-Qaïda.
Ce quadruple assassinat a conduit les organisateurs français du
célèbre rallye Paris-Dakar à annuler l'édition 2008 de la course
qui devait traverser le désert mauritanien en janvier.
agences/hoj
Publié Modifié
Israël condamne
Israël a dénoncé vendredi "un acte de terrorisme" et souligné l'importance de ses relations avec la Mauritanie, après l'attaque à l'arme automatique contre son ambassade à Nouakchott.
"C'est un acte évident de terrorisme qui s'inscrit dans la longue série des attentats qui ont visé nos représentations diplomatiques à l'étranger depuis plusieurs années", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Aryeh Mekel.
Il a souligné" l'importance qu'attache Israël à ses liens avec la Mauritanie, l'un des trois pays arabes (avec l'Egypte et la Jordanie) avec lesquels il entretient des relations diplomatiques entières" au niveau d'ambassadeur.
L'ambassadeur d'Israël en Mauritanie Boaz Bismuth s'est de son côté félicité de la "coopération entre les services de sécurité de l'ambassade et les agents de sécurité mauritaniens chargés de sa protection, qui a permis de repousser cette attaque".
Cette attaque intervient alors que les pressions augmentent en Mauritanie contre la présence d'un ambassadeur israélien.
Le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie, a ainsi appelé dimanche à "reconsidérer" des relations qualifiées de "honteuses" avec l'Etat hébreu, après le blocus israélien imposé à la bande de Gaza.
C'est la première fois qu'un responsable mauritanien demande, officiellement et à ce niveau du pouvoir, de "reconsidérer" ces relations, établies en 1999 sous le régime du président Maaouiya Ould Taya, renversé en 2005 par un coup d'Etat militaire.