Modifié

Déchets à Naples: l'armée à la rescousse

Les soldats dégagent en priorité les environs des écoles
Les soldats dégagent en priorité les environs des écoles
L'armée italienne a commencé à collecter lundi les déchets qui s'entassent à Naples depuis le 21 décembre. Sur fond de crise et de menaces de grève, Romano Prodi a annoncé un plan gouvernemental pour mardi.

Selon le ministère de la Défense, l'armée italienne dégage en
priorité les environs des écoles, où les élèves reprennent les
cours après la fin des congés de Noël. Des tonnes de déchets
s'empilent depuis le 21 décembre dans les rues. Les éboueurs ne les
collectent plus depuis lors, faute d'endroit où les entreposer.

Les travaux en vue de la réouverture de la décharge de Pianura,
fermée depuis des années, a provoqué la colère des riverains
redoutant les nuisances de ce type d'activité. Ils ont barré les
accès à la décharge, tandis que des affrontements ont opposé des
jeunes du quartier à la police au cours des derniers jours.

Mesures annoncées mardi

Le gouvernement italien a annoncé pour mardi des mesures
destinées à résoudre de façon "radicale" la crise des déchets qui
sévit dans la région de Naples, au soir d'une journée de tensions
autour d'une ancienne décharge rouverte en urgence pour absorber
les ordures en souffrance.



"Dans les 24 heures nous serons prêts à faire face à la situation
de façon radicale", a déclaré lundi soir un porte-parole du chef du
gouvernement Romano Prodi, cité par les médias, à l'issue d'une
réunion interministérielle.



Le porte-parole Silvio Sircana a annoncé une nouvelle réunion
interministérielle mardi matin sur la crise des déchets. Romano
Prodi était reçu lundi soir par le président de la République
Giorgio Napolitano pour discuter du dossier et une réunion
d'urgence a eu lieu avec les autorités régionales à la préfecture
de Naples.

Nouvelles échauffourées lundi

De nouvelles échauffourées ont eu lieu lundi entre policiers et
riverains. Des manifestations ont également eu lieu la semaine
dernière devant l'Hôtel de Ville de Naples pour protester contre la
réouverture de la décharge et exiger une véritable politique de
recyclage des déchets.



Dans toute la ville, des habitants brûlent les détritus pour s'en
débarrasser et les feux de poubelle se multiplient. La combustion
de substances chimiques, parfois toxiques, alourdit encore l'air
déjà chargé par les émanations des déchets.



Malgré la crise, les écoles de Naples et de sa région ont rouvert
comme prévu lundi matin après les fêtes de fin d'année, sauf dans
la localité de Caserte. De nombreux parents de Pianura n'ont
toutefois pas envoyé leurs enfants à l'école, a indiqué le
responsable régional de l'éducation nationale, Alberto Bottino.

Mafia en cause

La Campanie, région du sud de l'Italie qui abrite la luxueuse
côte Amalfi mais aussi les bidonvilles de Naples, a dû faire face
ces dernières années à de nombreuses crises similaires. Les
décharges se remplissent et les communautés locales bloquent les
efforts pour en créer de nouvelles ou installer des sites
provisoires.



En 2004, cette question avait suscité plusieurs semaines de
manifestations. Selon les conclusions d'une commission
parlementaire, inefficacité et corruption entachent le
fonctionnement de l'office mis en place en 1994 pour gérer la
question des déchets à Naples.



Le ministre italien de l'Environnement Antonio Pecoraro Scanio, un
des plus vifs détracteurs de l'office, met aussi en cause
l'"écomafia", allusion à la forte implantation de la Camorra, la
mafia napolitaine, dans la collecte et le recyclage des
ordures.

"L'odeur de la honte"

Le Corriere della Sera titrait lundi sur «Naples, l'odeur et la
honte» avec des images de bennes débordantes et de sacs
d'immondices, qui valent à Rome des poursuites de la Commission
européenne pour infraction à la législation communautaire en
matière de déchets.



agences/tac

Publié Modifié

Prodi sur la sellette

Hormis la gestion de la crise des déchets, Romano Prodi doit rencontrer mardi le patronat et les syndicats. Ceux-ci exigent un coup de pouce "immédiat" pour les salaires les plus bas et un allègement de la pression fiscale, sous peine de déclencher une grève générale d'ici la fin du mois.

Le ministre de la Solidarité sociale, le communiste Paolo Ferrero, a d'ores et déjà prévenu que la question salariale serait "décisive" pour la cohésion de la majorité dont la dizaine de partis doit se réunir en janvier pour faire le point sur l'état de l'Union de la gauche.

Depuis les législatives du printemps 2006, la majorité est toujours plus fragile, tiraillée entre l'aile radicale des communistes et des Verts et sa composante libérale. Et Romano Prodi n'a réussi à sauver sa tête que de quelques voix seulement à la fin de l'année lors de plusieurs votes au Sénat.

C'est dans ce contexte de fin de règne que toute la classe politique attend avec fébrilité la décision le 16 janvier de la Cour constitutionnelle concernant la validité du referendum d'initiative populaire sur une réforme de la loi électorale qui vise à éliminer l'émiettement des majorités et donc les plus petits partis.

"Si la Cour n'admet pas la validité du referendum, les petits partis pousseront un ouf de soulagement et Prodi aura une grande chance de survie. Le scénario inverse est plus problématique pour Il Professore", souligne Roberto Dalimonte, éditorialiste à Il Sole.

Le ministre de la Justice Clemente Mastella, dont le parti Udeur a recueilli 1,5% des voix aux dernières législatives, a déjà averti qu'en cas de feu vert de la Cour, il démissionnerait du gouvernement, ouvrant une crise politique.

Pour échapper au référendum, que le gouvernement devra obligatoirement organiser au printemps en cas de feu vert de la Cour, la seule solution est un accord au Parlement sur une réforme électorale mais les discussions n'ont guère progressé jusqu'à présent tant les divergences sont grandes entre les partis.